Le foisonnement de départements ministériels, comme ce fut le cas dans les précédents gouvernements, a souvent entravé l'action de l'Etat en créant des rigidités, un manque de coordination et parfois des décisions contradictoires. Le nouvel Exécutif gagnerait à se constituer autour de superministères aux compétences interdépendantes pour plus de cohérence et d'efficacité. Il aura beaucoup été question de cohésion dans les précédents gouvernements, à la fois dans l'action et la gouvernance des portefeuilles économiques. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, la gestion des grands dossiers de la crise manquait d'efficience jusqu'ici. Les précédent Exécutifs ont été marqués par une inflation de ministères et ministères délégués à tel point que la décision était souvent éparpillée entre plusieurs départements dont les prérogatives se chevauchaient et les responsabilités s'entremêlaient de manière assez flagrante, alors que la feuille de route censée suggérer une solution globale à la crise se fait attendre. Depuis le choc pétrolier de 2014, qui a remis au goût du jour les fragilités structurelles et de la faible résilience de l'économie nationale, les gouvernements y allaient à la manière des pointillistes, par petites mesurettes sous forme de palliatifs, sans une politique de réponse globale et minutieusement réfléchie, pariant sans cesse sur une éphémère remontée des cours du brut sur le marché mondial. Si l'économie s'est montrée plutôt peu résiliente aux chocs externes, c'est bien parce qu'une politique cohérente et structurée faisait défaut tout au long de ces années ayant suivi la chute des prix amorcée dès l'été 2014. Les politiques ont réagi trop tard, de manière désunie, autrement à coups de quelques mesures essentiellement monétaires, dont la dépréciation du dinar, le refinancement monétaire et la planche à billets, alimentant à coups de centaines de milliards de dinars une pléthore d'institutions financières et non financières sans que l'espoir de sortie de crise soit réalisé. Les difficultés et les contradictions étaient diffuses à l'intérieur des précédents gouvernements, quand bien même les défis auxquels ils étaient confrontés seraient clairs et sans la moindre ambiguïté. Alors que les consultations autour de la formation d'un nouveau gouvernement se poursuivent, les erreurs du passé doivent être prises au sérieux, de sorte à éviter les ramifications au sein du prochain Exécutif, afin que la décision notamment économique - puisque les enjeux sont essentiellement économiques - ne soit pas éparpillée à l'avenir et l'action plus cohérente que ce qu'elle a été jusqu'ici. Une pléthore de ministères compliquerait la gestion et l'efficience des politiques publiques économiques et sociales. Le précédent gouvernement a surpris plus d'un quant au nombre des portefeuilles, mais aussi sur l'action de certains ministères qui manquaient cruellement de consistance et d'envergure. Les préparatifs en vue de nommer un nouvel Exécutif donnent une réelle opportunité au chef de l'Etat et au Premier ministre de mettre en place une véritable force d'exécution, capables de relever les grands défis qui s'offrent au pays. Les analystes plaident pour la fusion des ministères plutôt qu'un émiettement des prérogatives et des responsabilités qui ne ferait que rajouter une couche à une crise endémique en attente de mesures et d'actions d'envergure et de rupture.