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UNIVERSITE ALGERIENNE : CONSTAT ET PROPOSITIONS
Contribution
Publié dans Liberté le 04 - 07 - 2020


Par : Pr HOCINE BECHIR
FACULTE DE TECHNOLOGIE
UNIVERSITE ABDERRAHMANE-MIRA,BEJAIA

Déclassée socialement et mal classée sur l'échiquier international, l'Université algérienne est plongée dans un profond malaise jusqu'à perdre sa vocation. Des universitaires, chacun dans sa discipline, décryptent l'état des lieux et ouvrent des pistes pouvant lui redonner sa place de choix.
Après deux décennies d'exercice en tant qu'enseignants chercheurs, nous nous permettons de porter un regard "critique" sur la situation de l'enseignement supérieur en Algérie. Nous avions connu au début des années 2000, un effort considérable de la tutelle pour mettre en place des structures de recherche, via la création de nouveaux laboratoires hétéroclites sans ancrage pédagogique.
En effet, la composante humaine constitutive de ces laboratoires accrédités reflète essentiellement des affinités "personnelles". Ainsi, la composante humaine, disponible au sein des départements pédagogiques, et qui aurait dû être déterminante afin d'optimiser la cohérence scientifique des équipes de recherche, est passée en arrière-plan.
En fait, les activités de recherche devraient graviter autour des savoir-faire locaux. Ainsi, la diversité des activités de recherche, qui se mènent à l'échelle locale, aurait conduit à la complémentarité des "savoir-faire" à l'échelle nationale (on a l'impression que les laboratoires sont des duplicatas). Ainsi, chaque établissement universitaire aurait pu forger sa propre identité en termes de recherche "originale" et de pédagogie innovante.
Le système de formation LMD aurait trouvé son plein sens, et se serait développé intrinsèquement, pour chaque établissement universitaire. Le choix qui a été fait en terme de structure des laboratoires de recherche a conduit alors à des incohérences, voire à des conflits (querelles byzantines) lors du choix et l'acquisition des équipements scientifiques (bancs d'essai, codes de calculs...). Evidemment, les conséquences sont immédiates !
Nous le ressentons à travers le contenu des cours dispensés en post-graduation, voire en graduation (notamment au début de la formation LMD). Par ailleurs, le système de formation (LMD) a été confus dès sa mise en place, bien qu'il soit admis comme la norme universelle de formation universitaire.
Cependant, ce nouveau système de formation est décrié en Algérie, son échec est patent et incontestable. En effet, nous avons constaté que les étudiants du système LMD, répondent correctement dans les meilleurs des cas au tiers des sujets d'examens déjà proposés, dans le cadre de l'ancien système (cycle ingénieurs).
Comment peut-on justifier la différence de niveaux entre les deux systèmes ? Le péché originel du système de formation LMD est de faire croire aux étudiants que la présence aux cours est facultative (non obligatoire). La massification des effectifs a certainement aussi contribué à la mauvaise prise en charge des étudiants dits du LMD. En effet, le nombre d'étudiants des groupes de travaux dirigés oscille entre 40 et 50 étudiants (raisonnablement ça devrait être de 20 à 25 étudiants).
Nous précisons que la base fondamentale du LMD est l'autonomie de l'étudiant sur les plans scientifique et pédagogique. Est-ce vraiment le cas en Algérie ? L'éducation nationale dispense "officiellement" un contenu d'enseignement qui devrait permettre à tout étudiant post-bac de suivre des études universitaires dans de bonnes conditions. Toutefois, l'expérience du terrain montre que les bases élémentaires de mathématiques, voire des concepts de physique du secondaire n'ont pas été acquis.
En plus, des difficultés rencontrées par les étudiants à s'adapter à la langue française (langue d'enseignement des sciences et des technologies en Algérie). Peut-on alors accepter ad vitam aeternam le sacrifice de générations entières sur l'autel de l'idéologie ? (idéologie qui semble avoir la peau dure au mépris du bon sens ! Peut-on dispenser des cours de sciences et technologies en langue arabe dans un monde globalisé ?
