Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, est revenu, hier dimanche, au Centre international de conférences ''Abdelatif Rahal'' (Alger), sur les crimes du colonialisme français en Algérie, affirmant que le colonialisme français en Algérie n'a pas d'égal dans l'histoire.«L'Afrique n'oublie pas l'extermination de la moitié de la population du Congo et les crimes commis au Cameroun, en Angola, en Namibie, au Togo et à Madagascar et garde, au cœur de cette mémoire collective, le souvenir du colonialisme français en Algérie comme un modèle sans pareil dans l'histoire», a-t-il indiqué. Intervenant à l'ouverture de cette conférence, M. Attaf a transmis les salutations du président de la République aux participants à cet évènement majeur, placé sous son Haut-patronage, et organisé en étroite coordination avec la Commission de l'Union africaine (CUA), Ahmed Attaf a fait remarquer que c'était un colonialisme de peuplement et le plus long projet colonial de l'histoire moderne, soit 132 ans de crimes multiformes. «Chaque pouce de cette terre est témoin de l'horreur, de la cruauté et de la tyrannie du colonialisme français, de la conquête coloniale jusqu'à la Guerre de libération nationale», a rappelé le ministre, citant les tueries et la politique de la terre brûlée, les expropriations et les tentatives d'altérer la culture et l'identité algériennes. Ce n'est pas une faveur que demande l'Afrique, a-t-il dit, mais un droit légitime qu'elle réclame pour la reconnaissance des crimes commis contre ses peuples. «Il s'agit d'un projet de justice historique pour l'Afrique dont la lutte se poursuit aujourd'hui encore, tant que les crimes du colonialisme n'ont pas fait l'objet d'une reconnaissance franche et responsable et tant que ces méfaits ne sont pas criminalisés et inscrits dans le droit international pour ce qu'ils sont, des crimes imprescriptibles», a-t-il poursuivi. Il faut, a-t-il affirmé, appeler les choses par leur nom et amener le monde à assumer ses responsabilités. «Le colonialisme a commis avant l'heure tous les crimes condamnés aujourd'hui dans le monde entier, crimes d'agression, crimes contre la paix, crimes contre l'humanité et crimes de guerre», a ajouté le diplomate algérien. Faisant observer que si le siècle des lumières éclairait l'Europe, il fait entrer l'Afrique dans une période d'obscurité, en excluant, a-t-il dit encore, le continent des révolutions politiques, économiques, technologique, scientifique et sociale. Le Président Abdelmadjid Tebboune, «avait eu tout le mérite de proposer l'initiative d'organiser la Conférence internationale sur les crimes coloniaux en Afrique. lors du dernier Sommet ordinaire de l'Union africaine (UA), tenu au début de l'année en cours», a encore indiqué Ahmed Attaf. Précisant que cette initiative a été saluée et plébiscitée à l'unanimité par ses frères africains. En lançant ce projet de justice historique, a encore souligné Ahmed Attaf, l'Afrique réaffirme la continuité de son combat. Celui-ci perdurera tant que subsisteront les tentatives d'effacer l'histoire, d'inverser les vérités et de falsifier les faits, et tant que les crimes coloniaux ne feront pas l'objet d'une reconnaissance franche et responsable. «Cela est d'autant plus crucial que le phénomène colonial n'a pas encore reçu, dans les registres du droit international, la qualification qui dévoile sa réalité odieuse et infamante : celle d'un crime imprescriptible, qu'on ne saurait ni ignorer ni oublier…» De son côté, le président du Parlement africain, Fortune Zephania, a indiqué que si, aujourd'hui, l'Afrique veut obtenir reconnaissance et réparation, elle ne doit pas seulement parler d'une même voix mais présenter des demandes de réparation précises pour des crimes documentés et listés. «Nous connaissons les injustices. Nous devons agir aujourd'hui. Ce n'est pas facile, certes, parce que les auteurs vont se défendre», a-t-il dit dans son intervention. Avons-nous, a-t-il poursuivi, consigné tous les crimes ? Nous devons commencer par cela. «Chaque pays doit présenter à travers l'Union africaine, les crimes qu'il a subi», a-t-il ajouté.