Les attaques terroristes ont conduit à la fermeture de 377 établissements scolaires dans la région de Tillabéri et à la déscolarisation de plus de 31 000 enfants, affirme Amnesty International. De plus en plus d'enfants sont victimes du terrorisme au Niger, notamment dans la région de Tiallabéri, frontalière avec le Mali, le Burkina Faso et le Bénin, selon un nouveau rapport d'Amnesty International. "Depuis le début de l'année 2021, le conflit dans la région de Tillabéri, située dans l'ouest du Niger, à la frontière avec le Mali et le Burkina Faso, s'est considérablement aggravé. Des enfants sont tués, recrutés pour prendre part aux hostilités, privés de la possibilité d'être scolarisés et déplacés de force", lit-on dans ce rapport de 64 pages, rendu public hier. "Au cours du premier trimestre de 2021, au moins 306 civils, dont 46 enfants âgés de 5 à 17 ans, ont été tués dans cette partie de la région de Tillabéri et dans la région voisine de Tahoua lors de seulement quatre attaques meurtrières", explique le texte. "Dans certaines zones, les filles ne peuvent pas quitter leur domicile à leur guise et certaines sont même contraintes à épouser des combattants", ajoute le texte, soulignant que "dans toute la région, des groupes armés incendient des écoles et menacent des enseignant(e)s pour manifester leur opposition à une éducation qu'ils considèrent comme laïque ou 'occidentale'". Les deux principaux groupes terroristes actifs dans ces zones sont, pour rappel, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Gsim), affilié à Al-Qaïda et dirigé par le chef terroriste targui malien Iyad Ag Ghali, et l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui. "En juin 2021, ces actes avaient conduit à la fermeture d'au moins 377 établissements scolaires dans la région de Tillabéri et à la déscolarisation de plus de 31 000 enfants", affirme Amnesty, qui a rapporté de nombreux témoignages sur les massacres perpétrés dans cette région du Niger, où les groupes terroristes profitent de la porosité des frontières pour se déplacer d'un pays à un autre. "Le Gsim exploite le faible accès à l'école, les perspectives économiques limitées, les pénuries alimentaires et l'absence des autorités locales pour recruter, y compris des enfants", qu'il utilise "en tant qu'espions, éclaireurs et guetteurs", selon Amnesty. Les enfants recrutés suivent un entraînement pour le maniement des armes d'une durée d'une semaine à trois mois, ajoute cette ONG, affirmant toutefois ne pas disposer de chiffres sur ce phénomène. "(Les combattants) ont tué environ 76 personnes à Tchoma Bangou (...) et brûlé nos greniers (...) Je ne les ai pas vus arriver, c'est le bruit (de leurs motos) qui nous a alertés. Dès que nous les avons entendus, nous sommes rentrés dans les maisons pour nous cacher (...) Nous avons dit aux enfants de ne pas pleurer (...) Cela les a vraiment affectés (les enfants) (...) Ils ont peur et, dès qu'ils entendent (une moto), ils viennent", témoigne une habitante de Tchoma Bangou, âgée de 45 ans et mère de six enfants, au sujet du massacre perpétré dans son village et le village voisin, Zaroumdareye, le 2 janvier 2021, rapporte encore AI. "Plus d'une centaine de personnes, dont 17 enfants, ont été tuées, obligeant cette femme et sa famille, ainsi que de nombreuses autres, à se réfugier dans un camp pour personnes déplacées", a-t-elle ajouté.