À notre connaissance, les pays qui partagent notre ère culturelle et de civilisation prodiguent ces cours soit en langue française (Maroc et Tunisie), soit en langue anglaise (pays du Golfe, Jordanie, Egypte...). L'entêtement algérien est-il raisonnable ou voulu ?
Nous constatons aussi que les étudiants de LMD ont du mal à faire une synthèse des cours dispensés afin de reproduire (ou construire) un savoir cohérent connecté à différentes matières dans le cadre de mémoires de fins d'études ou examens posés. Le laisser-aller de l'administration, tolérant un passage quasi automatique des étudiants en année supérieure, détériore davantage la formation LMD.
En conséquence, bon nombre de diplômés de licence et master ne maîtrisent pas les prérequis de la formation, et sont livrés sur le marché du travail local (voire international !) sans perspective d'avenir. D'ailleurs, nos diplômés qui voudraient poursuivre des études à l'étranger sont rarement reconnus en tant que tels. Un nombre infinitésimal d'étudiants est tenté par la création de start-up !
La situation n'est de même pas confortable pour les étudiants "chanceux" ou doctorants. Généralement, ils n'ont pas acquis convenablement (ou plus ou moins) assimilé les prérequis afin de traiter les problématiques de recherche proposées (compte tenu du fait que la recherche ne s'inscrit pas réellement dans un projet national, et aussi du fait du découplage entre la recherche et la pédagogie).
En effet, le thésard est souvent contraint à une mise, voire une remise à niveau, apprendre à manipuler des outils numériques (codes de calculs d'éléments finis (aspects négligés durant la formation), techniques de résolutions numériques et d'optimisation...), faire une synthèse bibliographique, reproduire le calcul d'un article...
Par ailleurs, les cours dispensés en post-graduation sont d'ordre "cosmétique" et ne peuvent combler les lacunes de la formation "gruyère" de base (licence et master). De ce fait, les thèses de doctorat traînent en longueur et sont rarement soutenues dans les délais impartis, et les sujets de recherche du doctorat sont traités a minima afin de produire un article répondant au standard requis pour la soutenance.
En conséquence, les contenus des mémoires de thèse sont généralement de qualité moyenne et la rédaction est souvent "médiocre" (voire à réécrire dans bon nombre de cas) due, nous semble-t-il, à la non-maîtrise des langues "française et anglaise". Afin de remonter la pente et d'améliorer le climat délétère de l'Université algérienne, nos "officiels" semblent trouver le Graal de la réussite dans le numérique : e-learning, visioconférences...
Il faut préciser que le "numérique" est relativement ancien dans notre profession d'enseignant chercheur, cela concerne la modélisation et la résolution numérique des problèmes scientifiques ou d'ingénierie à l'aide des simulations numériques (nécessitant des moyens informatiques : calculateurs, codes de calculs...), sans avoir à recourir à l'expérience ; en fait, les données pourraient être générées par le soi-disant big-data (Intelligence artificielle...).
La technologie numérique remonte au début des années 1980 et se base essentiellement sur les mathématiques, exigeant une bonne maîtrise des concepts de base et des techniques de résolution numérique. Hélas, nos étudiants de master fuient les sujets traitant des ces problématiques. Ils préfèrent des sujets dits pratiques en entreprise.
Compte tenu du niveau du développement économique du pays, combien d'entreprises ont la capacité de poser un problème technologique de niveau acceptable, dans le cadre d'un sujet de master (niveau de 3e cycle dans des pays comme le Canada, les USA, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas) ? Au final, une réorganisation en profondeur du système de formation LMD s'impose et est devenue plus qu'urgente (des réformes courageuses sont attendues).
