La population de Tizi Ouzou s'est encore massivement mobilisée, avant-hier, au 115e rendez-vous des manifestations populaires pour le départ du système. Si, toutefois, cette manifestation s'est déroulée, comme à l'accoutumée, dans le calme, et sans que la police ne fasse montre d'une quelconque velléité de l'empêcher ou de la réprimer, ce n'était, malheureusement, pas le cas l'avant-veille, mercredi, lorsque les étudiants ont tenté de manifester de nuit. En effet, la marche des étudiants s'est soldée, mercredi soir, par l'interpellation d'une quarantaine d'étudiants de l'université Mouloud-Mammeri, sortis pour dénoncer, selon leurs déclarations, l'attitude d'un policier qui aurait manqué du respect à un étudiant de la faculté de Boukhalfa. La foule d'étudiants qui avait commencé a marcher depuis l'entrée principale de l'université Hasnaoua vers le centre-ville a été stoppée dans sa procession par un important dispositif de la BRI et de la police en civile qui ont opéré une quarantaine d'arrestations. Transférés au commissariat situé à proximité de la cité universitaire Bastos, les étudiants arrêtés ont été finalement relâchés vers 2h du matin. Durant leur détention, leurs camarades avaient tenu un sit-in devant ce commissariat pour demander leur libération. S'agissant de la marche du vendredi, la foule, qui avait pris possession de l'esplanade du stade du 1er-Novembre vers 13h, s'est dirigée, quelques minutes après, vers la rue Ahmed-Lamali à destination de la place de l'Olivier. Arrivée au boulevard Abane-Ramdane, la foule s'est encore amplifiée, donnant lieu à une grande manifestation pacifique durant laquelle les slogans habituels du Hirak ont été scandés. Les dernières déclarations de certains dirigeants politiques et médias publics visant à stigmatiser la région ont été dénoncés par les manifestants qui ont exhibé des pancartes sur lesquelles ont pouvait notamment lire "La Kabylie est une ligne rouge". Tout en rejetant les élections législatives prochaines, en scandant "Ulac le vote ulac", les manifestants avaient également dénoncé la dernière vague d'arrestations qui a visé des militants politiques et des journalises. En effet, comme lors de la marche 114, des portraits de notre confrère Rabah Karèche ont été exhibés par les marcheurs. "La presse n'est pas un crime", lit-on sur une pancarte. "Libérez Rabah Karèche", lit-on sur une autre. D'autres manifestants, dont des membres de la famille du militant du MAK, Lounès Hamzi, arrêté et incarcéré depuis plusieurs mois, ont demandé, eux aussi, la libération de ce détenu. "Lounès Hamzi n'est pas un criminel", peut-on lire sur l'une des pancartes. D'autres manifestants ont exhibé les portraits des 22 détenus en grève de la faim depuis plus de 15 jours, après leur arrestation à Alger. "Liberté pour tous les détenus d'opinion, le militantisme n'est pas un délit", a écrit un manifestant sur sa pancarte. À noter que cette nouvelle marche du vendredi s'est déroulée dans le calme et les manifestants se sont dispersés en toute quiétude.