Outre l'urgence humanitaire, il y a aujourd'hui l'urgence économique qui pèse sur le conflit en Libye, où le blocage des ports pétroliers a fait perdre au pays plus de 3 milliards de dollars en deux mois. Une conférence nationale de réconciliation inter-libyenne aura lieu en juillet prochain à Addis-Abeba, en Ethiopie, a annoncé dans la soirée de jeudi le groupe de contact de l'Union africaine (UA) sur la Libye, à l'issue d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA à Oyo, en République congolaise, dans sa déclaration finale. "Le groupe de contact a décidé de tenir la conférence nationale inter-libyenne au mois de juillet 2020 à Addis Abeba en Ethiopie", a indiqué la déclaration lue par Jean-Claude Gakosso, ministre congolais des Affaires étrangères. Le choix de la capitale éthiopienne où se trouve le siège de l'organisation panafricaine intervient "conformément à la décision de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA en 2018", explique encore le texte en question, a rapporté l'APS. Le Premier ministre Abdelaziz Djerad, représentant le président de la République Abdelmadjid Tebboune, a réitéré dans son allocution à l'ouverture des travaux de ce sommet la disposition de l'Algérie (en tant que pays voisin) à accueillir les pourparlers de réconciliation inter-libyens. "Il est temps de réunir le peuple libyen pour qu'il se réconcilie", a-t-il insisté, rappelant que l'Algérie est prête à "accompagner les efforts des Nations unies et contribuer efficacement à la réussite du processus de dialogue libyen auquel doivent participer tous les protagonistes libyens qui doivent prendre leur destin en main suivant un agenda national", a rapporté l'APS. "L'Algérie est prête à coopérer avec le nouvel envoyé spécial de l'ONU pour la Libye", a-t-il ajouté, cité toujours par l'APS. Le sommet d'Oyo est intervenu dans un contexte de poursuite des violences armées en Libye, où les troupes du général Khalifa Haftar continuent leurs raids contre la capitale Tripoli, siège du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj. Au moins trois civils ont été blessés dans des raids aériens hier contre le quartier résidentiel de Souk al-Djamaa, cible depuis jeudi de tirs de missiles Graad, selon des témoins et des médias sur place. La poursuite de ces violences compromet toute possibilité d'une reprise du dialogue politique, dans l'impasse depuis plus de deux ans. Sur le plan économique, la suspension des exportations libyennes de pétrole, en raison de la fermeture des champs pétrolifères et des terminaux pétroliers, a déjà coûté depuis le 17 janvier plus de 3 milliards de dollars, a annoncé jeudi la compagnie nationale libyenne de pétrole NOC. "La production de pétrole et de gaz en Libye a baissé sans cesse. En date du mercredi 11 mars 2020, la production est de 97 508 barils par jour. Les restrictions forcées sur la production ont causé des pertes financières de plus de 3 086 823 264 dollars depuis le 17 janvier", a-t-elle dit dans un communiqué. La Libye a dû se résoudre jeudi à diminuer son budget de quasiment un tiers, a indiqué son ministre de l'Economie. "Nous faisons face à un double choc : le blocus pétrolier et la chute des prix, accentuée par le nouveau coronavirus", a déclaré Ali al-Issaoui jeudi soir, en marge d'une rencontre avec l'agence de coopération technique française Expertise France.