De plus, nous sommes indignés devant le spectacle de nos jeunes collègues enseignants qui participent à la course aux postes administratifs et/ou aux titres (MCA, prpfesseur) au détriment de la pédagogie, de l'autoformation "personnelle" via un enseignement de qualité (car nous sommes d'abord enseignants), puis la production d'articles de qualité dans des journaux de renommée établie (par respect à la dignité de la profession d'enseignant chercheur) !
L'Université se débat dans la triche à tous les niveaux et à grande échelle. Bon nombre de nos collègues s'attribuent d'ailleurs des publications, à un point tel qu'il est impossible d'identifier leur champ d'action (compétences). Le mal est profond, la notion d'honnêteté intellectuelle est à mille lieues de l'Université algérienne. Notre patrie, un carrefour des civilisations de la Méditerranée, peine à trouver la voie du développement, contrairement à certains pays du Sud-Est asiatique comme le Vietnam.
Nous terminons notre contribution par les propositions suivantes :
1- Veiller au respect du temps pédagogique officiel (faute de quoi, l'administration devrait annuler le semestre ou l'année si c'est nécessaire) et à l'accomplissement des programmes nationaux. Pour ce faire, les examens finals portant sur les matières fondamentales seront confectionnés par des enseignants extra à chaque établissement, et les collègues seront choisis sur la base de l'anonymat. Cette démarche pourrait contribuer à la valorisation des diplômes dits nationaux et à l'égalité des chances entre les étudiants.
2- Revenir aux masters académique et professionnel. L'inscription au master académique sera conditionnée par l'obtention de bons résultats (supérieurs ou égaux à 12/20) en mathématiques et des unités fondamentales de la licence, dans l'espoir de hausser le niveau de la post-graduation, voire du classement de l'Université algérienne !
En outre, pour valoriser les masters académiques à l'international, la piste du double diplôme délivré par l'Université algérienne et une université d'un pays étranger (Europe, Chine...) est à explorer afin de motiver les étudiants et d'améliorer la visibilité des diplômés algériens.
3- Les sujets des concours de doctorat devraient être nationaux, voire régionaux (Ouest, Centre et Est) afin d'assurer une équité entre les étudiants au moins d'une même région.
4- Chaque région universitaire devrait scrupuleusement veiller à mutualiser les compétences disponibles afin d'ouvrir un nombre limité d'écoles doctorales (par régions et par filières). La localisation de l'école doctorale sera choisie sur la base de critères objectifs (compétences humaines reconnues de l'établissement candidat en termes de qualité des articles publiés (journaux spécialisés), dont les auteurs principaux appartiennent forcément à l'établissement, potentiel d'encadrement de l'établissement, pertinence des activités de recherche des laboratoires impliqués...).
5- Repenser la recherche, pour pouvoir poser des sujets de thèse de doctorat en lien avec la pédagogie (les problématiques de recherche ne se créent pas "ex nihilo") et finalement faire gagner du temps au doctorant. La pédagogie devrait évoluer en interaction avec les progrès des recherches effectuées dans les laboratoires. Pour le moment, ces deux composantes de base de l'enseignement supérieur semblent évoluer séparément.
6- Ouvrir des postes de chercheurs post-docs dans les laboratoires de recherche (de deux à trois années) hors établissement d'obtention de la thèse de doctorat. À l'issue du stage, les jeunes chercheurs pourront postuler au poste d'enseignant-chercheur permanent sur concours. L'objectif étant d'asseoir une culture de recherche dans les établissements universitaires et aussi d'améliorer le niveau des jeunes enseignants universitaires recrutés.
7- Revoir les critères de promotion aux grades supérieurs (MCA et professeur) de nos jeunes collègues issus du système de formation LMD. La qualité et le nombre d'auteurs sur les publications seront un critère déterminant.
8- Les mandats de nos collègues occupant des postes administratifs à tous les échelons seront limités à deux (2x3=6 ans) non renouvelables dans toute la carrière universitaire.
9- Et nous insistons sur le fait que, tant que l'école algérienne n'assurera pas sa fonction première de forger l'esprit critique, l'université se portera mal, sans espoir d'ouverture au progrès humain.


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