Cette année encore, la scène culturelle nationale a perdu quelques-uns de ses grands noms. Marquée par une pandémie persistante, 2020 aura ravi des monstres sacrés de la chanson, du théâtre ou encore du cinéma. Liberté présente une liste non exhaustive des artistes qui ont tiré leur révérence. Nacer Medjkane (1953-1er janvier 2020) Il nous a quittés le premier jour de l'année 2020. Il était un photographe passionné et estimé de tous. Ce natif d'Alger était aussi directeur photo au cinéma pour des œuvres comme Rome plutôt que vous, de Tarik Teguia, El Oued, El Oued, de Abdenour Zahazah, Nar, de Meriem Achour Bouakkaz. Hadj Hamida Benkessayah (4 mai 1958-9 janvier 2020) Le maître du chaâbi à Mostaganem a tiré sa révérence à l'âge de 62 ans. Sa carrière fut ponctuée de nombreux prix dans des festivals de la chanson chaâbi. En 1996, il a créé une association culturelle appelée "Kheloufia" à la mémoire du père spirituel de la poésie algérienne melhoun, Sidi Lakhdar Benkhelouf. Mekki Nouna (1932-11 février 2020) Figure du melhoun oranais, il était le berrah (animateur) des pionniers du raï, cheikha Rimiti, Abdelkader Khaldi et bien d'autres. Il a écrit de nombreux textes pour Houari Benchenat, Mazouzi et cheikh Fethi. Mohamed Aram (1934-1er mars 2020) Bédéiste et réalisateur de films d'animation, il était un pionnier du dessin de presse avec la publication en 1967 dans Algérie Actualités d'une série de bandes de dessinées intitulée Nâar, une sirène à Sidi Ferruch. Il était par ailleurs auteur et réalisateur de dessins animés pour la télévision publique, diffusés pour la première fois au milieu des années 1960. Firas Zaghez (16 mars 1979-8 avril 2020) Le jeune photographe est décédé au mois d'avril. Il avait à son actif plusieurs expositions dont celle sur la macrophotographie qui s'est tenue au MaMa en 2013. Pour lui, "un photographe est tout d'abord un être sensible, un artiste que toute chose interpelle". IDIR (25 octobre 1949-3 mai 2020) La légende de la musique kabyle est décédée à l'âge de 71 ans. Toute une vie dédiée à un patrimoine qu'il a fait rayonner dans les quatre coins du globe. Onze albums-studios, une voix reconnaissable entre mille, des centaines de concerts et des reprises faites par des chanteurs de différentes nationalités ont fait de lui la légende qu'il était et qui marquera à jamais la musique. Abdelhamid Habbati (1945-6 mai 2020) Le comédien constantinois vit très tôt naître sa passion pour le théâtre, qui le mènera à intégrer la troupe El-Hilal Ettemtili (le croissant de la comédie) puis de créer sa propre troupe El-Bahalil, avec Bachir Benmohamed, dit "âmmi Bachir", et Rachid Zeghimi. Il fut nommé par Mahieddine Bachtarzi responsable de la formation au théâtre de Constantine. Durant sa riche carrière, il met en scène et joue dans plus d'une vingtaine de pièces théâtrales. Bettina Heinen-Ayech (1937-7 juin 2020) Une carrière extraordinairement riche que fut celle l'artiste algéro-allemande. L'Algérie, plus particulièrement Guelma, la ville de son époux Hamid Ayech, sera source d'inspiration. Lauréate du grand prix d'Alger et du prix d'art de la fondation Baden en Allemagne, de la médaille du 1er Novembre, elle fut honorée par l'université de Guelma. La salle d'exposition du palais de la culture de Guelma porte son nom. De nombreux musées au Maghreb et en Europe conservent ses œuvres. Mohamed Ferkioui (1940-15 juillet 2020) Cet artiste avait plusieurs cordes à son arc : musicien dans l'orchestre d'El-Anka, accordéoniste, chanteur, maître miroitier... Il était à l'origine du documentaire El Gusto suite à sa rencontre, dans son atelier à La Casbah, avec l'architecte Safinez Bousbia. La réalisation de cette œuvre a pu le réunir avec ses anciens camarades, dont Robert Castel, Ahmed Bernaoui, Rachid Berkani ou encore Mustapha Tahmi. Smaïn Hini (1946-30 juillet 2020) Chef d'orchestre, maître incontesté de la çanâa et mentor, il était dans sa jeunesse le disciple de cheikh Abdelkrim Dali et de Abderazzak Fekhardji. Il passera treize années au conservatoire municipal d'Alger, puis, au départ de Mahieddine Bachtarzi de celui-ci, le jeune Hini fait un détour par le théâtre et la pièce Mohamed prends ta valise de Kateb Yacine. Il fonde plus tard les associations Essoundoussia puis El-Inchirah. Nouria Kazderli (1921-9 août 2020) Sa première apparition sur des planches en 1945, bien que fortuite, donnera lieu à une longue carrière. Du petit écran au théâtre en passant par le cinéma, Khadidja Benaïda, de son vrai nom, avait collaboré avec les plus grands : Mustapha Badie, Mahieddine Bachtarzi, Omar Bakhti, Moussa Haddad ou encore Hadj Rahim.
Bachir Benmohamed (1935-10 août 2020) "Âmmi Bachir" était notamment connu pour le feuilleton Aassab wa Awtar. À partir des années 2000, il prend part à la série de Djaâfar Gacem Ness Mleh City, puis dans Ya Amer ya Nessi, ainsi que dans des films comme Kahla wa baydha et Rih tour. Hamdi Bennani (1er janvier 1943-21 septembre 2020) "L'ange blanc" entame sa carrière dans l'orchestre de la musique et de la chanson malouf Hassani El-Annabi à Bône. Il était devenu, au fil des concerts donnés dans plusieurs pays, l'ambassadeur de la musique malouf. Il avait à son actif de nombreux albums dont "Ya Ahl Ellil Tahya Bikoum, Bahi El Djamel ou encore Min Chit Frikitti. Ali El-Kenz (6 janvier 1946-1er novembre 2020) Ecrivain, sociologue, maître assistant puis directeur de recherche au Centre de recherches en économie appliquée au développement (Cread) à Alger. Il a publié de nombreux ouvrages dont L'économie de l'Algérie, Les maîtres penseurs ou encore L'Algérie et la modernité. Mohamed Djouhri (1946-3 décembre 2020) "Djo" met un pied dans le cinéma en 1980 grâce à Okacha Touita dans Rue Tartarin. Il tient également des rôles dans des productions comme Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, Le Sang des loups de Amar Sifodil ou encore En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui. Mouloud Achour (19 mars 1944-24 décembre 2020) Enseignant, journaliste, écrivain et directeur éditorial des éditions Casbah, il avait dédié sa vie au livre et à la presse. Il était connu pour avoir aidé de jeunes écrivains et journalistes à percer, tels qu'Arezki Metref, Nadjib Stambouli ou encore Yasmina Khadra, lorsqu'il était à l'Ecole des cadets de Koléa.
