La marche du samedi 16 février n'a pas fatigué les Algériens de la région parisienne qui, de nouveau, ont battu le pavé hier après-midi entre la place de la République et celle de la Bataille de Stalingrad pour célébrer l'an 1 du hirak et demander le démantèlement du régime actuel. Le défilé organisé par une trentaine d'associations, des partis et de collectifs de la diaspora en France, était porteur d'autres revendications, à savoir la libération et la réhabilitation des détenus politiques et d'opinion, le respect du droit à l'information et la liberté de la presse, l'arrêt de la répression contre les manifestants pacifiques, ainsi que la mise en place d'une véritable transition démocratique indépendante du système. Comme la semaine dernière, des collectifs de plusieurs villes françaises ont affrété des bus pour transporter des manifestants à Paris. Certains compatriotes ont également eu recours au covoiturage afin de prendre part à la marche. Hayet Boudjeloud, figure incontournable des défilés parisiens et partisane de l'ancien candidat à la présidence de la République, Ali Ghediri, a marqué, comme d'habitude, sa présence, par une volée de bois vert, à l'endroit de Tebboune, qu'elle accuse d'avoir usurpé la fonction de président en se faisant élire par la fraude, comme Bouteflika. Le défilé a commencé vers 14h. Les rues empruntées par la procession des manifestants étaient noires de monde. Pour ne pas laisser la foule déborder sur les trottoirs, des collectifs ont mis en place un service d'ordre formé de dizaines de volontaires. Comme à l'accoutumée, l'organisation était impeccable. Un camion drapé de l'emblème national a ouvert la marche. Des emblèmes amazighs ont également été brandis par les contestataires qui ont multiplié les slogans pour exprimer leur rejet du système et s'opposer aux tentatives du pouvoir de récupérer le mouvement du 22 février. Outre des chants patriotiques, des chansons très engagées de Matoub Lounès ont été diffusées tout au long de la marche lui donnant un cachet encore plus solennel et parfois très émouvant. La colère était également au rendez-vous. La foule s'en est pris à la police qui a encerclé et réprimé violemment, dans la même journée, les manifestants à Alger. Dans une déclaration, l'organisation Free Algeria qui rassemble des collectifs en Europe et en Amérique du Nord, a exigé le respect du droit de manifester librement et pacifiquement. Elle a aussi demandé que la liberté de réunion et d'organisation (en associations, en partis politiques…) soit vraiment reconnue. Faisant le bilan du hirak, Free Algeria évoque "des acquis palpables", qui doivent être consolidés. "Nous, Algériennes et Algériens membres de la coordination Free Algeria, considérons que cette année de révolution pacifique doit trouver aujourd'hui une issue politique. C'est pourquoi, nous appelons l'ensemble des forces vives du pays à converger pour parachever la transition démocratique enclenchée le 22 février 2019. La transition vers une nouvelle République exige au préalable de la refonder", souligne l'organisation.