C'est une Coupe d'Afrique des nations différente, peut-être même exceptionnelle qui arrive. Secouée par une situation loin d'honorer ses auteurs. La CAN-2015 se déploiera avec force et dans toutes ses formes dans un autre pays, en l'occurrence la Guinée équatoriale. «Ils ont pulvérisé le Maroc», ce cri de ce jeune étudiant marocain résonnera encore pour longtemps dans le ciel du royaume après la disqualification de son pays. En attendant, ce sont les équipes camerounaise, gabonaise et sénégalaise qui s'alignent une nouvelle fois sur la ligne de départ après avoir manqué l'édition de 2013. L'Afrique du Sud, l'Algérie, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Tunisie, la Zambie sont, quant à elles, les premières des seize équipes qui participeront à la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations 2015 qui aura lieu en Guinée équatoriale, le pays où aura lieu la phase finale du 17 janvier au 8 février prochain. Les regrets commencent à faire surface et à se manifester au sein du royaume. «Il faut attendre pour voir, les victoires aujourd'hui ne seront pas celles de demain et cette CAN ne sera pas celle des grandes révélations, il y aura des équipes qui vont décevoir, parce qu'elles partent déjà comme finalistes», tonnera un joueur professionnel de l'équipe nationale marocaine. Quant à Benatia, le capitaine de la sélection marocaine, lui ne cache pas sa nervosité. «Une situation difficile pour les Lions de l'Atlas qui seront obligés de suivre la compétition continentale en simple spectateur» et de reconnaître en toute sportivité «nous (les joueurs) sommes les premières victimes de cette situation. On est très déçus car on avait à cœur de faire une grande CAN à domicile et de montrer que nous étions capables de rendre heureux nos supporters. (...) Nous respectons sans ambiguïté leur décision (de la Fédération marocaine) d'avoir demandé le report de la compétition et notre solidarité est totale. Et nous sommes particulièrement déçus de la position de la CAF.» Déjà en avril 2014, il déclarait dans une interview accordée au journal Le Matin.ma «En me référant au constat actuel, je pense que nos chances sont bien maigres, ce serait même très difficile de décrocher le titre de la CAN. On n'a toujours pas d'entraîneur et on ne dispose pas d'un groupe compact et solide. Cependant, j'estime que nous avons encore beaucoup de temps. Si tout le monde s'investit et que l'encadrement est de qualité, je pense qu'on pourrait avoir une équipe compétitive d'ici janvier 2015.» D'autres réactions se complètent sur RTL : «On ne comprend vraiment pas la position du gouvernement marocain, surtout que l'OMS avait déjà donné des garanties suffisantes quant à la non propagation de la maladie Ebola.» L'autre réaction d'un supporter : «On est déçu car nous sommes un peuple qui aimons le foot. Là, ils vont sans doute aussi priver nos clubs de Coupes d'Afrique», renchérit Mohammed, en allusion au risque d'autres sanctions de la CAF. Enfin, c'est cette dentiste marocaine qui met le feu à la baraque, rapporte le Journal SO.FooT où elle énumère les contradictions : «Le Maroc n'a pas fermé les lignes aériennes avec les pays touchés par Ebola. La Guinée joue ses matchs de qualifications de la CAN chez nous, à Casablanca. Cerise sur le gâteau, la Coupe du monde des clubs (maintenue en décembre à Marrakech et Rabat) n'est pas annulée. Ces faits n'ont pas échappé à la CAF. Il y a de quoi se poser des questions, surtout quand des indiscrétions fuient dans les médias.» Au journaliste de commenter cette réaction, «ces indiscrétions incarnent, dira-t-il, pour certains la vraie raison pour laquelle le Maroc voulait reporter. Pour Fatima Bartali, journaliste de Maroc Football : «La raison évoquée par le royaume est légitime. La psychose qui aurait entouré la compétition aurait été difficile à vivre. Mais il y a sûrement d'autres raisons qui ont motivé cette décision.» Bouchaieb, membre du groupe d'ultras du Wydad Casablanca Winners 05, détaillera : «Bien sûr qu'on allait être à fond derrière la sélection. Mais on est à la rue depuis des années, au fin fond du classement FIFA (88e actuellement, le Maroc est la 24e nation africaine). Les leçons des CAN-2012 et 2013 (éliminations au 1er tour) n'ont pas été tirées. L'équipe est bancale et on essaie de nous faire croire qu'on est fin prêts parce qu'on a battu le Qatar et la Centrafrique en match amical ! On a échappé au ridicule mais ça ne fait que commencer. Si on est condamnés à jouer uniquement des matchs amicaux pendant des années, comment donner envie aux jeunes binationaux de choisir la sélection marocaine ? Ils vont tous faire comme El Haddadi et Bellarabi, qui ont choisi de jouer pour l'Espagne et l'Allemagne. La souffrance de suivre la CAN-2015 à la télé est déjà suffisamment forte.» Ainsi explose le rêve des Lions de l'Atlas.
