Les mesures douanières instaurées par l'ancien président américain Donald Trump représentent plus de 370 milliards de dollars par an. Les Etats-Unis de Joe Biden sont prédisposés à négocier avec la Chine aux fins de mettre fin à la guerre commerciale qui oppose ces deux grandes puissances depuis 2018, ont indiqué des sources de l'administration américaine aux médias. L'administration Biden va lancer "dans les prochains jours des discussions franches" sur le commerce avec la Chine, a déclaré l'ambassadrice américaine au commerce, Katherine Tai, devant un centre de réflexion américain. "La Chine a pris des engagements qui doivent profiter à certaines industries américaines, dont l'agriculture, que nous devons faire respecter", a affirmé Mme Tai. Cette volonté de reprendre langue avec Pékin intervient dans un contexte marqué par un ralentissement économique mondial, dû à la pandémie de coronavirus, qui a poussé à la fermeture des frontières et suspendu entre autres le trafic aérien international durant des mois. Washington compte en effet lancer "une procédure d'exemptions ciblées des tarifs douaniers" qui avaient été imposées par l'ancienne administration américaine sous Trump entre 2018 et 2020. L'augmentation des tarifs douaniers sur certains produits chinois équivaut à 370 milliards de dollars annuels. Un responsable américain a précisé sous le couvert de l'anonymat que ces surtaxes resteraient en place le temps de la procédure d'exemption. Le président américain avait demandé à Katherine Tai de procéder à un réexamen global de la stratégie commerciale américaine vis-à-vis de la Chine. "Nous continuons d'avoir de sérieuses inquiétudes concernant les pratiques commerciales" de la Chine qui n'ont pas été abordées dans la phase 1 de l'accord, a également souligné l'ambassadrice, en référence aux problèmes plus structurels comme les subventions massives aux entreprises d'Etat chinoises ou le "vol" de la propriété intellectuelle. La Chine s'était engagée à acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires sur deux ans, dont des produits agricoles, des biens du secteur de l'énergie et de l'industrie manufacturière, l'objectif étant de réduire le déséquilibre commercial entre les deux pays. L'accord signé mi-janvier 2020 entre Donald Trump et le vice-Premier ministre chinois Liu He avait permis une trêve dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui avait ralenti la croissance des deux pays. Mais cet accord a des résultats "mitigés", a indiqué le responsable américain, qui a souhaité garder l'anonymat. Le responsable américain a souligné hier que le but n'est pas "d'aggraver les tensions commerciales" avec la Chine. Mais les Etats-Unis sont prêts à utiliser "toute la gamme d'outils" dont ils disposent et développeront "de nouveaux outils au besoin pour défendre les intérêts économiques américains contre les politiques et les pratiques néfastes", a mis en avant Katherine Tai. "Le cœur de notre stratégie est un engagement à garantir que nous travaillons avec nos alliés pour créer des marchés justes et ouverts", a-t-elle également souligné, selon des extraits de son discours qui a été remis à la presse. Washington ne cache pas que les discussions avec Pékin vont être ardues. "Nous savons qu'il est peu probable que la Chine procède à des réformes significatives pour le moment", a ainsi souligné le responsable. "Pékin est de plus en plus explicite sur le fait qu'il redouble d'efforts dans son approche autoritaire et centrée sur l'Etat, et résiste à répondre à nos préoccupations sur les aspects structurels", a déclaré le responsable. "Nous reconnaissons que la Chine ne peut tout simplement pas changer et que nous devons avoir une stratégie qui compose avec la Chine telle qu'elle est, plutôt que telle que nous pourrions souhaiter qu'elle soit", a-t-il conclu.
