Ce film réalisé par Jean Asselmayer revient sur le parcours d'André Ravéreau qui a inspiré des architectes algériens de plusieurs générations. Le Centre culturel algérien de Paris (CCA) a abrité, mardi, la projection d'un film documentaire consacré à l'architecte André Ravéreau, intitulé André Ravéreau et l'Algérie - Et le site créa la ville (2017), du réalisateur Jean Asselmayer. André Ravéreau (1919-2017) a longtemps séjourné en Algérie où il s'est intéressé à l'architecture du M'zab et de la Casbah d'Alger. En 1959, il a créé un atelier à Ghardaïa où défileront de jeunes architectes et étudiants "venus se confronter à cette gestion du territoire respectueuse des traditions culturelles et du contexte naturel". André Ravéreau a inspiré les architectes algériens de plusieurs générations. Sa fille Maya, elle-même architecte, a accompagné l'équipe du film consacré à son père sur les lieux de ses créations et de ses recherches. Au M'zab d'abord où il a vécu, créé, formé d'autres architectes dans "l'atelier du désert" et contribué à faire classer les oasis du M'zab au patrimoine mondial de l'Unesco. À Alger ensuite, où il a travaillé à la préservation du patrimoine ancestral de la Casbah, en décrivant fidèlement les principes de sa construction en phase avec des préoccupations actuelles, telles le choix de matériaux respectueux de l'environnement. Son principe de base est le constat que c'est le site qui a "créé la ville". La projection du documentaire, suivie d'un débat sur l'œuvre d'André Ravéreau, s'est déroulée en présence de sa fille Maya et du réalisateur Jean Asselmayer qui présente ainsi l'architecte disparu : "Son travail a été de faire ressortir les concepts qui fondent l'architecture traditionnelle du M'zab et de la Casbah d'Alger. Il n'a pas opposé la tradition à la modernité, son architecture est une synthèse des deux, ce qui l'intéressait était avant tout l'architecture des gens, des peuples." André Ravéreau a été un temps architecte des monuments historiques en Algérie et chargé de mission par l'Unesco pour la Casbah. Il a contribué à sauver une partie du patrimoine culturel et architectural du pays. Pour la Casbah, la bureaucratie et l'"incompétence" des responsables de la culture n'ont malheureusement pas permis de freiner la dégradation du quartier. Après l'Algérie, André Ravéreau s'installe définitivement en France où il continue à concevoir une architecture respectueuse de son environnement. La justesse des choix de matériaux et des techniques, la réponse aux exigences climatiques, l'attention aux usages sociaux et culturels seront récompensées en 1980 par le Prix Aga Khan d'architecture destiné à encourager la reconnaissance de l'architecture en pays d'islam. Il convient de rappeler qu'André Ravéreau a laissé une riche bibliographie dont on peut citer : Le M'zab, une leçon d'architecture (Sindbad, 1981, réédité en 2003), La Casbah d'Alger, et le site créa la ville (Sindbad 1989, réédité en 2007), Le Caire, esthétique et tradition (1997), Le sens et l'équilibre : chapiteaux du monde méditerranéen, en collaboration avec Manuelle Roche (2004)… Jean Asselmayer, réalisateur de films documentaires, a déjà travaillé sur l'Algérie : Regards d'en face, série de portraits de gens de culture à Alger (coproduction Arte, TV5, ENTV, 2004). Ils ont rejoint le front pour libérer l'Algérie (2012), où il aborde un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : le combat d'Algériens d'origine européenne durant la guerre de Libération nationale. Plusieurs d'entre eux ont subi la prison, la torture et parfois la mort comme Maurice Audin, Fernand Iveton, l'aspirant Henri Maillot et d'autres, en raison de leur engagement pour l'indépendance de l'Algérie.