La crainte de suspendre l'opération des enquêtes sociales engagées est visible sur les visages des nombreux protestataires, qui refusent de quitter aussi bien l'entrée du siège de la daïra que celle de la wilaya. Depuis que le chef de daïra de Aïn Témouchent, qui fait fonction aussi de président de la commission de distribution des logements sociaux, a été relevé ces tout derniers jours de ses fonctions, une effervescence s'est installée au chef-lieu de wilaya parmi les demandeurs de logements sociaux. La crainte de suspendre l'opération des enquêtes sociales engagées par ce dernier est visible sur les visages des nombreux protestataires, qui refusent de quitter aussi bien l'entrée du siège de la daïra que celle de la wilaya. Une façon de faire pression sur le wali afin de les délivrer du calvaire qu'ils endurent depuis des décennies faute d'un toit. Ils redoutent l'éventualité d'un retard dans la désignation d'un nouveau chef de daïra. Mais ce qui a accentué l'exaspération de ces demandeurs de logements sociaux, c'est en fait le nombre insignifiants de logements publics locatifs qui se chiffre à uniquement 200 unités, par rapport au nombre des dossiers déposés auprès de la commission de daïra et qui est de l'ordre de 10 081. Les protestataires savent que plus de 9 000 des demandeurs de logements vont être recalés. Dimanche 21 février, vers 22h, au moment où s'étaient achevés les travaux de la session en plénière de l'APW, les protestataires occupaient toujours l'entrée du siège de la wilaya, malgré un dispositif sécuritaire renforcé. Ayant eu vent de ce mouvement, le wali de Aïn Témouchent, Mohamed Moumène, n'a pas manqué d'afficher sa "compréhension" vis-à-vis de ces familles en quête d'un toit. Se voulant rassurant, le chef de l'exécutif a transmis un message à travers les élus en direction de leurs concitoyens. Il y a lieu de rappeler que l'opération de distribution des logements sociaux a été gelée dans toutes les wilayas jusqu'au mois de septembre 2020, en raison de la pandémie de coronavirus. "Nous avons notifié toutes les communes et les daïras avec des instructions fermes pour l'application stricte de la réglementation pour ne pas se baser que sur l'ancienneté des dossiers et le respect du barème", a-t-il indiqué. Le wali a informé les élus qu'il a demandé aux concernés de désigner 20 personnes pour les accueillir pendant la pause de cette session de l'APW pour leur expliquer la démarche de l'opération de distribution, qualifiée de "lourde responsabilité" au vu du nombre infime de logements. "Les protestataires ont le droit d'exiger la distribution des 200 logements, mais on refuse que cela soit fait dans la précipitation et l'improvisation sous la pression. Tous les dossiers passeront sous le microscope", a-t-il soutenu, non sans préciser que pas moins de 600 dossiers ont été rejetés grâce à des informations obtenues des autres wilayas. "Seulement, je refuse de subir des pressions qui pourraient pénaliser ceux qui sont dans le besoin et qui méritent réellement un logement social", a encore martelé le wali. Face à cet impondérable, c'est-à-dire le départ du chef de daïra, un responsable provisoire a été désigné par le wali pour permettre de poursuivre l'opération des enquêtes sociales et ne pas pénaliser les citoyens, tout en espérant que le nouveau chef de daïra sera affecté le plus tôt possible pour pouvoir lancer l'opération de distribution. En réalité, il y a 500 logements sociaux, 200 logements publics locatifs et 300 autres destinés à la résorption de l'habitat précaire (RHP). Concernant les 300 logements RHP, le premier responsable de la wilaya a évoqué un travail ayant été effectué depuis 2007 au niveau de toutes les communes du pays sur le recensement des habitations précaires. Sauf qu'à Aïn Témouchent il n'existe, selon lui, aucune trace des dossiers, mis à part un recensement chiffré. "Et c'est fort possible que le nombre de personnes recensées n'atteigne pas ce chiffre, et donc le jour où je recevrai l'autorisation de lancer le recensement, tout le monde passera par le fichier national du logement et l'enquête, dans l'espoir de récupérer quelques logements RHP et de les reconvertir en logements LPL", a expliqué le chef de l'exécutif, avant de poursuivre : "Nous poursuivrons l'opération de l'affichage des listes des bénéficiaires à travers les communes. Cela nous permettra de demander de nouveaux programmes de logements, du moment que le ministère de l'Habitat nous a demandé à travers une correspondance de préparer des assiettes de terrain pour injecter d'autres projets."