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Pourquoi les journalistes écrivent, tous, la même chose ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 09 - 2015

Il est clair que la liberté de la presse, aujourd'hui, est essentiellement la liberté pour les puissances d'argent d'accaparer les entreprises de presse, et pour les journalistes, la liberté de faire carrière en gérant cette confiscation de la parole publique (*).
Mise à la retraite du général Toufik : les journalistes ont passé en revue cet événement sans, au final, apporter les vraies informations gravitant autour de la décision prise par le président de la République concernant l'homme.
Il est, certes, vrai que la majorité des journalistes n'ont pas la « compétence » politique leur permettant de donner du signifiant à leurs propos ou écrits lorsqu'ils évoquent, notamment, des domaines liés à la politique et à la sécurité.
Ils ne sont pas les seuls. Les partis politiques se sont retrouvés dans la même situation, se contentant pour certains, d'affirmer à propos du départ du patron du DRS que pour eux « c'est un non-événement ! » (Abdelaziz Mokri-MSP), ou que « l'opacité qui règne dans la gestion des affaires publiques du pays ne peut permettre de faire une lecture, sans risque, par rapport à la succession qui s'est opérée au sein du Département du DRS » (chargé de la communication du RCD). Manière pour eux de botter en touche !
Mise à la retraite du général Toufik : les mêmes commentaires, les mêmes discoureurs, les mêmes petites phrases…
Les lecteurs et les auditeurs ne se trompent pas lorsqu'ils ont l'impression de lire, partout, et d'entendre, sur toutes les ondes, les mêmes informations. Ce sont bien les mêmes commentaires, les mêmes analyses et les mêmes petites phrases. Il suffit de lire un seul quotidien ou de regarder un seul JT : les mêmes mots sont utilisés. Les mêmes déclarations des uns et des autres sont sélectionnées pour être diffusées, en boucle.
Ceux des radios s'accordent sur les mêmes sons ; ceux des télévisions cadrent les mêmes images. C'est ennuyeux, mais c'est simple aussi. Et surtout, c'est commode et tout le monde s'y tient. A croire que le monde journalistique s'approvisionne dans le même marché !
Mise à la retraite du général Toufik : ‘El-Moudjahid', ne livre aucune lecture de l'événement se contentant d'une reprise des communiqués de la présidence de la République, annonçant le départ du patron du DRS, et du ministère de la Défense nationale, faisant état de l'installation du général Tartag dans ses nouvelles fonctions. ‘Liberté' consacre deux pages à l'événement annonçant la « fin d'un mythe » et se pose la question de savoir si « L'après-Toufik est une nouvelle ère ? ». ‘Le Soir d'Algérie', parle aussi de la « fin d'une époque », tout en s'interrogeant : « Le service de renseignement sera-t-il, dans le futur, rattaché à la Présidence ? ». ‘L'Expression', titre : « Le général Toufik mis à la retraite », et tente un début d'analyse de l'événement : « (…) la paix revenue, l'Algérie s'étant relevée du drame du terrorisme doit s'adapter au nouveau contexte régional et international ; c'est dans cette perspective que s'effectue la mue des services de Sécurité (…) », a écrit l'auteur de l'article.
Mais sans conteste, la palme revient aux journaux arabophones : ‘El Khabar', tout d'abord, qui parle de la « fin d'une légende » et publie un portrait du général Mediene avec ce commentaire laconique « le fantôme qui a dirigé l'Algérie pendant un quart de siècle ». ‘Echourouk' ensuite, qui évoque le départ de « l'énigmatique général » en publiant une photo de son successeur qui s'est avérée, en définitive, fausse ! Mais le prix est à décerner au journal ‘Ennahar', qui a imprimé, en grosses manchettes : « Ghoul ne jouera plus au foot avec Toufik ! », tandis que le journal satyrique d' ‘El Manchar' est allé jusqu'à dire que « Le général Toufik n'existe pas ! ».
Faut-il en rire ou pleurer, on ne sait plus !
Peut-on, pour autant, parler de « paresse » de la presse ? Les mêmes vraies et fausses informations se colportent, plus vite et plus fort, et qu'on le veuille ou non, ce procédé est contraire aux règles les plus élémentaires du journalisme.
Et une fois encore, il faut en donner acte à Hamid Grine, le ministre de la Communication, qui en appelle à la « responsabilité » des journalistes.
Mise à la retraite du général Toufik :
en gros, ce sont les mêmes trois ou quatre photos du personnage qui reviennent : les clichés sont pourris, flous, pixélisés. Il s'agit, pour quelques unes de ces photos, de simples captures d'écrans, à partir de séquences filmées à la volée, et supposées montrer le mystérieux chef des renseignements dans une cérémonie officielle, ou sur le tarmac de l'aéroport Houari Boumediene, à l'occasion de la venue du défunt Mohamed Boudiaf.
