L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) exprime "sa grande stupéfaction" concernant l'étude financée et réalisée, pour le compte de la Cour des comptes, par l'Union européenne sur le thème de la concurrence dans le secteur algérien du médicament. À travers un communiqué publié sur son site, l'Unop affiche, surtout, "sa grande stupéfaction quant à la légèreté du traitement réservé par le conseil de la concurrence aux résultats de l'étude". L'organisation, qui représente les intérêts des producteurs pharmaceutiques, est surprise par le fait que "le conseil de la concurrence a cru bon d'endosser les principales recommandations de l'étude, alors même que celles-ci, qui vont bien au-delà du régime de concurrence, impliquent des changements profonds dans le mode de régulation du marché et, par là même, un quasi-démantèlement d'une politique pharmaceutique publique ayant pourtant produit des résultats économiques sensibles et largement démontré son efficacité". En mettant au cœur de leur analyse les aspects liés aux restrictions sur les importations de médicaments et sur la protection du marché interne, "les auteurs de l'étude de l'UE ont déplacé le curseur du terrain de la concurrence vers celui de l'organisation de la filière industrielle nationale et de la politique pharmaceutique publique", estime l'Unop. Pour cette dernière, la préférence explicitement accordée à la production algérienne et aux producteurs établis sur le marché algérien n'a absolument rien de surprenant, l'ensemble des pays, y compris les plus développés, ayant eu recours à cette forme de protection pour favoriser la création de valeur ajoutée sur leur marché interne. La position de l'Unop est encore plus confortée que depuis l'instauration de ces mesures en 2008, la production locale a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 17,5% sur la période de dix années, jusqu'en 2018. L'Unop est convaincue que "la protection du producteur local a considérablement renforcé la capacité de notre pays à couvrir ses besoins nationaux en médicaments, tout en élargissant considérablement l'accès aux soins pour la population algérienne dans son ensemble". L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie soutient que le débat proposé par l'étude de l'UE sur la concurrence dans le secteur pharmaceutique national semble se cristalliser autour de la question de l'organisation de nos importations. Elle ne perd pas de vue que, derrière les éléments de ce débat, se retrouvent des enjeux économiques non négligeables. "En effet, la protection du marché interne, en stimulant effectivement la croissance de la production nationale de médicaments, aura orienté vers la valeur ajoutée locale des montants importants qui étaient jusque-là consacrés à l'importation", explique l'Unop. Pour cette dernière, il est raisonnable de poser comme règle intangible que tout débat sur la concurrence dans le secteur pharmaceutique (et sans doute aussi dans d'autres secteurs d'activité) établisse une claire séparation entre les aspects liés au mode de régulation des importations et ceux de l'organisation strictement interne du marché.