La pièce théâtrale Birat Khrabib, une coproduction du théâtre régional de Constantine et la coopérative culturelle El-Massil, a fait bonne impression auprès du public de la maison de la culture Hassan-El-Hassani de Médéa, lors de la troisième Journée du festival national de théâtre comique. L'assistance nombreuse n'a pas trouvé de grandes difficultés à plonger, mardi dès le début du spectacle, dans l'histoire tourmentée de l'équipage de ce bateau pirate, en dérive en plein océan ou va se dérouler l'essentiel des péripéties que vont vivre les membres de l'équipage. «Birat Khrabib» est l'histoire d'un bateau pirate commandé par un capitaine autoritaire, qui fait régner la terreur, aussi bien sur les mers, qu'au sein de son propre bateau, soumettant son équipage à un régime de fer ou aucune contestation ou avis contraire n'est permis, même dans les pires situations. Aveuglé par son autoritarisme, le capitaine du bateau pirate décidera de faire route vers le port El-Merikh, là où se rassemble tous les grands bateaux remplis de marchandises et de biens, alors que l'expédition s'avère des plus périlleuses, d'autant qu'il ne disposait pas d'un plan de navigation précis. Après plusieurs jours de navigation, le capitaine se rend compte que son navire est en pleine dérive. Les véritables ennuis de l'équipage vont commencer, dès qu'ils apprennent que leur embarcation a subi une avarie et doivent, par conséquent, se délaisser d'une partie de leurs vivres et provisions d'eau pour continuer leur voyage. Leur peine n'était pas finit pour autant, car, ils doivent se sacrifier eux-mêmes pour tenter de sauver leur bateau. Le capitaine ordonna, alors, de jeter par-dessus bord quelques marins, de sorte que le bateau puisse résister à cette avarie. C'est à ce moment qu'un vent de contestation commence à souffler, annonçant un début de rébellion qui va précipiter la chute de ce capitaine et la prise des commandes par son second. Ce dernier pensait que l'écartement du commandant du bateau va lui permettre de réaliser ce rêve. Or, le chef de la rébellion va échouer, à son tour, à trouver la route vers El-Merikh et le bateau poursuivra sa dérive au milieu de l'océan, faute d'un bon plan de navigation... En résumé, «Birat Khrabib» symbolise l'échec de toute démarche dépourvue de vision claire et d'un plan d'exécution bien défini, auquel est associé l'ensemble de la communauté, outre les dangers d'une dérive autoritaire qui ne laisse guère de place au dialogue et à la concertation entre les membres de cette même communauté. Le public médéen a été invité, lors de la présentation de la pièce «Ed-dhif», produite par l'association Noujoum El-Fen de la ville de Tipasa, a une immersion dans le monde de la sorcellerie et du charlatanisme, à travers l'histoire dramatique d'une famille de modeste condition, prise dans les rets d'un personnage sans scrupules qui transformera leur vie en cauchemar. Moins captivante que «Birat Khrabib», «Ed-difh» est une approche terre-à-terre d'un fléau qui gangrène la société et auquel les médias commencent à prêter plus d'attention, eu égard à ses implications et ses ravages au sein de la société. La pièce se situe dans un style simple ou le décor et la mise en scène ne constitue pas la force du spectacle, car, tout est basé sur le texte et l'interprétation, ce qui a quelque peu suscité un «certain malaise au sein du public, qui s'attendait à plus d'animation et de chaleur sur scène», explique Mohamed Boukeras, critique de théâtre, qui suit depuis des années ce festival. Les jeunes comédiens de la troupe Noujoum El-Fen «n'ont pas démérité. Ils se sont donné à fond, tout le long du spectacle, et leur prestation a été régulièrement applaudi par le public, malgré l'absence de sensations fortes dans cette pièce emprunte plus de tristesse que d'humour». Ce manque de symbiose avec le public présent a suscité un sentiment de frustration chez ce même public, d'autant plus que le sujet choisi, en l'occurrence le charlatanisme et la sorcellerie, ont laissé peu de place au rire et à l'humour, alors que les spectateurs sont venus spécialement pour cela, note encore ce critique. «Ed-difh» traduit les dégâts que peuvent provoquer l'ignorance et la précarité au sein de la société, ainsi que le pouvoir, de plus en plus dominant, des charlatans qui écument les villes et villages, en quête de proies faciles, manipulables et exploitables à souhait.