Une instruction signée par le secrétaire général du ministère de la Santé instruit les directeurs des structures hospitalières de mettre en congé exceptionnel le personnel de santé vulnérable au Covid-19, à savoir les femmes enceintes au troisième trimestre et les malades chroniques. "En raison de la situation épidémiologique actuelle à laquelle sont confrontés les personnels de santé exerçant dans les établissements publics de santé, il est nécessaire de vous rappeler qu'une attention particulière doit être accordée à la frange vulnérable de ces personnels en contact permanent avec les patients notamment les femmes enceintes au troisième trimestre et les personnes atteintes de maladies chroniques qui doivent être mise en congé exceptionnel", indique la note datée du 3 juin. Cette mesure qui intervient à la veille d'un déconfinement partiel, est qualifiée de "tardive" par le syndicat national des praticiens de la santé publique. "Mais pas complètement inintéressante", corrige son président Lyes Merabet, "parce que ça peut servir dans d'autres situations qui peuvent surgir à l'avenir". Et d'ajouter : "Nous avons saisi le ministère de la Santé par écrit et en réunion officielle le 26 mars 2020. On nous a promis de réfléchir aux modalités de mis en œuvre de notre requête et ça a pris malheureusement plus de deux mois". Dans son argumentaire, le Syndicat national des praticiens de santé publique a rappelé que le décret exécutif du Premier ministère instaurant la démobilisation de certaines catégories de travailleurs de l'administration publique a omis de citer les professionnels de santé en situation de vulnérabilité face au Covid-19. "Nous avons à l'époque interpellé le Premier ministre et le ministre de la Santé pour rectifier le tir et permettre à cette catégorie de bénéficier d'un congé exceptionnel moyennant un dossier médical ou un contrôle au niveau des services de médecine du travail. Malgré ces démarches, des femmes enceintes, des infirmiers, ambulanciers, et des médecins souffrant de pathologies lourdes comme des cardiopathies et des cancers ont été maintenus en activité, parfois au premier front de prise en charge du coronavirus", confie Lyes Merabet. Selon lui, des établissements hospitaliers dans certaines wilayas, ont néanmoins, sur conseil des comités scientifiques locaux, mis en place une organisation permettant la protection du personnel soignant dont le système immunitaire est défaillant. "Mais il fallait un contexte réglementaire clair. Ce qui est fait depuis le 3 juin dernier", estime Lyes Merabet qui regrette une lenteur dans la prise de décision ayant coûté la vie à beaucoup de personnes. Il cite notamment le cas du médecin enceinte de 8 mois décédée des complications causées par le Covid -19 dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, le directeur de l'établissement hospitalier où elle exerçait lui ayant refusé un congé en dépit de son état de saturation, ses craintes et sa fragilité.