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Algérie-France : «L'économie ce n'est pas tout»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 02 - 2009

«C'est bien qu'on se le dise, qu'on le fasse, ça nous libère un peu,» avait commencé par dire le président du Conseil national économique et social (CNES), lors de la session conjointe de concertation tenue, hier, à Marseille avec son homologue français, le président du CESE.
La cité phocéenne a accueilli, hier, les animateurs de la session conjointe de concertation entre le CNES et le CESE français dont la séance inaugurale a eu lieu, dimanche dernier, à Alger et dont la problématique est loin d'être simple quand elle se veut fondatrice d'un espace de dialogue et de concertation entre les sociétés civiles organisées, algériennes et françaises, pour comprendre et requalifier la relation entre les deux pays. C'est une véritable gageure puisqu'elle se veut innovatrice d'approches dans une relation Algérie/France que l'amour et la haine déchirent depuis la longue nuit coloniale.
D'ailleurs, l'on observera du côté français, un apparent manque de tact comme pour rappeler cette difficulté à transcender une histoire détestable pour les uns et détestée par les autres. «L'Algérie est un de nos principaux partenaires économiques dans la région,» dira Jean Paul Viti, président du Conseil régional qui fera référence à un accord-cadre signé entre la région Paca et Alger. Karim Guendouf, un des membres de ce conseil estimera qu'«on ne construit pas un espace euro méditerranéen sur la base d'une zone de libre échange.»
L'Union pour la Méditerranée, très souvent rappelée aux esprits algériens depuis le commencement de cette session conjointe, est présentée par Guendouf comme «une idée novatrice» non sans souligner qu'«elle a été approuvée par le gouvernement algérien.» Le président du CNES dira avec un sourire à propos de tout ce qui a été dit à Alger et hier à Marseille que «c'est bien qu'on se le dise, qu'on le fasse, ça nous libère un peu». Son homologue français, Jacques Demargne, pour sa part, affirmera que «Marseille et Alger, ce sont des villes miroir de notre mémoire, ce sont des villes soeurs.» C'est, dira-t-il «dans l'action qu'on a fait l'Europe.» Demargne recommande de «dépasser les discours partisans grâce à l'action de nos sociétés civiles impliquées dans tous les domaines, d'aller vers la vraie vie, la réalité des choses, le concret sans spéculations.» Il estime que «c'est à nous de répondre à cette confiance que mettent en nous les sociétés civiles, avec la pertinence de nos travaux, de nos propositions, de nos actions, de nos énergies, ce sont-là les vraies réponses dans un monde de plus en plus complexe.» Pour lui «la requalification des relations se fait par une participation à la refondation du monde en moralisant la mondialisation marchande qui nous a dépassés.» Des projets structurants doivent être, selon lui, initiés pour promouvoir «cette relation d'exception qui doit exister entre les deux pays avant toute chose.» Mais, dira-t-il «l'économie, ce n'est pas tout, l'amitié et le respect ça compte aussi, avec la distanciation, on avance mieux.» Sa conclusion «il y a bien trop de passé pour qu'il n'y ait pas beaucoup d'avenir.»
Les trois liens de Stora
Présent dans la première table ronde ouverte au Conseil régional de Marseille, l'historien Benjamin Stora interviendra comme pour recentrer le débat sur ce qui marque le refus et la difficulté à donner le véritable sens indiqué initialement à cette session. «C'est un enfant du pays, un immense historien connaissant ce que sont les vraies trames de notre pays et de son pays. Il va nous dessiner les pistes qui vont être saisies pour approfondir le dialogue et la concertation entre nous,» dira Babes. Stora mettra l'accent sur «trois importants liens entre l'Algérie et la France».
En premier «le patrimoine en commun, ce butin de guerre comme dit par Kateb Yacine, qui est la langue française.» Il notera l'existence d'une presse algérienne en langue française «cet extraordinaire rayonnement à travers cette presse vivante et percutante.» Une presse à laquelle Babes avait, avant lui, rendu un vibrant hommage. La langue, dira Stora «c'est quelque chose qui restera et qui permettra, comme outil de communication, de renforcer les liens entre les deux pays.» Pour lui «il ne faut pas que la France oublie cette diffusion de la langue en Algérie.»
