L'aggravation des violences en Libye et un contexte sanitaire chaotique dû aucoronavirus ont poussé des centaines de migrants à tenter la traversée vers l'Europe. Au moins 323 migrants ont péri en Méditerranée centrale et 417 autres déclarés disparus, alors que 11 891 personnes ont été secourues en 2020, selon un bilan de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Comparativement à l'année précédente, ce bilan est élevé. En 2019, l'OIM avait fait état de la mort de 270 migrants et de 922 disparus, alors que 9 225 autres ont pu être secourus. Ces chiffres ne sont pas loin du bilan établi par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), affirmant que les gardes-côtes libyens ont mené en 2020 au moins 113 opérations de sauvetage en mer, ayant permis de sauver 11 265 migrants et réfugiés, enregistrant une augmentation de 25% par rapport à 2019. Au moins 9% sont des enfants, 8% sont des femmes et les 83% restant sont des hommes. En termes de nationalité, 23% des migrants secourus sont originaire du Soudan, suivis par 12% de Maliens et de 11% de Bangladais, selon toujours le HCR, soulignant qu'"en revanche, 7 607 réfugiés et demandeurs d'asile ont été enregistrés cette année seulement, en plus d'un total de 44 725 actuellement enregistrés en Libye". Les Soudanais arrivent aussi en tête des réfugiés demandeurs d'asile avec 35%, suivis des Syriens (32%) et des Erythréens (12%). Les personnes souffrant de problèmes de santé graves représentent 5% des réfugiés, tandis que les enfants non accompagnés et séparés, ainsi que les familles dirigées par une femme célibataire représentent 3%. Au-delà des chiffres, qui restent approximatifs, le drame des migrants irréguliers et des réfugiés présents sur le sol libyens continue de susciter l'inquiétude des organisations non gouvernementales et des organismes onusiens qui s'accordent à dire que "la Libye n'est pas un pays sûr", en raison de l'instabilité politique et sécuritaire que vit ce pays, où cette catégorie vulnérable fait face aux réseaux de passeurs et de traite des humains, sans la moindre pitié, sans compter les violences sexuelles dont sont victimes les femmes et les enfants mineurs non accompagnés. Il est vrai que nous sommes loin de la tragédie de 2015-2016 qui a vu une augmentation du nombre des traversées mortelles en Méditerranée, mais la situation n'est pas non plus réjouissante dans ce contexte de pandémie de coronavirus et d'instabilité politico-sécuritaire en Libye, où plus d'un demi-million de migrants a été recensé par l'OIM, dans un récent rapport datant d'octobre dernier. Avec les restrictions imposées par les autorités et la fermeture des frontières quasi généralisées à travers le monde, les migrants ont été pris en étau, obligeant certains d'entre eux à tenter la périlleuse traversée de la Méditerranée en plein hiver. Le renforcement des contrôles maritimes européens n'a pas empêché les départs à partir des côtes ouest libyennes de dizaines de barques vers Malte et l'Italie, appelés à augmenter à n'importe quel moment.