Des groupes armés ont pris pour cible des écoles et utilisé des établissements d'enseignement à des fins militaires. Plus de 2,1 millions de garçons et de filles ne suivent pas régulièrement des cours. Les enfants syriens sont privés de leur enfance, car ils sont contraints de participer à une guerre brutale et sont victimes de nombreuses violations perpétrées par toutes les parties au conflit, a dénoncé, jeudi, la Commission d'enquête de l'ONU pour la Syrie. "Bien que le gouvernement syrien ait la responsabilité principale de la protection des garçons et des filles dans le pays, tous les acteurs de ce conflit doivent faire davantage pour protéger les enfants et préserver la génération future du pays", a déclaré Paulo Pinheiro, président de la Commission d'enquête, lors d'une conférence de presse, jeudi, à Genève. Les enquêteurs indépendants onusiens soulignent, dans leur rapport, que des enfants ont été tués et mutilés, et soumis à une multitude de violations par les parties belligérantes. "Les forces gouvernementales ont détenu des garçons âgés d'à peine 12 ans, les soumettant à de graves passages à tabac et à la torture", a indiqué M. Pinheiro. En outre, des garçons âgés d'à peine 6 ans ont été recrutés pour participer aux hostilités par les parties belligérantes, tandis que le viol et la violence sexuelle ont été utilisés contre les filles pour "les punir, les humilier et leur inspirer la peur". Si les terroristes de Hay'at Tahrir al-Sham (HTS) ont recruté et utilisé des garçons pour combattre en première ligne, "l'Etat islamique" a, à son apogée, soumis des filles d'à peine 9 ans à des viols et à l'esclavage sexuel. Les garçons, quant à eux, recevaient un entraînement militaire et étaient régulièrement exposés à des violences extrêmes, notamment en étant témoins d'exécutions publiques ou en étant contraints de jouer le rôle d'exécuteur. En détention, des enfants ont été utilisés pour arracher des aveux à leurs parents, soumis à la torture et à des mauvais traitements, tout en se voyant systématiquement refuser l'accès à la nourriture, à l'eau et aux soins médicaux. Pour les enquêteurs onusiens, les enfants ont été, et continuent d'être, brutalement marqués par le conflit syrien. "Ils ont été privés de leur enfance. C'est une tragédie qui va durer des années", a dénoncé M. Pinheiro. Ce rapport de 25 pages, intitulé "Ils ont effacé les rêves de mes enfants", décrit également les multiples violations des droits des enfants — y compris le sort de plus de 5 millions d'enfants déplacés internes et réfugiés — ainsi que la situation dévastatrice de l'éducation en Syrie. À cet égard, le document rappelle que, depuis le début du conflit, des milliers d'écoles ont été détruites ou utilisées à des fins militaires. Dans ces conditions, plus de 2,1 millions de garçons et de filles ne suivent pas régulièrement des cours, sous quelque forme que ce soit. Des groupes armés ont pris pour cible des écoles et utilisé des établissements d'enseignement à des fins militaires. Pour les enquêteurs de l'ONU, la reconstruction des écoles doit être une priorité et les enseignants doivent être réintégrés, et les enfants doivent pouvoir retourner à l'école là où ils devraient être. "La Syrie ne peut tout simplement pas se permettre d'avoir plusieurs générations sans éducation à l'avenir", a fait valoir M. Pinheiro. Par ailleurs, la Commission d'enquête a plaidé pour le rapatriement des enfants de terroristes étrangers en Syrie.