Le second lien évoqué par Stora, qui avait pris le soin de souligner que «les historiens ne restent pas enfermés dans les frontières nationales étroites» est, dira-il «physique, celui de l'émigration qui est forte, puissante, enracinée depuis la Première Guerre mondiale, ce sont les émigrés qui construisent cet espace qui ne peut pas disparaître.» Il estime que «l'émigration algérienne est un lien dont il faut mesurer l'importance.» Stora rappellera «les interdictions de libre circulation des personnes, les contrôles tâtions, l'émigration devient un sujet de préoccupations, un problème mais elle reste un acquis sur lequel personne ne peut revenir.»
L'historien fait de l'histoire coloniale ce troisième lien «qui a rapproché, divisé, déchiré...» Ses arguments sont sans appel. «Il y a eu un million et demi de soldats français qui sont partis combattre en Algérie, c'est énorme,» dira-t-il. Les Français nés entre «1930 et 40, portent selon lui «en eux l'Algérie, ils ont ce rapport physique avec l'Algérie, il ne faut pas nier que la culture algérienne a façonné la culture contemporaine française.»
«Les historiens n'aiment pas qu'on déchire les pages d'histoire»
Stora met les faits en exergue: «cette guerre a causé la perte cruelle de centaines et de centaines d'Algériens, les Algériens veulent rester fidèles et veulent honorer cette mémoire, ils ne peuvent pas passer outre.» Il parlera des exactions commises en Algérie par les Français, les essais nucléaires, ces choses-là sont très peu connues en France, «on comprend mal ces énervements algériens à propos de l'histoire.» Il soulignera que «le passé reste présent pour la douleur algérienne et en France pour ceux qui ne veulent pas oublier l'Algérie française.» Ce poids de l'histoire, dira-t-il «est très difficile à surmonter mais qu'il est possible de dépasser par un travail commun des historiens.» Il pense en parallèle qu'«il faut des gestes politiques des Etats qui doivent s'accomplir par des actions.» Il en vient au fait qui fâche les Français, celui «des excuses que l'Algérie demande» et à propos desquelles il précise que «ce n'est pas une démarche singulière de l'Algérie, c'est un acte de politique mondiale, chez les Etats émergents en particulier.» Stora expliquera qu'«il y a ce qui nous divise mais il y a ce qui nous oblige à tourner cette page sans jamais la déchirer, les historiens n'aiment pas qu'on déchire les pages de l'histoire. Les Algériens n'aiment pas non plus qu'on le fasse.» Ce qui conforte les propos tenus déjà à Alger par le président du CNES. «On ne peut tourner les pages avant de les avoir écrites. On ne peut non plus les déchirer, laissez-nous écrire notre roman national sereinement,» avait soutenu Mohamed Seghir Babes.
Abdelhak Benelhadj, universitaire strasbourgeois d'origine algérienne lancera aux participants «commençons par nous parler et surtout par nous respecter.» Il suggère ainsi de dépasser «la diplomatie de mauvaise facture, parce que sans le respect mutuel, nous ne pouvons aller vers une construction honnête.» Il est contre le fait «qu'on attende que des générations disparaissent pour qu'on se mette à écrire l'histoire.» Et «il ne s'agit pas pour nous de fuir des divergences des points de vue, c'est vrai qu'il y a plein de choses qui nous séparent mais il faut le dire en respectant les points de vue.» Sinon, dira-t-il «on continuera à s'ignorer et de faire comme si...»
Benelhadj fera remarquer que «nous ne sommes pas en situation de symétrie, bien au contraire, nous allons d'asymétrie en asymétrie.»
Un des membres du Conseil régional Paca natif d'Oran, a de suite après Benelhadj proposé «il y a des gens qui attendent des réponses sur le terrain, on est prêt, non pas à apporter mais à s'enrichir mutuellement.»
Mohamed Chami, DG de la CACI relèvera que «tous les ingrédients sont là pour construire de véritables partenariats mais ça ne marche pas, il faut qu'on sache et qu'on se dise pourquoi.»
Un participant français revient sur ce qui choque et lancera «il faut qu'on avance, l'histoire, chacun la dira à sa manière.» Un membre du CNES recharge: «avant de fermer les blessures, il faut éviter de les raviver, il y a des maladresses politiques qui le font comme la loi du 23 février ou l'embargo imposé par la France à notre pays durant les années 90.»


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