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"LA CRISE SANITAIRE EST UNE OPPORTUNITE POUR TRANSFORMER LES VIEILLES ECONOMIES"
OMAR BERKOUK, EXPERT EN ECONOMIE ET FINANCES
Publié dans Liberté le 15 - 07 - 2021

Dans cette interview, Omar Berkouk analyse la dernière décision de la Banque d'Algérie de mettre en place un programme de refinancement spécial au bénéfice de la croissance, dont il est question de produire 2 100 milliards de dinars ; un cash-flow qui sera mis à la disposition des banques aux fins de redynamiser l'activité crédit. Il s'agit d'une politique de "planche à billets" qui ne dit pas son nom, voire une solution qui peut produire des effets négatifs pour l'avenir, si aucune création de richesse future n'est mise en contrepartie de ce financement purement monétaire, estime-t-il. Selon l'expert, la marge de manœuvre du gouvernement est réduite et les outils de la politique monétaire, dont la dévaluation du dinar, continueront à être les variables d'ajustement dans les prochains mois.
Liberté : La Banque d'Algérie a dévoilé il y a quelques jours un "programme spécial de refinancement" assimilable à une politique de planche à billets puisqu'il s'agit encore une fois d'une création monétaire destinée à faire repartir la croissance. Pensez-vous qu'il s'agit de l'unique solution dont dispose actuellement le gouvernement ?
Omar Berkouk : La question du financement de l'impasse budgétaire (-3 111 milliards de dinars) et du plan de relance économique 2020-2024 relève de la quadrature du cercle. Le Trésor public et la Banque centrale ont épuisé, l'un avec les recettes fiscales, l'autre avec les instruments de la politique monétaire, leurs capacités à générer des ressources supplémentaires non monétaires pour couvrir les besoins financiers de l'économie nationale en général et de l'Etat en particulier. Le recours au financement monétaire des besoins, prévisible de longue date, a été confirmé par la décision de la Banque centrale de refinancer à hauteur de 2 111 milliards de dinars les banques commerciales contre des titres d'Etat comme collatéral. Il s'agit bien d'une "planche à billets" indirecte intermédiée par les banques commerciales. Le précédent refinancement de 6 500 milliards de dinars de 2017 avait mis directement entre les mains du Trésor public les ressources émises par la Banque centrale d'Algérie. Dans un contexte économique et financier fortement déprimé par les crises, l'Etat n'a pas d'autres solutions sans conséquences sociales dramatiques pour le pays. Mais cette solution indolore à court terme peut produire des effets néfastes et dévastateurs pour l'avenir, si aucune création de richesse future n'est mise en contrepartie de ce financement purement monétaire. La perte de pouvoir d'achat et de la valeur du dinar sont les conséquences immédiates. L'illusion de richesse de la population des 20 dernières années va s'évanouir petit à petit.
L'ancien Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a reconnu ouvertement la difficulté de mobiliser les ressources financières "conventionnelles". N'y a-t-il pas un risque que ce nouveau programme de refinancement n'alimente les circuits spéculatifs et les tensions inflationnistes ?
L'aveu d'échec de Djerad à mobiliser les ressources financières existantes et à développer des actions coordonnées pour remettre le pays sur la voie de la reprise et du dynamisme économique confirme la nécessité de modifier profondément le mode de penser et les choix impératifs à effectuer. Peu importe les responsables nommés à l'Exécutif, ils échoueront à poursuivre les politiques de fuite en avant et de "colmatage" de l'économie. L'économie nationale est un moteur à l'arrêt dans lequel on injecte du carburant qui finira par le noyer. Comment provoquer l'étincelle qui rallumera ce moteur pour éviter que toute cette création monétaire ne finisse dans une hyper inflation et une perte de valeur de la monnaie nationale ?
Quelle est, selon vous, la marge de manœuvre du gouvernement, dont le Premier ministre est reconduit aux Finances dans le but à la fois de piloter la nouvelle phase de la politique monétaire et les arbitrages budgétaires complexes des prochains exercices ?
La société algérienne repose sur un "mikado" économique dont il est difficile d'extraire les aiguilles sans provoquer de drames sociaux.Cette situation s'est construite sur les 20 dernières années avec l'aisance financière permise par la hausse du prix du pétrole. Il n'y a aucune marge de manœuvre sans consensus politique et social. Le pouvoir espère qu'un coup de pouce du destin avec une revalorisation du prix du pétrole lui vienne en aide pour peut-être engager les actions nécessaires. En attendant, il va faire de l'inflation et de la dévaluation du dinar ses variables d'ajustement pour limiter les importations et réduire en valeur réelle le poids des subventions.Cette politique d'illusion monétaire ne peut pas être le fer de lance d'une politique économique nouvelle se proposant la diversification comme objectif.
Les cours du pétrole ont retrouvé des couleurs depuis le début de l'année mais demeurent loin des niveaux d'équilibre aussi bien pour le budget que pour les comptes extérieurs. Quelles sont, d'après vous, les réformes et les ajustements budgétaires censées aider à rétablir la viabilité de la balance des paiements, dont le déficit chronique de ces dernières années a accéléré l'érosion des réserves de change ?
Aujourd'hui, l'Algérie a un double déficit : du budget et de la balance courante. Le refinancement par la Banque centrale de l'impasse budgétaire l'a rendue indolore à court terme. Quant au déficit extérieur, la hausse en valeur et non pas en volume des exportations d'hydrocarbures, associée à une limitation des importations, finiront par le faire quasiment disparaître. Dans ce contexte, il ne faudrait pas se réjouir trop vite du retour à l'équilibre de la balance des paiements. Ce retour signerait la mort d'une économie qui a besoin de tout importer pour fonctionner. Il n'y a pas de solutions miracles pour corriger vite et sans douleurs les méfaits de 60 ans de gestion administrative de l'économie nationale, dont 20 ans de gabegie !
Les entreprises peinent à se relever des conséquences du choc pandémique, alors que le besoin de faire repartir la croissance n'a jamais semblé aussi pressant. Le coût social de la crise s'est aggravé avec un chômage en hausse et un pouvoir d'achat qui s'est érodé davantage. N'est-ce pas que le dilemme est plutôt cornélien ; entre les besoins en financements qui se font sentir à tous les niveaux et les impératifs d'une rigueur budgétaire pour réduire les déficits ?
En périodes de crises, on peut oublier la rigueur budgétaire si les déficits sauvent l'économie et préparent l'avenir. C'est ce qui a été fait dans les pays développés qui investissent massivement dans le numérique, la voiture électrique, la pile à hydrogène, la rénovation thermique des logements...etc. Si la pandémie ne reprend pas en Europe, la croissance économique repartira avec des taux inconnus auparavant. Les Etats et leur banques centrales ont injecté des ressources financières en s'affranchissant des règles de gestion contraignantes (limitation à 3% du déficit budgétaire et ratio dettes/PIB de 60%). Les déficits budgétaires ont été de l'ordre de 10% du PIB et le ratio dettes/PIB a pulvérisé les 100% pour s'établir à 120%. Ces Etats savent qu'ils ont engagé une course contre la montre entre l'inflation et la dette. Ils espèrent triompher avec une forte croissance. La crise sanitaire devient une opportunité pour transformer les vieilles économies. Il n'y a pas de vents favorables pour celui qui ne sait pas où il va !

Propos recueillis par : ALI TITOUCHE


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