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"L'Etat central fait face à une génération qui le défie"
Le Dr Karim Ouaras à propos des événements d'Ouargla
Publié dans Liberté le 25 - 03 - 2021

Quelques jours après les émeutes provoquées par la condamnation à la prison d'un activiste politique, la ville d'Ouargla a encore fait parler d'elle. Cette fois, ce sont de jeunes chômeurs qui ont ému l'opinion publique en se mutilant et en menaçant de se suicider. Une vidéo de jeunes désespérés, bouches cousues et menaçant de se jeter du haut d'un panneau de signalisation, a été diffusée mardi sur les réseaux sociaux, montrant le mal profond qui ronge les habitants du Sud.
Marginalisés dans une région pourtant riche en hydrocarbures et potentiellement pourvoyeuse de postes de travail, les demandeurs d'emploi du Sud algérien n'arrêtent pas d'interpeller les pouvoirs publics. "Ces jeunes ne sont pas en attente de privilèges quand ils investissent la rue, mais ils revendiquent le droit au travail et à une vie digne. Si la protestation s'intensifie dans cette région ces dernières années, c'est que peu est fait pour la juguler et satisfaire les revendications plus que légitimes des populations de cette région pétrolière", analyse le Dr Karim Ouaras, maître de conférences à l'Université d'Oran 2, en soulignant l'urgence de sortir de ce qu'il appelle un "coûteux paradoxe" (pays riche, peuple pauvre) pour rétablir la confiance, mais aussi et surtout pour "éviter le pire", notamment à travers "l'offre de formation de qualité et la mise en place d'incubateurs économiques".
Le sociolinguiste rappelle que les jeunes n'en sont pas à leur première protestation — eux qui ont déjà recouru à des manifestations de rue, de jour comme de nuit, prière collective (pour empêcher un gala artistique), sit-in, immolations, obstruction des routes, automutilation, voire tentatives de suicide — et que les "autorités aphones" se sont contentées de fausses promesses. Ils ont donc choisi de se faire entendre et de rallier des solidarités à leur cause. "Accomplir cet acte dans l'espace public se veut un message, à forte charge politique, destiné à la fois aux autorités, à l'Algérie et au monde. C'est à travers ce supplice que ces jeunes disent leur existence." Pour Karim Ouaras, ces procédés de contestation inhabituels sont le propre d'une génération qui a tendance à se démarquer des notabilités locales, réputées acquises au pouvoir, et qui n'entend pas abdiquer.
"Suivant ces logiques sociétales, démographiques et générationnelles, la protestation est appelée à durer dans le temps en s'intensifiant si rien n'est fait pour satisfaire les revendications qu'elle porte", avertit-il en soulignant la multiplication des actions de protestation et de contestation à travers l'Algérie. "Les mutations profondes de la société algérienne, son éveil à la citoyenneté et ses particularismes tous azimuts demeurent l'un des impensés majeurs de l'Etat central. Le Hirak est l'illustration parfaite de ce fossé qui sépare les Algériens de leurs gouvernants", analyse-t-il encore.
"L'identité professionnelle, une place pivot dans le tissu social"
Bien entendu, le chômage n'est pas la seule cause du mal-être algérien. Loin s'en faut : "Le chômage n'est que la partie apparente de l'iceberg. La partie immergée est beaucoup plus complexe, elle est faite de disparités, d'inégalités, d'isolement et d'absence d'infrastructures. Quand l'emploi vient à manquer, c'est l'individu dans son être qui est menacé. Ce dernier fait tout pour se défendre car pour le chômeur, il n'y a rien de plus extrême que de se sentir chômeur. L'identité professionnelle occupe une place pivot dans le tissu social. Notre société ne déroge pas à cette règle", explique le sémiologue en décryptant l'action automutilatrice.
"L'acte corporel extrême résume à lui seul l'ampleur de la détresse dans laquelle vivent ces jeunes chômeurs d'Ouargla. Le corps occupe une place de plus en plus importante dans la société et fait un retour en force en sciences sociales et humaines. En anthropologie, le corps est l'un des principaux vecteurs de sociabilité dans la mesure où il matérialise un rapport au monde, aux normes et à autrui. Pour les sciences du langage et la sémiotique, le corps est le lieu de la production langagière et discursive.
Il est signifiant. Mutiler son corps et coudre ses lèvres renvoient à un langage non verbal qui a valeur de signe et participe d'une sémiotique de l'action. Le corps est un objet mouvant, mais astreint à des codifications socio-morales. Dès qu'il en sort, il choque, car il fait scission d'avec les normes le régissant. Cette action automutilatrice a une fonction sémiotique consistant à bousculer les évidences et à émouvoir pour se faire entendre par le poids de sa symbolique percutante. La circularité que procurent les réseaux sociaux à ce geste amplifie sa résonance et son impact communicationnel. La sphère numérique met en place un processus de sémiotisation de l'action contestataire en Algérie et rompt avec les pratiques politiques traditionnelles. On revient à ce précepte de Confucius qui ne risque pas de prendre une ride : "Une image vaut mille mots." Les jeunes sont conscients du poids de l'image dans la communication politique, et ils en font usage", termine Karim Ouaras.
Samir Ould Ali


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