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"Le hirak nous a réunis et réconciliés à la fois"
Myassa Messaoudi, militante féministe et auteure
Publié dans Liberté le 20 - 02 - 2020

Myassa Messaoudi est diplômée de troisième cycle en langues et civilisations orientales de la Sorbonne. Elle est traductrice auprès d'ambassades et organismes internationaux. Militante engagée pour les droits de l'homme, elle est aussi féministe et auteure de plusieurs articles politiques et d'un roman publié aux éditions Koukou, intitulé "C'est mon choix, disent les femmes soumises". Rencontrée lors du Maghreb-Orient des livres 2020 à Paris, elle répond aux questions de Liberté.
Liberté : Vous êtes très impliquée dans les luttes pour les droits des femmes, à quand remonte cet intérêt ? Un élément déclencheur dans votre vie personnelle ?
Myassa Messaoudi : Quand on naît dans un pays où la condition des femmes est outrageusement injuste, on ne peut qu'être impliquée. Dans un premier temps, le besoin de se libérer est d'abord individuel, puis avec les années et l'affirmation de soi, la lutte organisée devient un impératif.
Mon premier acte féministe a été l'écriture de mon roman, où, à travers une introspection en profondeur de la société patriarcale dans laquelle j'ai grandi, j'ai pu me rendre définitivement compte du devoir de lutte pour l'égalité des droits femmes-hommes.
J'ai toujours œuvré dans différentes associations, néanmoins la montée de l'extrémisme religieux en tant qu'idéologie politique particulièrement néfaste pour les femmes et l'émergence du Hirak, comme promesse d'un changement significatif, m'ont propulsée sur le terrain du corps à corps engagé.
Vous êtes une Algérienne de France ? Est-ce important cette nationalité ou le lieu de la revendication en elle-même ?
Ni l'un ni l'autre, je suis une Franco-Algérienne. Je fais partie de cette diaspora binationale complètement à l'aise dans son pays d'adoption, mais qui a gardé un fort et légitime intérêt pour le pays d'origine. Mon engagement féministe est d'essence universaliste. Le sort des femmes où qu'elles soient m'intéresse. Dans le cas algérien, il se trouve que certaines conventions ont été signées entre la France et l'Algérie en matière de droit de la famille.
Ces conventions bilatérales permettent l'application du code de la famille dans la patrie qui se réclame des droits de l'homme. Elles soumettent les femmes binationales et algériennes à un code inique et en contradiction avec les droits de l'homme et les lois du pays en matière de statut personnel. Alors on lutte pour l'annulation de ces conventions, ou du moins contre l'aspect régressif de ces lois. Le soutien aux féministes algériennes permet aussi, par ces temps exceptionnels de Hirak, de donner de la voix et de l'écho à la mobilisation historique des femmes sur place.
Est-ce que les revendications sont les mêmes ? De même nature ? Ou y a-t-il des différences de l'un à l'autre pays ?
Les revendications sont bien entendu différentes, et même s'il reste beaucoup à faire en France, la situation des femmes reste forcément moins préjudiciable que celles des Algériennes. Néanmoins, les violences faites aux femmes par exemple restent un sujet de grande mobilisation en commun.
Il y a aussi l'émergence du féminisme intersectionnel qui fait débat. Dans le milieu féministe, les luttes antiracistes prennent de plus en plus le pas sur les luttes antisexistes. Cette hiérarchisation des luttes divise les femmes et favorise le communautarisme et l'exclusion.
La femme algérienne vous intéresse en premier lieu, y a-t-il avancée ou recul la concernant dans la société, selon vous ?
Si on parle de la femme algérienne en France, la réponse reste mitigée. Le triptyque chômage, extrémisme religieux et racisme font des ravages. Les femmes, surtout celles issues de l'immigration, subissent toujours de plein fouet les secousses sociales et économiques.
En Algérie, la situation des femmes s'est détériorée. La décennie noire a laissé des séquelles graves. Avant, on luttait contre le code de la famille. Aujourd'hui, il faut lutter aussi contre l'emprise bigote des conservateurs d'obédience wahhabite en plus du code de la famille. Les femmes doivent s'engager davantage, sinon elles seront renvoyées aux cuisines une deuxième fois.
Vous venez de publier C'est mon choix, disent les femmes soumises. Pourquoi l'écriture justement et pourquoi ce titre ?
Mon livre C'est mon choix, disent les femmes soumises est d'abord un acte littéraire. J'adore écrire. La littérature est et restera toujours une réflexion sur la société, avec une dimension, qu'on le veuille ou pas, sociopolitique. C'est la littérature qui enclenche les changements de fond et préparent aux mutations majeures. Les petites histoires qu'on raconte parlent directement aux gens, les préparent en douceur à envisager d'autres points de vue.
Ce n'est pas pour rien que l'écrivain est la bête noire des dictateurs. Pour ce qui est du titre, "C'est mon choix !" est l'expression endémique qui revient systématiquement dans la bouche de ceux qui ne disposent pas du moindre paramètre du libre choix. Elle est celle des femmes qui vivent avec un code de la famille qui les considère comme mineures à vie. Elle est celle des femmes qui n'ont pas la moindre souveraineté sur leurs corps. Bref, c'est l'expression de l'intériorisation muette de la soumission. C'est une bravade creuse et indéniablement inconsciente.
Quel a été l'écho de ce livre dans votre famille et dans votre entourage ?
Mon livre a été très bien reçu par ma famille proche. Il s'agit avant tout d'une fiction ponctuée de réalisme. Je reçois beaucoup de messages positifs. Il est constamment en rupture de stock dans les librairies qui le distribuent.
Quelle relation avez-vous avec l'Algérie d'aujourd'hui ? Le Hirak ? Ses perspectives ?
Ma relation avec l'Algérie n'a jamais été aussi forte et engagée. Le Hirak nous a (ré)unis et réconciliés à la fois. En Algérie, mais en France aussi. Aujourd'hui, la réflexion autour du Hirak anime tous les cercles et milieux. Il faut être ouvert à tous les points de vue. Nous avons un grand travail à mener sur nous-mêmes.
L'acceptation de l'autre, la diversité, la place de la religion, les femmes sont des chantiers énormes qu'on aborde seulement. Il faut du temps, et beaucoup de détermination pour nous réaliser en tant qu'individus et citoyens. Je reste pour ma part optimiste, même si j'admets volontiers qu'il reste du chemin à parcourir.
Justement, s'il y a cet espoir de renouveau…
Le renouveau est là depuis le 22 février 2019. L'Algérie n'a plus été la même depuis cette date. Une révolution est en cours. L'espoir comme le bonheur sont des notions qu'on construit. L'Algérie est en train de se regarder enfin. Le pays découvre ses régions et ses ressources humaines aussi. La diaspora accompagne et soutient avec force les aspirations démocratiques du pays. C'est une chance et une force extraordinaire pour l'Algérie.

Propos recueillis par : Samira Bendris-Oulebsir


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