Le ton était donné dans la matinée et les hirakistes étaient au courant que la marche allait être interdite, mais personne ne soupçonnait encore le degré de brutalité policière qui a accompagné les premières tentatives d'amorcer le mouvement. La place du 1er-Novembre, point de départ de toutes les marches initiées jusqu'à hier, était occupée par les forces de l'ordre qui ont quadrillé l'endroit, interdisant tout regroupement sur la place. Les hirakistes se sont alors donné rendez-vous à la place des Victoires, rue Larbi-Ben M'hidi, pour marcher vers le siège de la wilaya, mais c'était sans compter sur les ordres reçus par la police. Les manifestants, un peu moins d'une centaine au départ, seront vite interceptés par les fourgons de police à hauteur de la Cinémathèque et une véritable chasse aux manifestants commencera. Des témoins oculaires évoqueront des interpellations, des coups de matraque portés aux hirakistes qui se réfugieront dans les ruelles adjacentes. Cette répression violente, mais qui n'a rien à voir avec les événements post-12 décembre à Oran, sera d'ailleurs vivement dénoncée sur les réseaux sociaux à travers des témoignages à visage découvert. Pourtant, elle n'entame en rien la détermination des manifestants qui se regrouperont un peu plus tard pour marcher de nouveau sous escorte policière qui les obligera à ne pas empiéter sur la voie publique pour ne pas entraver la circulation automobile. Que s'est-il passé entre-temps ? La police aurait-elle reçu de nouvelles directives ? Personne ne le sait. Et les hirakistes, rejoints par d'autres, vont alors défiler depuis la rue Larbi-Ben M'hidi, à hauteur de l'intersection avec la rue de Tripoli, en direction de la place du 1er-Novembre en passant par l'avenue Loubet et la rue Khemisti, toujours étroitement surveillés par un important dispositif policier.