«Ala Hamich Safha» est le titre d'un recueil de 16 nouvelles, publié récemment par l'écrivaine Fadila Behilil, dans lequel, foisonnent des scènes et des situations de vie, mais aussi des états d'âme et des monologues intérieurs. Fadila Behilil dévoile, dans son tout premier recueil, un grand talent dans l'observation des scènes de vie, en mettant en relief les sentiments de ses personnages qui révèlent leur for intérieur, à haute voix, lorsqu'ils souffrent, aiment et éprouvent de la joie, rendant ainsi le monde intérieur en parfaite symbiose avec le monde extérieur. Un penchant pour le discours direct, plus proche de l'épistolaire, caractérise les récits de Behilil en termes de style d'écriture et de genre, et même si le moment d'écriture peut différer d'un texte à un autre, la disparité dans ses nouvelles en est bel et bien justifiée. L'autre caractéristique de Behlil, c'est la fusion avec le texte. En effet, l'auteure se laisse à peine une marge pour méditer ses écrits, comme si elle écrivait pour un lecteur qui est en elle, mais elle garde le même langage intérieur pour les personnages solitaires de ses très courtes nouvelles et les personnages trahis de ses nouvelles relativement plus longues, auxquels elle consacre le deuxième chapitre de son recueil. Dans sa nouvelle «Ana Oufakir» (Je pense, NDLR), l'essayiste fustige une société traditionnaliste qui traque toute velléité de réflexion. Une société dont la chape de plomb se fait sentir dans toutes les nouvelles, où les personnages principaux se rencontrent dans des lieux quasi-clandestins. La nouvelle «La Yaanini» (ça ne me concerne pas, NDLR) traite de la démission et de l'insouciance dans la société à travers une interprétation suggérée des ces phénomènes. Le paroxysme de la cruauté est illustré dans «Dhariba Alya» (Un lourd tribut, NDLR), l'histoire d'une femme qui perd son honneur pour décrocher un emploi. Rongée par le regret, elle perd la vie renversée par une voiture. «Ethar El Mour» (La vengeance amère, NDLR), un autre récit qui, à travers un langage franc et une trame dramatique bien maitrisée, est une véritable plongée dans les méandres de la société à travers l'histoire de l'enfant Youcef, kidnappé et assassiné. Le monde de Behilil est fait de littérature et de lecture, sans lesquels, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue: un message qu'elle semble vouloir transmettre de sa nouvelle «Kasida Moualaka» (Poème en suspens, NDLR). Les écrits de Behilil partagent en commun de nombreux détails: dans presque toutes les nouvelles, le récit est fait par une femme et le personnage principal est quasiment toujours en tandem. De même, son thème de prédilection reste la femme et son approche de l'Autre, de l'amour et de l'attachement comme l'illustre la nouvelle «Essoukout Hoznan» (Tomber par chagrin, NDLR), où la cruauté de l'être aimé abandonnant son amoureuse s'apparente à une démission. «Ziara» (Visite au saint, NDLR) est l'apogée de tout le recueil, de par la pluralité des personnages, des rituels et des situations réunis. Native de Ain Sefra, dans la wilaya de Naâma, Fadila Behilil, diplômée de l'université de Saïda, est une jeune écrivaine qui a déjà publié des écrits sur les sites littéraires et dans des journaux.