Faut-il croire Obama ou Hillary Clinton quand ils font des déclarations où ils se disent inquiets de la situation en Egypte et de l'effusion de sang ? Tout, en tout cas, permet de douter de la bonne foi de l'un et de l'autre, ne laissant transparaître qu'une posture hégémonique d'une puissance qui compte les points entre le peuple égyptien en colère et un pouvoir affaibli et acculé, afin de savoir comment se déterminer et préserver ainsi sa place hégémonique dans l'après-événements ou ce qui pourrait être l'après-révolution. Comment ne pas penser cela quand on confronte les contenus des déclarations ? Entre les premiers propos de la secrétaire d'Etat américaine aux Affaires étrangère qui attestait que «l'Egypte est l'une des démocraties les plus stables du Moyen-Orient», et ceux proférés au lendemain des manifestations du quatrième jour où le ton est haussé en direction de Hosni Moubarak, celui-là même que Barack Obama n'hésitait pas à qualifier, quelques jours auparavant, de partenaire dans la région, il y a une contradiction insoutenable. En effet, entre la mystification d'une réalité (l'une des démocraties les plus stables) et la réalité de cette mystification (Moubarak doit mener des réformes politiques et démocratiques), il y a une contradiction qui traduit la grande hypocrisie chez les grandes puissances. Comment oser appeler Moubarak à la démocratie quand on lui reconnaît par ailleurs ce caractère démocratique ? Comment oser le faire, sur le ton de l'injonction, quand on a soutenu le statu quo, avec armes et finances, plusieurs décennies durant ? Il faut réellement que les Américains aient des intérêts majeurs dans la région pour soutenir de telles contradictions. F. N.