La prolifique sardine, communément surnommée le poisson du pauvre, va, si les choses continuent à évoluer dans l'anarchie caractérisant le secteur de la pêche, complètement se raréfier, peut-être même disparaître. Cette espèce essentielle dans la chaîne alimentaire marine, et représentant en apports calorifiques une part considérable se chiffrant en millions de tonnes de captures chaque année pour agrémenter les tables à manger, se trouve incluse dans le listing des espèces menacées de disparition. La disparition de la sardine entraînera inéluctablement la raréfaction ou l'extinction de poissons beaucoup plus gros comme le thon, l'espadon, le chien de mer, le requin, et des dizaines d'autres familles de poissons migrateurs, indépendamment des baleines, des dauphins, des cachalots, des orques, de la baleine à bosse, des raies-manta qui peuvent peser jusqu'à 2 tonnes. Autrement exprimé, la disparition de la sardine mettrait en péril la vie sous-marine, ainsi que d'une très large participation quantitative à la sécurité alimentaire de l'humanité, d'autant que l'agriculture en termes de production est à bout de souffle. La presse, depuis des décennies en lanceurs d'alerte, a soulevé le problème de l'anarchie ayant un rapport direct avec le carnage se déroulant quotidiennement dans nos eaux territoriales, dont sont responsables les marins-pêcheurs algériens ; la responsabilité n'incombe pas aux seuls marins, puisque les autorités portuaires laissent faire, en dépit de l'existence d'une réglementation stricte régentant la pêche, où il est stipulé que la capture des espèces doit obéir à des critères de calibrage inviolables, sous peine de lourdes amendes, de mise en quarantaine du chalutier, sinon du sardinier en cas de transgression de la codification. En cas de récidive, le capitaine peut être mis en examen et encours une peine de prison de plusieurs mois, outre le retrait de la licence. Dans tous les pays où la pêche est structurée comme n'importe quelle autre activité d'exploitation des ressources naturelles, le capitaine avant de remonter ses filets, s'assure que le calibre de l'espèce pêchée est conforme aux normes admises pour la commercialisation, et pour ce faire, il n'hésite pas à prendre un double-décimètre pour mesurer le poisson. Au niveau des pêcheries, des agents spécialement détachés se chargent de faire respecter la loi. A l'époque cela se faisait au niveau de toutes les pêcheries, mais hélas, cette pratique n'a plus de raison d'être avec la généralisation de la corruption. Ainsi est née la débandade faisant que les périodes de pêche permettant aux poissons de s'accoupler, de pondre pour se reproduire ne soient plus respectées ; que des sardines d'une longueur de 4 à 5 centimètres au lieu de 11 et 12 centimètres soient commercialisées au vu et au su de tous, en toute impunité dans les marchés de gros comme de détails, et que les armateurs ne se gênent plus pour utiliser des filets de pêche interdits par le fait que leurs maillages très serrés drainent tous les poissons se trouvant sur son passage, sans laisser aux plus petits la moindre chance d'échapper à la prise de ce qu'on peut logiquement appeler un génocide envers les espèces marines. Ce véritable crime économique, au regard de ses répercussions sur les générations futures, qui ne verront plus la sardine que sur les images, reste comme un phénomène d'inconscience collective qu'alimente le fatalisme des plus étroits des mercantilistes.