Ces dernières quarante-huit heures, les habitants du chef-lieu de la wilaya d'Annaba et les communes d'El Bouni et Aïn Berda se sont réveillés au rythme des grèves des travailleurs de différents secteurs dont ceux de l'entreprise Batimétal, des routes barrées, sit-in, marches de protestation. Ces événements avaient été précédés la veille par des mouvements similaires avec des attroupements devant le siège de la wilaya organisés par des centaines de personnes des deux sexes. C'est comme si les acteurs directs répondaient à un mot d'ordre tendant à semer le trouble sur la voie publique et à fermer les infrastructures à forte densité de circulation routière comme les RN44, RN16 et RN 21. Revendications de logements sociaux, emplois, amélioration de l'environnement social des habitants reviennent sans cesse dans les propos des manifestants. Ce dernier mardi, les habitants de Coudiat Mrah, une localité de la daïra d'Aïn Berda, à une trentaine de kilomètres d'Annaba, ont investi un tronçon de la RN 21 reliant Annaba et Guelma, carrefour menant à diverses destinations. Ils l'ont occupé durant toute la journée de mardi et la matinée de mercredi car s'estimant démunis du minimum de conditions pour vivre décemment, et ce malgré leurs multiples appels aux autorités locales. Pour faire entendre leur voix, ils n'ont pas trouvé mieux que de dresser des barrages à l'aide de grosses pierres et des pneus incendiés. Durant des heures, ils ont paralysé la circulation interdisant de fait aux automobilistes et usagers des transports de voyageurs de rejoindre Annaba, Guelma, Constantine, Souk Ahras et d'autres wilayas. Dans la même journée de mardi, dans la commune chef-lieu de wilaya, profitant de la grève des avocats, plusieurs dizaines de personnes s'étaient attroupées devant le tribunal correctionnel de la ville. Ils avaient la ferme intention de semer le désordre avec pour argument le report de leur procès ou la mise en liberté des prévenus. Quelques dizaines de mètres plus loin, plusieurs centaines d'autres hommes et femmes assiégeaient le siège de la wilaya. Le logement social ou l'inscription sur une liste d'attributaires appelés à en bénéficier à court terme sont les principales revendications. Des argumentations similaires ont été avancées mercredi par des centaines de personnes des deux sexes des cités Seybouse et Beni M'haffeur, dans la commune d'Annaba. Comme s'ils voulaient démontrer qu'ils étaient déterminés à en découdre avec les éléments de la brigade anti-émeute venus pour parer à toute éventualité, les uns comme les autres ont pratiquement bloqué des heures durant la circulation routière et lancé divers projectiles. «Ceux qui multiplient de telles tentatives avec pour objectif de semer le trouble sur la voie publique ne sont pas réellement des demandeurs de logement ou d'emploi. Nous savons qu'ils sont manipulés par certains qu'une situation de désordre arrangerait. Toutes les dispositions ont été prises pour que l'ordre et la loi soit respectés. En ce qui concerne les attributions de logements sociaux, les membres des commissions impliquant les représentants des quartiers et des cités siègent chaque jour pour étudier les dossiers des demandeurs ou des familles à recaser. Ceux qui ne figurent pas sur ces listes ont la possibilité d'introduire un recours ou de se rapprocher des services compétents de la wilaya pour bien se renseigner», a affirmé Mohamed Ghazi, wali d'Annaba. Il sortait d'une réunion de l'Assemblée populaire de wilaya où justement la question de la réalisation de nouveaux logements sociaux a été abordée. Nous saurons ainsi qu'il est prévu de lancer la réalisation de la nouvelle ville qui comptera 30 000 logements dont plus de 15 000 de type social. En tout état de cause, ces manifestations empiriques paraissent obéir à des mots d'ordre donnés dans les coulisses par ceux qu'intéresserait la mise à feu et à sang de notre pays, ce dont semble avoir pris conscience la majorité des habitants, notamment ceux véritablement dans le besoin d'un logement ou, en ce qui concerne les jeunes, à la recherche d'un emploi. Toujours en tête des cortèges de protestation et des manifestations il y a quelques mois, ces pères et mères de famille ainsi que ces jeunes ont décidé d'utiliser les moyens légaux pour s'exprimer ou pour défendre ce qu'ils estiment être un droit.