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Khadda, la flamboyance tellurique
Publié dans La Nouvelle République le 19 - 05 - 2011

Le Mama revient en force avec un hommage qui commémore les vingt ans de la disparition de Mohamed Khadda. L'exposition prend place sur trois niveaux du musée : le sous-sol, le rez-de-chaussée et le premier étage. Avec des œuvres inédites de collectionneurs présentées sur des techniques précises du peintre qui a marqué de larges pans de notre histoire artistique. C'est donc dans un «jardin enchanté» que nous sommes conviés depuis le 4 mai dernier pour un voyage pictural décliné en quelques étapes qui montrent des aquarelles, huiles et gravures diversifiées.
Une rétrospective catalysée par une muse infatigable qui a accompagné Khadda durant de longues années et qui, à nos jours, se lance dans une préservation de la mémoire qui a donné ses preuves par un superbe événement parmi tant d'autres. Evénement révélant encore plus de finesses de l'œuvre magistrale du plasticien qui s'en va par le monde marquer les sens de tous les amateurs d'art avertis. Sur des techniques diverses qui montrent l'étendue du talent protéiforme de ce grand plasticien. Des aquarelles, gravures sur bois, sur plomb et sur plastique trônent sur les trois espaces dédiés aussi aux huiles dont nombre d'entre elles ont été prêtées par des collectionneurs privés. C'est donc une rétrospective très complète qui révèle de bien beaux secrets à un public nouveau, curieux de connaître le parcours esthétique et engagé d'un peintre flamboyant. Un artiste au parcours exceptionnel Il faut dire que Mohamed Khadda a suivi un parcours atypique. Mohamed Khadda est né le 14 mars 1930 à Mostaganem. On le considère comme l'un des fondateurs de la peinture algérienne contemporaine et l'un des principaux représentants de ce que l'on nomme l'Ecole du Signe. Cette propension au signe s'est nourrie d'une vie touffue, chargée des événements les plus tragiques, un père et une mère aveugles, le trachome faisant rage, des spoliations de terres, le dénuement complet des suites de cette maudite colonisation, sans oublier la perte de deux de ses frères. Khadda a vécu ces étapes de sa vie comme autant de catalyseurs de rage contenue. Quelques années après, en 1936, il intègre l'école indigène de Tigditt, quartier arabe de Mostaganem. En 1942, la famine fait grouiller les estomacs et fait partir la famille qui s'enfuit à pied vers Tiaret. Khadda fait le périple en portant alors son frère sur ses épaules. Arrivés sur place, le constat est sévère : ils découvrent que la tante qui les héberge est aussi misérable. Ils tiendront en sa compagnie trois mois pour amorcer ensuite un retour sur la ville de Mostaganem. Mohamed, le jeune courageux, continue à étudier ; il obtiendra, ainsi, en 1943 le diplôme qui lui ouvre les portes du lycée. Cette étape accomplie, il se verra sollicité par son père pour subvenir aux besoins de la famille. Mais le jeune fils trouvera en son instituteur une âme bienveillante qui le laissera encore étudier pendant une précieuse année. En 1944, Khadda obtient son certificat d'études. Il travaille ensuite à l'imprimerie de l'Aïn Sefra qui se trouve en plein centre de Mostaganem, précisément à la rue des Lions. Dans ce lieu bruyant et empli de vie, Mohamed commence à dessiner et à faire des croquis destinés à l'impression. Le soir, il s'initie aux secrets de la reliure, en lisant, au passage, les livres qui lui sont confiés. Il se frottera aux délicates volutes des lots de Hafid Djami, Omar Khayyam, Mohamed Abdou, Taha Hussein, Gide, André Breton, Jean Cocteau. Trois ans plus tard, Khadda rencontre Abdallah Benanteur, l'ami fidèle, s'inscrit à une école de dessin par correspondance, réalise ses premières aquarelles, puis des pastels et des peintures. Il approfondit son approche de la peinture aux hasards de ses rencontres dans les librairies et aux marchés aux puces. En 1948, il va rendre visite, avec Benanteur, à un ami hospitalisé au Sanatorium de Rivet et découvre le Musée des Beaux-Arts d'Alger où il voit longuement les toiles de Delacroix, Fromentin, Chassériau, Dinet, les sculptures de Rodin et de Bourdelle. Le sentiment nationaliste progresse décisivement en cette époque. Khadda découvre ainsi la pensée de Benbadis, adhère un moment à la Jeunesse de l'UDMA de Ferhat Abbas. Il a pour amis l'homme de théâtre Abderrahmane Kaki, Mohammed Tengour, qui milite pour le PPA indépendantiste de Messali