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Bassekou Kouyaté, retour au blues
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 03 - 2019

Avec Miri, composé en partie dans son village natal, l'ambassadeur du ngoni, Bassekou Kouyaté tâche de trouver, en musique, des solutions pour l'avenir de son pays : un disque calme, apaisé et puissant.
«Mon village natal se situe dans la région de Ségou, à 480 km de Bamako. Avant d'arriver à Ségou, tu vires à gauche. Ici, sur les rives du Niger, environ 1500 habitants vivent des cultures agricoles – riz, mil, etc. –, de pêche et de musique.» Par ces mots, le héros du ngoni, le Malien Bassekou Kouyaté, décrit Garana. C'est ici, dans la contemplation des eaux du fleuve, qu'ont éclos les premières notes de son dernier disque, Miri. Il raconte : «J'étais sur les lieux de mes racines. Je grattais mon ngoni. Je me laissais imprégner par le coucher de soleil, par cette eau qui filait, les poissons en train de jouer.
Les premières harmonies se sont mises à affleurer…» Ce retour aux sources, pour cet habitant de Bamako, s'explique par un événement charnière dans une vie d'homme, la mort de sa mère, à laquelle il dédie une chanson-hommage. «Lorsque tu as une maman, tu as une maison avec une porte fermée à clef. Lorsqu'elle disparaît, c'est comme si on avait arraché cette porte. Ma mère cimentait le village, elle résolvait les problèmes de famille, trouvait toujours la bonne formule. Elle laisse un grand vide», dit-il. Ce néant, Bassekou le comble par la musique et le calme qu'il accueille en lui.
Réflexion musicale pour le Mali
Loin des tumultes des grandes villes, loin de l'agitation, près du fleuve, Bassekou, en introspection, réfléchit. Et voici pourquoi ce disque s'intitule Miri, un mot qui signifie «réflexion», «rêve», «contemplation», en bamana. Sur les rives du Niger, Bassekou réfléchit à ce qui l'inquiète le plus – l'avenir de son pays. «Que peut-on, que doit-on faire ?, s'interroge-t-il. Comment sortir de cette impasse dans laquelle s'enfonce notre pays depuis quelques années ? À titre personnel, je ne pense pas que la force ou les armes soient des réponses adaptées. Nous sommes dans un État de droit, nous devrions jouer cartes sur table pour trouver ensemble un bon terrain d'entente.
Dieu nous a placés sur une même terre. Nous ne pouvons pas nous entre-tuer. Il faut trouver la formule adéquate». Parmi les maux qui gangrènent le Mali, Bassekou Kouyaté cite en vrac la cupidité et l'égoïsme des hommes politiques, la jalousie maladive des citoyens qui entraîne des conflits, comme celui entre nomades et cultivateurs… Et surtout, il désigne les islamistes comme le pire des fléaux. «On n'en veut pas au Mali !, martèle-t-il. Pourquoi ont-ils choisi notre pays ? Nous étions tranquilles avant eux. Dans certains endroits comme Gao, Kidal ou Tombouctou, ils dictent leurs lois, imposent leurs manières de vivre, achètent la conscience des habitants.
Ainsi interdisent-ils la musique. Or, celle-ci est l'une de nos plus grandes richesses. Qui veut stopper la musique stoppe le cœur du Mali.» Pour contrebalancer cette violence, les musiciens doivent faire œuvre de résistance, pense Kouyaté. «Bien plus qu'à celui des politiciens, ces menteurs, je crois au pouvoir des artistes, ceux qui réalisent des films, ceux qui forgent de la musique, affirme-t-il. Par nos créations, nous pouvons sensibiliser les gens, retrouver nos racines, notre unité. On doit s'engager, on doit protéger notre pays. On doit trouver une solution, par les mots, par la musique.»
Un disque à la puissance douce
Pour propager ses idées, son dernier disque s'est dépouillé des pédales wah-wah et des distorsions branchées sur son ngoni, qui électrisaient brillamment son précédent album Ba Power (2015), au son musclé. Ici Miri retrouve plutôt les effluves doux, alanguis –mais non moins virtuoses – de son premier opus, Segu Blue (2007). «L'esprit de ce disque ne s'accordait pas aux sons agressifs, dit-il. Tout devait être calme. Quand j'ai commencé à écrire dans mon village, c'était apaisé, sans brouhaha. De mon pays, je voulais livrer cette version sans électricité. Dans mon village, par exemple, nous nous contentons de petits panneaux solaires et de groupes électrogènes.»
Avec Miri, le ngoni hero offre un disque à la puissance douce, irrésistible, et des accords à fendre l'âme. Pour la première fois, ce grand révolutionnaire de son instrument, l'utilise avec un bottleneck, pour jouer slide, comme les vieux bluesmen sur les rives du Mississippi. Dans ses pistes pleines de nuance, dont les membres de sa famille assurent tous les instruments et sa femme, Ami Sacko, des parties chantées, s'invitent des sons d'autres horizons. Sur Wele Cuba, Yasel Gonzalez Rivera, en direct de Guantanamo, moitié du duo reggaeton Madera Limpia, ambiance le titre de chaloupes et tambours cubains.
Sur d'autres chants, le oûd du Marocain Majid Bekkas s'emmêle avec volupté aux cordes du ngoni. Quand, sur Konya, le leader du collectif jazz-fusion Snarky Puppy, Michael League, pose sa guitare funky. Ici, la tradition vive s'ouvre aux quatre vents et se conjugue au futur. Car Bassekou Kouyaté voit loin et compte bien se battre avec ses armes : la musique. Ainsi a-t-il pour projet de monter un centre de formation musical pour les jeunes, à Bamako. «L'État m'a donné 1 000 m2. J'ai commencé à acheter du ciment. Pour l'instant, je suis en train de construire les murs. Mais bientôt, on y apprendra la kora, le ngoni, le djembé, le chant, la danse. Mais je dois d'abord trouver beaucoup d'argent.» Car voici la formule magique de Bassekou : la musique et l'éducation plutôt que les fusils.


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