RESUME : Madjid s'est rendu au village. Sa mère est surprise par sa demande mais elle ne refuse pas. Elle est heureuse de les réaccueillir. Quelques jours après, ils déménagent. Après toutes ces semaines de stress, Fahima allait enfin pouvoir retrouver la paix. Madjid et Fahima s'installent au second étage, laissant celui du premier inoccupé, pour ne pas déranger Dounia et aussi pour marquer l'espace. Cet étage qui les “coupe”, leur permettra de préserver l'intimité de leur vie familiale. Fahima a pris une semaine de congé afin de s'installer. Elle y va doucement, ne voulant pas se fatiguer. Sa belle-mère a proposé de l'aider mais elle a refusé, tenant à rester seule. Madjid a repris son travail et il doit se lever une heure plus tôt, pour ne pas ariver en retard. Fahima a su, avant même de venir ici, que les déplacements seront épuisants. Ils n'ont pas encore acheté de voiture. Il leur manque une petite somme qu'ils devront économiser les prochains mois. À moins d'acheter une voiture d'occasion, mais ce serait prendre le risque d'être en panne, une semaine sur deux, si ce n'est pas un jour sur deux. Ils pourraient emprunter, mais tous ceux qu'ils connaissent sont comme eux, des employés qui parviennent difficilement à joindre les deux bouts. Ils ne peuvent pas s'adresser à eux. Mais, la solution viendra de son beau-frère Aïssa lorsqu'il apprendra qu'ils sont revenus vivre avec leur mère. En parlant des difficultés quotidiennes pour se rendre au travail et pour rentrer en fin de journée, il leur envoie une somme d'argent importante. - Pourquoi ? demande Madjid. Je ne me suis pas plaint, pour que tu mettes la main à la poche ! Je peux me débrouiller seul ! - Je l'ai fait de bon cœur, répond son frère au téléphone. Je commençais à culpabiliser en la sachant seule. Maintenant que tu es avec elle, je me sens mieux ! C'est la moindre des choses que je pouvais faire, puisque j'ai les moyens de t'aider ! - Grâce à ta générosité, je vais acheter un véhicule neuf. Merci ! - Non, c'est naturel, insiste Aïssa. Mère est vieille et elle ne doit plus rester seule… J'espère que Fahima saura être patiente avec elle ! - Je l'espère aussi. Mère n'a jamais été facile, et tu sais qu'elle adore compliquer les choses, lui rappelle Madjid. Maintenant qu'elle a pris de l'âge et qu'elle a vécu longtemps seule, peut-être qu'elle en a tiré une leçon ? Fahima ne peut pas être la seule à faire des efforts. Le fait de vivre chacun dans son coin, les arrange. Après l'achat de la voiture, Fahima passe son permis et c'est elle qui conduit. Madjid lui a laissé le véhicule, pour qu'elle puisse rentrer à temps. Leurs filles restent avec leur grand-mère et c'est mieux ainsi pour la famille. Les fillettes regardent la télévision quand elles ne sont pas dehors à jouer, dans la cour ou avec les chevreaux de l'oncle Ali. La famille prend de nouvelles habitudes et Fahima, même si elle est épuisée en rentrant le soir, invite souvent sa belle-mère, l'oncle Ali et les cousins de son mari, à dîner. Lorsqu'ils ne s'invitent pas d'eux-mêmes. - Ils sont si gentils et si serviables, dit-elle à son mari. Les filles vont souvent jouer chez eux. - C'est ça le fait de vivre entouré de sa famille ! réplique-t-il. Là où elles vont, elles sont comme chez elles. Il n'y a aucun inconnu. Il ne peut rien leur arriver ! Ce n'est pas comme en ville où on ne peut pas les laisser sans surveillance. Depuis qu'ils vivent au village, Fahima se sent beaucoup mieux. Elle n'est plus stressée et ses inquiétudes se sont comme envolées. La dernière remarque de son mari lui rappelle la raison même de leur retour au village. Elle se demande si elle n'avait pas pris la menace un peu trop au sérieux. Même Djamila trouvait qu'elle en a un peu trop fait. Mais devant le danger, la fuite est souvent la meilleure solution. En protégeant sa famille, elle a l'esprit tranquille. Elle part à son travail, le cœur rassuré. Cependant, elle ne peut pas tout contrôler. Elle allait l'apprendre, un matin comme les autres. Elle n'est pas maître de sa destinée, ni de celles des autres… A. K. (à suivre)