Mise à la retraite du général Toufik : l'événement est, assurément, fort ! Son traitement par la presse l'est moins, même si, et tout le monde est d'accord là-dessus, la légalité constitutionnelle aura été respectée de par et d'autre.
Par le président de la République d'abord, qui n'a fait qu'exercer ses prérogatives constitutionnelles.
Et par le général Toufik, qui renvoie de lui, l'image d'un officier légaliste, discipliné qui a peu à voir avec les traits de « conspirateur en chef » qu'on lui a prêté, à la tête des services.
Mise à la retraite du général Toufik : l'heure n'est, sans doute, pas au bilan d'une institution pas comme les autres, bien que les services secrets algériens se soient trouvés, depuis la guerre de Libération, au cœur du pouvoir, écrivait un éditorialiste (**), qui a estimé que « la lente et profonde mue va s'opérer sur un autre registre : elle est économique, sociale et culturelle. Et il est patent d'observer que la force n'est plus au bout du fusil et que les nombreux et tumultueux soubresauts politiques et économiques du monde ont contraint le vrai pouvoir à changer d'uniforme (…) »
Mise à la retraite du général Toufik : on ne peut s'empêcher de comparer cet événement et du traitement qui en a été fait par la presse, à un autre événement « La mort de Nelson Mandela » qui a mobilisé l'attention du monde entier : 10.000 rédacteurs en chef ou plus, des directeurs de rédactions ont eu la « super-idée », de mettre Mandela en « une » de leurs journaux !
Le lecteur, curieux de Mandela, était déjà attaqué par la radio, la télévision et le web. Celui qu'il était moins, s'est retrouvé avec l'idée, qu'en définitive, tous les journalistes écrivent et pensent de la même manière et que, finalement, sur le web, on pouvait trouver d'autres sujets loin de Mandela et autrement plus intéressants.
Est-ce à dire que la mise à la retraite du général Toufik était un non-événement, non bien sûr ! C'est plutôt, la manière dont elle a été traitée, qui a amené beaucoup de lecteurs à se méfier des journalistes. A tort.
Mais ils ont raison, car les seuls journalistes qu'on leur donne à voir, lire ou écouter, sont ceux des télévisions, radios et quotidien imbus de leur propre importance.
Il faut dire aussi que dans le pays, tous les modèles économiques de la presse sont en voie d'effondrement. S'il n'y avait pas, pour certains titres, les aides de l'Etat et surtout la publicité, beaucoup de journaux cesseraient de paraître.
Sur un autre plan, il faut admettre qu'en Algérie, il est difficile de pratiquer un journalisme d'investigation ou, selon certains, de faire même du journalisme. De l'audace, du souffle, du culot ! Au risque de déraper, de se tromper, de se fourvoyer et de s'attirer les foudres de Hamid Grine, personne dans la corporation ne s'y risquerait !
De toute façon, dans l'opinion, personne ne croit vraiment, à l'émergence d'un journalisme citoyen, bénévole et « responsable », même si beaucoup d'informations viennent de là. Aujourd'hui, beaucoup d'anciens journalistes sont partis. Et les jeunes qui les ont remplacés deviennent des « médias-workers », des petites mains, en quelque sorte, qui travaillent en étant sous-payées pour, au final, produire une information de qualité médiocre.
Au départ, pourtant, un journaliste c'est simple : il s'agit pour lui de savoir manier sujet-verbe-complément et aussi, être curieux et ouvert ! Il doit, également, se servir de sa propre culture, celle qu'il s'est faite sur le terrain, dans sa vie personnelle ou sa carrière. C'est comme ça que travaillaient, dit-on, les journalistes « à l'ancienne » !
Ceux d'aujourd'hui sont formés à l'économie, à la politique, au sport et à la culture avant même d'avoir éprouvé la vie. De belles mécaniques creuses, en somme ! Ils font du journalisme, « à la manière de » (la chaine de télévision qui les emploie, le financier qui les paye, le rédacteur en chef qui ronronne sur leur tête depuis des années et l'idée politique et la ligne éditoriale (quand elle est affichée) qui les guide. Et aussi les modèles qui les inspirent comme « Khadidja Bengana et Hafid Derradji » qui font leur beurre au Qatar !
Mise à la retraite du général Toufik : l'hebdomadaire « Jeune Afrique », dans sa dernière livraison, a publié un article intitulé « Que valent, vraiment, nos services secrets ? ». Le numéro est sorti le 15 septembre 2015 : étrange coïncidence ou simple fait de hasard ? On y retrouve, tout de même, « une appréciation remarquable des services secrets algériens comparativement à ceux du continent africain dans la quasi-totalité est à l'image des services britanniques et français qui les ont formés, c'est-à-dire médiocres ».
Mise à la retraite du général Toufik : ce qu'il faut retenir de cette nouvelle tient, en définitive, dans une tout petite formule : « Les hommes partent et les institutions restent ».
Renvois :
(*) Alain Accardo
(**) A. Benabbou : Edito Q.O du 15/09/15


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