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Les toiles sont les pages des journaux intimes des peintres
Beaux-Arts
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 04 - 2024

Puisqu'il s'agit d'intimité, chacun est curieux de connaitre le vécu de cette personne hors du commun : ses sentiments vis-à-vis des autres, ses relations avec ses amis, sa correspondance avec ses proches, les lettres secrètes qu'il a reçues de tel ou telle et les réponses données.
La curiosité pousse chaque lecteur de journal à vouloir connaitre l'auteur dans toute son intimité comme cela se fait en littérature.
Le journal intime est un genre littéraire que beaucoup d'écrivains et parmi les meilleurs ont eu le plaisir d'écrire avec le plus grand soin pour raconter leur vie en la présentant dans ses différentes péripéties, pour la faire connaitre parce qu'ils ont eu une existence hors du commun. Mais qu'est-ce qu'on y trouve, des histoires de famille rapportées de manière naïve comme elles ont été réellement vécues avec lui comme victime dans un tas d'évènements où il a été mêlé de près ou de loin. On y trouve aussi des faits de jalousie avec d'autres écrivains qui ont moins de chance en ce qui concerne leur admission à une maison d'édition célèbre.
En fin, il y a surtout des petits problèmes de la vie en relation avec la situation financière et qui pose d'énormes problèmes sous prétexte qu'on doit les subir en vertu des traditions anciennes. Pour le peintre, les pages de journal intime sont les mêmes, sauf que le décryptage du savoir de la langue des signes picturaux, mais il faut savoir lire les messages en d'autres signes du genre pictural consistant en des formes, des couleurs, de l'état des personnages choisis pour exprimer ce qu'il a sur le cœur.
Le tableau ne parle pas comme le fait le texte écrit pour être lu, il faut le faire parler en se fondant sur tous les éléments picturaux. Il faut savoir lire les toiles réalisées en langage ésotérique, cela équivaut le déchiffrement des signes de ce code qui n'est pas comme les autres, il faut se baser surtout sur l'aspect générale, le sens qu'il faut donner à chacune des couleurs, l'état psychologique de chacun des personnages entrant dans un décor.
Il faut savoir décrypter ces pages intimes
Pour un artiste qui a une carrière de peintre, il faut faire beaucoup pour arriver à découvrir ce qui se cache derrière ces toiles. Si nous prenons Issiakhem que nous connaissons à peu près étant donné qu'il s'agit d'une sommité, comme auteur prolifique qui en un temps record vous fait une œuvre de valeur, de son unique main et s'il est bien inspiré vous fait un chef d'œuvre. Il lui suffisait d'avoir envie de peindre et qu'un thème précis se présentait à lui. Dans une de ses toiles nous apercevons une femme habillée très simplement, triste au point d'avoir les larmes aux yeux. On voit bien en la fixant des yeux avec beaucoup d'attention qu'il s'agit d'une personne de condition très modeste. De plus, nous constatons qu'elle verse des larmes d'amertume. Probablement qu'elle a perdu un être, le plus cher, peut- être que l'auteur remonte à la guerre de libération, période difficile où dans la plupart des familles ont tombé un chahid. Pendant sa carrière, le peintre a peint rapidement selon son style personnel et il a peint de nombreux tableaux qu'il a distribués à gauche et à droite et des tableaux de grande valeur, il avait des idées claires et le geste facile. Mais, c'était un grand homme de la peinture qui a fait l'école des Beaux-Arts de Paris et a pris part à des rencontres internationales. Il est l'un des fondateurs de la peinture moderne en Algérie avec Khedda et Mesli. En 1951, Issiakhem rencontre un artiste de l'écriture, Kateb Yacine, les deux se sont jaugés, ont trouvé qu'ils avaient des points communs, et depuis, ils ne se sont jamais quittés. Cofondateurs avec Issiakhem de la peinture moderne en Algérie, Mohamed Khedda, et Mesli, avaient eux aussi beaucoup de talent, les trois avaient été les élèves puis enseignants à l'école nationale des Beaux-Arts d'Alger. Nous parlerons des œuvres de Omar Racim, de Mohamed Khedda et de Mesli, des monuments du monde artistique en Algérie, dès qu'il sera possible.
