Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a exprimé, hier, une première réaction officielle de l'Algérie à l'accord américano-marocain sur le Sahara occidental. Il a fait part d'"une réelle volonté d'attenter à l'Algérie" avec "l'arrivée à présent de l'entité sioniste aux portes de nos frontières". Le deal entre le Maroc et Israël, portant normalisation de leurs relations en contrepartie de la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, a fini par faire réagir les autorités algériennes. En effet, évoquant "une réelle volonté d'attenter à l'Algérie" avec "l'arrivée à présent de l'entité sioniste aux portes de nos frontières", le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a exprimé, hier, une première réaction officielle de l'Algérie, laquelle sera suivie un peu plus tard dans la même journée d'un communiqué du ministère des Affaires étrangères réaffirmant que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation. Le Premier ministre qui intervenait lors d'une conférence commémorative du 60e anniversaire des manifestations du 11 Décembre 1960, au siège des Archives nationales à Alger, avait notamment attiré l'attention sur la nécessité de "ne pas occulter les périls au niveau de notre environnement immédiat en raison de l'instabilité de la région", estimant que l'Algérie "est particulièrement visée". Pointant un doigt accusateur en direction d'Israël, Abdelaziz Djerad ne manquera pas d'évoquer "des opérations étrangères visant la déstabilisation de l'Algérie". Une appréhension que le Premier ministre impute à des indicateurs réels et assez clairs aujourd'hui, "au vu de ce qui se passe à nos frontières" de par, poursuit-il, "les développements en cours dans l'espace maghrébin et africain entourant l'Algérie en termes de périls, d'instabilité et de guerres". Et d'exhorter, en conséquence, les citoyens, la classe politique et les élites à "rester vigilants et d'œuvrer pour la préservation de la stabilité du pays et la protection des citoyens". Aussi, appelle-t-il à la vigilance et à la cohésion face aux dangers qui guettent le pays, notamment à ses frontières, et prévient : "Attention, lorsque nous disons qu'il faut s'unir et résoudre nos problèmes internes entre nous, le peuple algérien doit prendre conscience de l'importance des efforts de solidarité et de fraternité pour trouver les meilleures voies à même de sortir de cette crise." Abdelaziz Djerad qui, à vrai dire, emboîte le pas à l'Armée nationale populaire qui a fait remarquer, dans le dernier éditorial de son organe de presse officiel El-Djeïch, "la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps". El-Djeïch souligne que "l'Algérie est contrainte d'assumer ses obligations régionales imposées par son rôle pivot, outre ses positions de principe immuables de soutien à toutes les causes justes, dont le droit des peuples à l'autodétermination, en particulier celui des Sahraouis et celui des Palestiniens..." et d'appeler les Algériens "à se tenir prêts à faire face à des menaces imminentes". Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères a indiqué dans son communiqué que "le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations unies et de l'Union africaine en la matière, c'est-à-dire l'exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) portant octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, dont la communauté internationale célèbre, cette année, le 60e anniversaire". La réaction du MAE rappelle que la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10 et portant la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, est "sans effet juridique, car elle contrevient à l'ensemble des résolutions des Nations unies et notamment à celles du Conseil de Sécurité sur la question du Sahara occidental, la dernière étant la résolution 2548 du 30 octobre 2020, rédigées et défendues par le porte-plume américain". Une proclamation qui pourrait porter atteinte, selon le MAE, "aux efforts de désescalade déployés tous azimuts en vue de préparer le terrain au lancement d'un véritable processus politique et de convaincre les deux parties en conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, de la nécessité de s'engager, sans condition, sur la voie du dialogue, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies, appuyée par l'Union africaine". Le département de Sabri Boukadoum rappelle, à ce titre, que "l'Algérie, dont la position s'adosse à la légalité internationale contre la logique de la force et des marchés douteux, réitère son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui". Kamel Ghimouze