Hadj, Mustapha Kaïd, acquis à l'idéal communiste. Il suit les cours d'arabe donnés dans un garage, bientôt fermé par la police, fréquente les ciné-clubs et élargit à travers les films de Cocteau et de Bunuel sa connaissance du surréalisme. Il va fréquemment voir à Oran les expositions de la galerie d'avant-garde Colline. Il écrit des poèmes, s'essaie à la sculpture (pierre, plâtre et terre) et peint sur le motif avec Benanteur autour de Mostaganem. En 1953, Khadda et Benanteur arrivent à Paris où ils visitent longuement musées et galeries. Khadda dessine le soir à l'Académie de la Grande Chaumière de Montparnasse, se lie avec le romancier Kateb Yacine, milite pour l'indépendance de l'Algérie et adhère au Parti communiste. 1961 : première expo personnelle Après avoir participé à plusieurs expositions collectives et Salons, notamment celui des réalités nouvelles en 1955, 1957 et 1958, il réalise sa première exposition personnelle en 1961. Mohammed Khadda rentre en 1963 en Algérie où il expose régulièrement. Membre fondateur en 1964 de l'Union nationale des arts plastiques, dont il est le secrétaire de 1972 à 1975, il y défend la peinture non figurative, violemment dénoncée à cette époque, illustre plusieurs recueils de poèmes (Jean Sénac, Rachid Boudjedra) et crée des décors et costumes pour les Théâtres d'Alger et d'Oran (Abdelkader Alloula). En 1971, paraissent ses Eléments pour un art nouveau, une introduction à l'histoire de l'art en Algérie depuis les fresques du Tassili, l'art berbère de Kabylie et l'art arabe jusqu'aux premiers peintres algériens et le «nouveau souffle» de la génération suivante. Mohammed Khadda travaille, entre 1973 et 1976, à la réalisation de plusieurs peintures murales collectives, accompagne de ses dessins, dans les années 1980, plusieurs recueils poétiques et rassemble en 1983 dans Feuillets épars liés la plupart de ses articles et préfaces. Il participe en 1986 à l'exposition inaugurale des collections permanentes de l'Institut du monde arabe de Paris. Khadda préface en 1989 L'Arbitraire, un texte sur la torture, et poèmes de Bachir Hadj Ali, en 1990, un livre sur Mohamed Racim. (sources : Wikipédia). Toute cette expérience construite sur un vécu tonitruant laissera pour l'éternité une œuvre empreinte d'humanisme et de profondeur avec cette rage autant contenue qui explosera en mille et une traces fécondes de lumière et d' écritures telluriques baignées dans le sang des justes. Entre politique et art, Mohamed choisira le libre arbitre, celui qui élimine toute forme d'héritage réaliste socialiste pour se livrer à une abstraction lyrique qui prendra le signe à bras-le-corps pour le diluer dans un art qui s'en ira investir le monde par sa charge émotionnelle inscrite dans l'art musulman, dans la calligraphie chinoise ou dans les œuvres et idées de Marc Tobey, qui l'intéressera à plus d'un titre. Bien souvent, Khadda se verra houspillé par les tenants de la pensée unique, le traitant de peintre abstrait avatar d'un art occidental hégémonique, patiemment, intellectuellement, théorique jusqu'au bout de ses ongles salis par les encres de sa gravure. Khadda défendra son art de l'algérianité, de ses composantes terrestres qui sont filles de l'olivier et de ses noces de cendres avec la terre craquelée des ancêtres. Le public qui visite aujourd'hui le Mama capte naturellement cette force de la nature qui a produit des centaines de travaux mêlant un art consommé de l'engagement tous azimuts pour les mouvements de libération dans le monde, avec ces causes pour le Chili, le Liban, la Palestine ou le Vietnam. Il ne se laissera jamais instrumentaliser par les discours pompeux et les héroïques tracteurs qui, conduits par des paysans stakhanovistes, avaient fini par se couler dans les iconographies socialistes comme les vérités plastiques. Mohamed Khadda, authentique artiste, avait écrit, justifié, décrit et milité pour inscrire son art dans la modernité de son temps. Il a réussi à faire de cette peinture un élément ultime de la contemporanéité. Son œuvre a ainsi parcouru le monde et continue à éclairer les consciences. Pour découvrir les secrètes arcanes de cette œuvre qui, au début, était simple, mais qui est devenue aujourd'hui majestueuse, le Mama accueille le public jusqu'à la fin de juin. Jaoudet Gassouma Exposition «Khadda, Tables-rondes», Mama, rue Larbi Ben-M'hidi, exposition visible du 4 mai au 30 juin 2011, entrée libre

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