- «Ana, mnine nekbère, il ne m'arrivera sûrement pas comme mon père. Lui, il n'a pas été malin. Trop honnête, il avait toutes les possibilités pour s'enrichir et il ne l'a pas fait. J'aurais eu mes dix-huit ans, comme lui, au moment où les maisons étaient vides et les commerces désertés !... ya khi gouffa !...» - «Moi, quand je serai grand, je deviendrai banquier, je manipulerai l'argent à longueur de journée.» - «Khouk sera une grande star du raï, chanteur adulé par des milliers de fans et adoré par les nanas. Les télévisions feront la chaîne pour me programmer dans leurs émissions.» L'autre, commerçant de père en fils, voudrait devenir importateur, il ferait de l'import, de l'import et de n'importe quoi A ce moment-là, leur dira l'autre, « je serai douanier, toi je ne te laisserai pas passer outre-mer, tu ne chanteras que pour nous, car c'est pour nos fêtes et soirées qu'on aura besoin de toi, et le commerçant, je ne lui permettrai pas de faire rentrer des conneries, sauf si » «Moi, vous me donnez l'envie d'être dans la Justice et de vous attendre au tournant », fit remarquer le plus jeune. A chacun son rêve. Lui, veut devenir pilote, koulioume fi bled. L'autre, chef de parti politique, ragda outmanji. Moins ambitieux, le jeune frère de cinq hitistes du quartier espère devenir retraité, mais pour avoir ce statut, il faut d'abord qu'il trouve un boulot. «C'est mon rêve, devenir footballeur et joueur dans une grande équipe étrangère, comme ça l'équipe nationale payera mes pieds en devises, voilà ce que je veux. Et toi, Alilou ?» Pensif, Alilou leur dit qu'il souhaitait d'abord devenir grand, mûr et très calé. Calé, il l'est devenu, calé tantôt à un mur, tantôt à un autre. Mais calé toute la journée.