Elle enregistre d'importantes pertes financières en raison de la suspension de ses activités de production. Trois semaines après sa mise à l'arrêt, rendue inévitable par la crise sanitaire, l'Eniem (Entreprise nationale des industries de l'électroménager), sise à Oued Aïssi (wilaya de Tizi Ouzou), est déjà lourdement impactée économiquement. Cette entreprise économique, à la santé financière déjà sérieusement affectée par les crises dues à la rupture de ses stocks de matière première et au blocage de ses lignes de crédit par sa banque durant l'été 2019 puis en février dernier, vient d'enregistrer d'importantes pertes financières en seulement trois semaines de suspension de ses activités de production. Selon son P-DG, Djilali Mouazer, qui intervenait sur les ondes de la radio locale, les pertes de l'Eniem s'élèvent à 600 millions de dinars dans la production, auxquelles s'ajoutent 700 millions DA de manque à gagner sur le chiffre d'affaires, soit un total dépassant 1,1 milliard DA de ligne de crédit débloquée tout récemment sur ordre du gouvernement au profit de cette entreprise à l'effet de lui permettre de reprendre ses activités suite à l'arrêt technique auquel elle a été contrainte en février dernier. Aujourd'hui, les voyants sont déjà au rouge, mais ce qui semble inquiéter davantage le PDG de cette entreprise publique qui emploie plus de 1700 travailleurs, c'est, à l'instar de tous les acteurs économiques, la grande incertitude qui pèse sur son avenir. "Si une partie de la matière première est arrivée dans les entrepôts de l'entreprise, une autre partie reste bloquée dans les ports et les aéroports, et on n'arrive pas à la récupérer. Si la douane ne reprend pas le travail, cela risque de nous retarder davantage dans la reprise de la production", appréhende-t-il. En filigrane, les propos du PDG de l'Eniem laissent aisément comprendre que la reprise de l'activité de l'entreprise, qui était prévue pour le 22 avril, risque d'être reportée à une date ultérieure. Ce qui risque, le cas échéant, d'avoir de lourdes conséquences sociales sur les 1700 travailleurs de l'entreprise et leurs familles. Le mode de mise en congé arrêté par la direction de l'Eniem dans la note d'information interne qu'elle a adressée aux travailleurs le 23 mars dernier laisse, en effet, déjà deviner ce que peuvent subir les travailleurs de cette entreprise en cas d'un éventuel prolongement de l'arrêt de ses activités au-delà du 22 avril. En effet, l'entreprise a invité les travailleurs à épuiser en premier lieu leurs reliquats de congé annuel, puis en second lieu à anticiper sur le congé annuel 2020, et en dernier recours à prendre un congé sans solde avec comme possibilité de bénéficier, à leur demande, d'une avance sur salaire et dont le remboursement s'effectuera sur une échéance à déterminer ultérieurement. Mais lorsque l'on sait que la plupart des travailleurs ont déjà épuisé leurs anciens reliquats et leur congé 2020 lors de l'arrêt technique auquel l'entreprise a été contrainte en février dernier, puis durant l'arrêt actuel, il devient facile de deviner que si la reprise n'a pas lieu comme prévu, il ne restera aux travailleurs que la 3e option du congé sans solde et donc de l'endettement. Samir LESLOUS