Le texte de loi est qualifié de "liberticide" par les partis, les journalistes et les membres de la société civile, qui dénoncent la multiplication des violences policières en France et l'impunité dont bénéficient les policiers devant la justice. Le collectif opposé à la proposition de loi "sécurité globale", qui encadre strictement les images de policiers en action, a appelé hier à une nouvelle manifestation samedi à Paris et dans toute la France. "Tant qu'il n'y aura pas retrait réel des articles 21, 22, 24 de la proposition de loi sécurité globale et du Schéma national du maintien de l'ordre (SNMO), les actions se multiplieront", promet le collectif dans un communiqué hier, en dénonçant des mesures "liberticides". Publié en septembre, ce SNMO rappelle que "le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes". Ces derniers estiment qu'il revient à entraver leur travail en les empêchant de couvrir les fins et dispersions de manifestations. La "coordination StopLoiSécuritéGlobale" appelle à une nouvelle mobilisation, samedi depuis le nord-est de Paris jusqu'à la place de la République, ainsi que "partout ailleurs" sur le territoire, où des actions "sont déjà prévues dans de nombreuses villes cette semaine". Les prochaines "marches des libertés", rebaptisées "des libertés et des justices", se tiendront "souvent en convergence avec les actions menées dans le cadre de la journée nationale contre le chômage et la précarité", explique l'appel. "Violences sociales, répression et violences policières, dont l'invisibilisation serait facilitée par ce projet de loi, font partie d'une même politique d'injustices visant certaines populations", ajoutent les organisateurs. L'article controversé de la proposition de loi, qui prévoit de pénaliser la diffusion malveillante d'images de forces de l'ordre, est pour l'heure neutralisé, en attendant sa possible intégration dans le projet de loi "séparatismes" et de lutte contre "l'islamisme radical", présenté le 9 décembre en Conseil des ministres. Pour prouver que le gouvernement ne veut "pas attenter à la liberté de la presse", l'article sera "retiré de la loi de 1881", a promis mardi la présidente de la commission des lois de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet. Le collectif – qui regroupe des syndicats, notamment de journalistes, diverses associations, des ONG de défense des droits ou encore des gilets jaunes – dénonce pour sa part "la cacophonie la plus complète" tant au sein du gouvernement que du Parlement, après l'annonce lundi de la réécriture de l'article 24. Il a condamné la probable réapparition des dispositions de l'article 24 dans l'article 25 de la loi sur "les séparatismes", ainsi que les articles 21 et 22 "visant l'instauration d'outils de surveillance de masse" (drones, caméras de surveillance). Les "marches" de la semaine dernière, organisées juste après la révélation via une vidéo de violences policières contre un producteur musical noir, ont suscité une forte mobilisation rassemblant 133 000 personnes dans tout le pays, selon le ministère de l'Intérieur.