Les tentatives de réguler le marché par l'ouverture de certains espaces sous la supervision des autorités ne semblent pas avoir d'effet sur cette flambée généralisée. Au troisième jour du mois sacré du jeûne, jeudi 14 avril, la frustration était à son comble au marché central de la ville de Jijel. Rares sont les personnes qui osent mettre la main à la poche pour s'offrir quelques fruits, sinon des légumes dont regorge ce marché. Tous les produits, des viandes aux poissons en passant par la large gamme des fruits et légumes souvent de bonne qualité, sont disponibles. Mais à quel prix encore ? La réponse est dans la réaction, devenue spontanée, des consommateurs qui se détournent de ces produits à la vue des tarifs affichés. D'abord et en l'absence de cette fameuse viande congelée d'importation promise par les pouvoirs publics, c'est un commerçant qui s'est spécialisé dans les produits congelés qui attire quelques clients. Sauf que le kilo de la viande congelée est cédé...à 1400 DA. Certains s'offrent quelques quantités avant de demander au vendeur de les passer au hachoir. "C'est pour le bourek et la chroba, la viande hachée fraîche est encore plus chère", lance-t-on. Face à la cherté de la viande, fut-elle congelée, chacun à son astuce pour goûter à ces protéines. Dans le même espace de ce marché, les tenants des quelques boucheries guettent le passage d'un éventuel client. "Ce n'est plus comme avant, les gens n'achètent pas", se désole un boucher qui cède sa viande de veau à 1250 DA le kilo. De plus en plus cotée, la viande caprine nargue elle aussi le potentiel client avec son prix de 1200 DA le kilo, soit le même tarif que celle ovine. Après avoir atteint les 1300 DA, la viande ovine a enregistré un certain recul. Et cela semble également se justifier par la baisse de la demande dans le contexte de la baisse du pouvoir d'achat du commun des consommateurs, qui dégringole de jour en jour. Pas encore au bout de ses peines, le consommateur découvre en cette même matinée et dans le même marché une subite flambée du prix du poulet. De 340 DA le kilo, au deuxième jour du Ramadhan, la viande blanche, qui reste le dernier recours pour les bas revenus, passe...à 400 DA. Quelle peine, serions-nous tentés de dire, pour ce citoyen qui ne sait plus à quel saint se vouer pour crier son malheur. "Il n'y a plus de poulet dans les poulaillers, les aviculteurs ont profité pour élever le prix", se justifie-t-on. Le poisson n'est pas en reste, puisqu'aucun produit ne descend sous la barre des 700 DA. Idem pour les fruits et légumes qui donnent le tournis. Les tentatives de réguler le marché par le biais de l'ouverture de certains espaces sous la supervision des autorités ne semblent pas avoir d'effet sur cette flambée généralisée. Pendant ce temps, le citoyen, si encore il peut retirer son argent de son CCP dans un contexte de pénurie de liquidités et d'une grève pénalisante des postiers, est confronté à la double peine d'aller chercher de l'huile qu'il ne trouve pas et d'un sachet de lait qu'il peine à s'offrir, non pas parce qu'il est cher, mais parce qu'il n'est plus disponible en quantité suffisante. Ainsi va cette tendance inflationniste, plongeant dans le désarroi le consommateur au tout début d'un mois censé être celui de la "rahma". Amor Z.