Des hauts gradés de l'armée, des personnalités influentes ainsi que des juges ont été arrêtés par les autorités saoudiennes, une semaine après une purge menée par le prince héritier MBS visant des membres de la famille royale. Les autorités saoudiennes ont annoncé avoir déligenté une vaste enquête ciblant des centaines de personnes accusées de délits allant de la corruption financière, du trafic d'influence aux graves infractions administratives, a rapporté l'Agence de presse saoudienne (SPA). Plusieurs hauts gradés de l'armée et des services de renseignements sont concernés par cette enquête qui intervient une semaine après une campagne de purge menée par le prince héritier Mohammed Ben Salmane contre des princes de la famille royale. D'après le quotidien espagnol ABC, qui a eu accès à certains détails de l'enquête, les autorités royales ont mené durant les dernières 72 heures une série d'interpellations, notamment dans les rangs des officiers des ministères de l'Intérieur, de la Défense et de la Justice. D'autres personnes sont encore sous le coup des enquêtes en cours. Parmi les personnes déjà arrêtées, révèle la SPA, figurent huit officiers, dont l'un est un général de division, et des officiers à la retraite accusés de corruption et de blanchiment d'argent. Quinze personnes ont été arrêtées pour trafic d'influence et corruption, dont un brigadier général dans l'un des secteurs du ministère de l'Intérieur. L'Agence de presse saoudienne a ajouté que les autorités avaient également arrêté 14 personnes, dont trois officiers de grade de colonel et quatre autres des secteurs du ministère de l'Intérieur dans la région orientale. Un juge a également été arrêté après avoir été pris en flagrant délit, en train de recevoir un pot-de-vin, tandis qu'un deuxième juge a été arrêté pour avoir exploité son influence, selon les mêmes sources. L'on apprend en outre, parallèlement à cette vaste enquête visant des personnalités influentes et des hauts officiers, que le prince héritier Mohammed Ben Salmane avait fait arrêter sa cousine, la princesse Basma Bent Saoud, fin février 2019. Cette dernière, selon le journal espagnol ABC, est toujours détenue dans la prison d'Al-Ha'ir, à l'extérieur de Riyad. Le média espagnol ne donne pas de détail sur les motifs de son arrestation, depuis plus d'un an, mais l'on croit savoir que sa détention serait en lien avec son engagement pour les droits de la femme et ses positions politiques. La princesse Basma était célèbre pour ses articles publiés en Europe, concernant les conditions des femmes saoudiennes et les réformes politiques en faveur d'une ouverture dans ce royaume ultra-conservateur et promoteur de l'idéologie wahhabite à travers le monde. Le contexte de cette vague d'arrestations dans le royaume laisse penser qu'il s'agit d'une même campagne de purge que Riyad a lancée la semaine dernière, pour un présumé "complot" contre le prince héritier Mohammed Ben Salmane, dit MBS. Les autorités saoudiennes ont procédé en effet, selon le Wall Street Journal, à plusieurs dizaines d'arrestations "de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, des officiers haut gradés de l'armée (...), tous suspectés de soutenir une tentative de coup d'Etat" contre MBS. Plusieurs membres éminents de la famille royale ont également été visés, dont Ahmed ben Abdelaziz, le dernier frère vivant du roi Salmane, ainsi que l'ancien prince héritier et ministre de l'Intérieur Mohamed ben Nayef et un de ses frères, Nawaf ben Nayef. En 2017, MBS avait fait embastiller au luxueux hôtel Ritz-Carlton de Riyad 200 personnalités, parmi lesquelles le célèbre milliardaire Al-Walid ben Talal.
