Les débats, hier, autour du plan d'action du gouvernement ont donné l'occasion à certains députés, notamment ceux du sud du pays, de mettre le Premier ministre face à une réalité d'un pays qui avance à deux vitesses. Les députés du Sud et des Hauts-Plateaux sont particulièrement remontés contre le pouvoir central. Certaines interventions, hier, dans l'hémicycle Zighoud-Youcef le soulignent clairement. C'est le cas d'El-Bakay El-Hamel, député MPA de Tamanrasset. Pour ce parlementaire, "les régions du Sud sont marginalisées". Car, outre l'absence de développement, les habitants de ces régions s'estiment mis à l'écart des institutions de l'Etat. "Il est anormal que 58 ans après l'indépendance, nous n'ayons pas de ministres, de walis ou de consul", a-t-il dénoncé. Silence dans la salle. "Franchement, nous sommes fatigués", a-t-il encore vociféré, s'adressant à des membres du gouvernement qui l'écoutaient attentivement. "Nous avons toujours entendu des promesses. En vain. On nous a même promis l'installation d'une antenne de l'Ecole nationale d'administration. Mais pour l'heure, rien que des promesses non tenues. Nous ne sommes pas des citoyens à part entière pour ne pas compter parmi nous un diplomate, un dirigeant d'entreprise, de filiales, ou des walis ?" s'est interrogé, de son côté, Houssen Benklala, député d'Illizi, du Front des nationalistes libres (FNL). Ce dernier est allé plus loin dans ses déclarations. Emmitouflé dans son habit traditionnel de Targui, le parlementaire rappelle aux autorités présentes que "tous les gouvernements ont formulé des promesses. Mais franchement, nous ne croyons pas que les choses vont changer" avec le nouveau pouvoir. Pourtant, le gouvernement compte un ministre de la wilaya d'Illizi, Hassen Mermouri. Le frère de ce dernier est également wali de Tindouf. Si ces parlementaires sont arrivés à ce constat amer, c'est parce que la liste des reproches est longue. Pour Houssen Benklala, il est "anormal que votre gouvernement sauve des équipes de football à coups de milliards alors que des citoyens du Sud meurent du cancer !". Le député d'Illizi demande comment il se fait que le président de la République annonce un hôpital anticancer à Djelfa, mais aucun dans les régions du Sud. "Monsieur le ministre, vous rendez-vous compte de la distance qui nous éloigne de Djelfa ? Il est impossible pour le simple citoyen de se déplacer sur une telle distance. Cela devient plus compliqué pour les familles pauvres", a-t-il indiqué. Puis il a rappelé que pour des localités comme Bordj-Omar-Idris ou Taghdent, aucun hôpital n'est disponible. Et même quand il existe, les citoyens ressentent de la discrimination. "Il existe un centre de santé à In Aménas. Il est utilisé par l'ANP ou Sonatrach. Mais il nous est interdit", s'est-il offusqué. Ces problèmes de développement se sont posés même dans les wilayas des Hauts-Plateaux. Le député d'El-Bayadh, Ali Aïssaoui, se demande comment il se fait qu'une wilaya entière ne dispose pas d'hôpital "mère et enfant", alors que "j'entends d'autres collègues évoquer de telles structures dans des daïras, voire dans des communes". "Je vous jure que nous avons honte de passer dans des quartiers ou des villages où il y a de la protestation", a-t-il fulminé. Ahmed Sléia, député indépendant de Laghouat, a posé, lui, l'épineux problème du chômage qui sévit dans sa wilaya où des diplômés universitaires ont récemment déchiré leurs diplômes en signe de protestation contre l'absence de débouchés. "Vous devez vous intéresser au dossier du recrutement dans la région de Hassi R'mel", a-t-il suggéré. Avec d'autres parlementaires, ces députés ont demandé au gouvernement de "combattre les disparités régionales" car, "beaucoup d'Algériens ressentent de la hogra", rappelle Ali Aïssaoui.
Ali Boukhlef Prise de bec entre Zina Ikhlef-Ouagueni et Naïma Salhi Les débats autour du plan d'action du gouvernement a remis en surface des polémiques enregistrées récemment dans la société. Ainsi, intervenant dans les débats, la députée de Béjaïa, Zina Ikhlef-Ouagueni a interpellé le gouvernement sur les dérapages de la députée Naïma Salhi qui a proféré des "propos racistes" contre des habitants algériens, notamment ceux de Kabylie. "Ce genre de déclarations ne peuvent rester impunies", a indiqué la députée de Béjaïa qui s'est interrogée sur l'inaction des autorités et de la justice face à ce déchaînement de haine. Naïma Salhi, qui s'est souvent distinguée par des vidéos polémiques, a tenté d'intervenir. En vain. Le président de l'APN, Slimane Chenine, a refusé de lui donner la parole.