Baya, artiste peintre surréaliste, hors du commun
On parle de miracle lorsqu'on aborde le cas de Baya. Orpheline de père puis de mère avant d'avoir 10 ans, enfant illettrée comme toutes les filles indigènes de sa génération. Elle eut cependant la chance de rencontrer une française qui l'a recueillie, lui a appris à lire, à parler et à écrire et lui a permis de découvrir le monde artistique, elle fut subjuguée car elle en avait la vocation et très vite elle s'est mise à l'œuvre. Ses premières productions étaient un succès sans précédent, elle a conquis un public de passionnés de nouveautés. Pour le monde des arts, elle a été une nouvelle artiste, miraculé de la vie et du genre pictural et sa trajectoire a été des plus singulières. Son cas est atypique pour son raffinement précoce, son évolution rapide, sa dimension spirituelle, elle eut le bonheur de le montrer lors des expositions à Paris en 1947 alors qu'elle n'avait que 16 ans. Son art a été vite qualifié et à tort d'art naïf alors qu'elle a exercé une influence au sein des jeunes qui l'ont imitée après l'indépendance pour sa singularité, son raffinement à dimension spirituelle. Ses œuvres produites en France s'ajouteront aux archives nationales d'Aix en Provence. On s'est demandé par quel miracle, Baya, cette fille indigène qui n'a connu que souffrance et violence coloniales comme toutes celles de sa génération, a pu devenir artiste hors pair en ayant la maîtrise du langage et des couleurs tout en créant un style pictural qui l'a propulsé au sommet de la notoriété au point de faire l'objet de deux pages écrites au magazine « Vogue » sous la plume d'une femme célèbre, Edmonde Charles Roux.
Baya s'est mariée en 1953 avec Mahieddine Hadj Mahfoud, de 30 ans son aîné, elle a eu 6 enfants, période de 10 ans au cours de laquelle, elle s'était coupé du monde artistique. Elle reprit ses activités en continuant de peindre des paysages, des personnes, des objets, feuilles d'arbres, fleurs, des oiseaux en grand format avec des couleurs vives en jaune, rouge, vert, bleu, blanc et toutes les couleurs. Elle tire son inspiration de son imagination fertile. Ses tableaux qui sont en réalité, la traduction de sa vie agitée et dans tous les sens du terme, ont émerveillé les grands maîtres de l'art dans les expositions en Algérie, puis en France, en Belgique où elle attira l'attention des grands du monde comme Picasso et André Breton, maîtres du mouvement surréaliste.
Ses tableaux, reflets de son intimité, ont émerveillé les plus grands artistes du monde, à l'époque. Ils montrent moyennant des traits en des couleurs très vives, des feuilles d'arbre, une nature vivante qui peuple son univers, des oiseaux, des animaux, des objets anciens comme la corbeille, ou la lampe symboles forts de traditions anciennes. Baya a rejoint naturellement et peut sans le vouloir, en son temps, le mouvement surréaliste incarnée par les grands maîtres, et de manière spontanée.
Elle est née avec le don de peintre surréaliste, quand, dans le sud de la France, il lui arrivait à ses débuts de confectionner des tablettes en argile et qu'elle peignait en divers motifs originaux dans un décor de couleurs très vives, elle rentrait de plain-pied dans le domaine des travaux de sculpture en céramique qui ont vite attiré l'attention du peintre espagnol, Picasso, et celui-ci venait souvent admirer ses peintures réalisées dans un style original et comparable à sa peinture abstraite.
Baya qui n'avait pas fini d'éblouir ses admirateurs, appartenait désormais au monde artistique malgré sa condition modeste et sa personnalité discrète qui contrastait avec sa vie d'artiste. Malgré elle, elle se fait une place honorable dans le monde des arts, surtout par sa participation à des expositions à Alger. Elle était aussi du groupe Aouchem (tatouages) fondé par le peintre Choukri et Denis Martinez qui voulaient connecter l'art contemporain aux sources de l'art africain.
Considérée comme l'une des pionnières de l'art algérien, on lui décerna le grand prix de la peinture de la ville d'Alger. Comme tous à s'aligner sur les artistes de tous les temps, Baya fut encouragé à évoluer et sa production artistique qui ne tarda à devenir prolifique fut appréciée par l'international. Son état d'orpheline de père et de mère, qui n'a pas été à l'école donc illettré à l'âge où il lui fallait connaitre une langue pour mieux s'affirmer, elle eut le bonheur de rencontrer une tutrice qui lui a appris les fondamentaux qui allaient lui permettre de discuter de l'art et de la peinture surréaliste. Ses toiles, qui restent difficiles à déchiffrer, traduisent les souffrances, et les violences qu'elle a connues, sa vie au quotidien, enfin tout ce que peut dire un artiste de son intimité.


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