Une enquête du Consortium de journalistes d'investigation accuse plusieurs grandes banques mondiales d'avoir fait transiter durant des années l'argent sale provenant de guerres contre la drogue ou encore des fortunes détournées des pays en voie de développement. La banque HSBC, Deutsche Bank, ING ou encore Société générale ont été malmenées hier en Bourse, après les révélations d'un consortium de journalistes d'investigation (ICIJ) qui accusent ces géants bancaires d'avoir permis le blanchiment d'argent sale à grande échelle. Des montants astronomiques de cet argent — 2 000 milliards de dollars de transactions entre 1999 et 2017 — ont circulé par les plus grandes institutions bancaires du monde, selon cette enquête qui a provoqué un séisme financier dans les plus grandes Bourses du monde. "Les profits des guerres meurtrières contre la drogue, des fortunes détournées des pays en développement et des économies durement gagnées volées dans le cadre d'une pyramide de Ponzi ont tous pu entrer et sortir de ces institutions financières, malgré les avertissements des propres employés des banques", détaille l'investigation, menée par 108 médias internationaux, de 88 pays. L'enquête est fondée sur des milliers de "rapports d'activité suspecte" (SAR en anglais) adressés aux services de la police financière du Trésor américain, FinCen, par des banques du monde entier. Hier, à Francfort, Deutsche Bank plongeait de 7,31% vers 15h45 (13h45 GMT). Standard Chartered, également sous le feu des projecteurs, lâchait de son côté 4,87% à Londres. À Hongkong, l'action HSBC a touché son plus bas niveau depuis 25 ans, clôturant en chute de 5,33% à 29,30 HKD. Outre le fait que le groupe a été cité par l'enquête du consortium de journalistes, il pourrait essuyer des sanctions de Pékin dans le cadre de mesures de représailles contre certains pays étrangers. Egalement citée dans l'affaire, la banque ING plongeait de 7,32% à Amsterdam. Selon des informations de la presse néerlandaise, la filiale de la banque en Pologne a aidé des clients à envoyer des fonds suspects hors de Russie durant des années. Société Générale est également visée par l'enquête, qui lui reproche un manque de transparence vis-à-vis de certains clients de sa filiale suisse SGPB. L'enquête "FinCEN Files" est fondée sur des milliers de "rapports d'activité suspecte" (SAR en anglais) adressés aux services de la police financière du Trésor américain (FinCen) par des banques du monde entier, mais "gardés hors de la vue du public". L'investigation pointe notamment du doigt cinq grandes banques — JPMorgan Chase, HSBC, Standard Chartered, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon — accusées d'avoir continué à faire transiter des capitaux de criminels présumés, et ce, même après avoir été poursuivies ou condamnées pour faute financière. Les rapports d'activité suspecte, sur lesquels se sont appuyés les journalistes du consortium, "ne sont pas des déclarations de crime ou de fraude, mais alertent sur des cas potentiels de crime économique", a fait valoir hier UK Finance. De son côté, HSBC présente les accusations de l'ICIJ comme anciennes et antérieures à un accord conclu sur le sujet en 2012 avec le département américain de la Justice. Dans un communiqué, Deutsche Bank a assuré que les révélations du consortium étaient en fait des informations "bien connues" de ses régulateurs et a dit avoir "consacré d'importantes ressources au renforcement de ses contrôles". ING a, pour son part, affirmé qu'elle avait cessé sa relation en 2018 avec une des entreprises incriminées pour avoir collaboré avec sa filiale polonaise, et qu'elle s'apprêtait à en faire de même avec la seconde.