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Marché des véhicules: Le boycott, l'arme qui fait mal
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 04 - 2018

  La première campagne de boycott «spontanée» et populaire «laisse-la rouiller» connaît un retentissement inattendu parmi les consommateurs. Le boycott massif des voitures montées localement lancé sur les réseaux sociaux a eu un effet boule de neige qui n'épargne désormais quasiment aucun des cinq constructeurs automobiles. La panique s'est emparée des concessionnaires, dont certains ont annoncé des baisses entre 20 et 50 millions de cts sur quelques modèles comme la Kia Picanto et la Volkswagen Caddy. L'affolement a aussi atteint le marché des véhicules d'occasion qui connaît un recul des prix.
Les consommateurs, acculés par la flambée spectaculaire des prix des véhicules ces deux dernières années et qui avaient constaté l'impuissance du gouvernement face à des concessionnaires qui semblent avoir des connivences avec de hautes sphères de l'Etat, ont été contraints de recourir à l'arme ultime du boycott. Outre les prix excessifs des voitures montées localement, d'autres facteurs ont poussé les Algériens à bouder ces véhicules et notamment la qualité «suspecte» de certains modèles, l'opacité dans la commercialisation des véhicules, le calcul des coûts et des marges bénéficiaires des usines et des concessionnaires, l'allongement des délais de livraison et les défaillances des services après-vente. L'impact décisif des réseaux sociaux et essentiellement Facebook dans la réussite de cette campagne n'est plus à prouver. Il y a eu en réalité une prise de conscience des consommateurs sur la nécessité de réagir à cette flambée injustifiée des prix pratiqués par des concessionnaires qui monopolisent le marché des véhicules. Cela faisait longtemps que la colère couvait parmi les consommateurs. L'explosion de la fureur était prévisible. Il suffisait de visiter les réseaux sociaux pour prendre le pouls des consommateurs. Tout a commencé par des vidéos diffusées par des clients non satisfaits de la qualité de leurs véhicules montés localement qui présentaient, selon eux, des défauts de fabrication et des imperfections visibles à l'œil nu: des infiltrations d'eau dans l'habitacle lors de légères averses, des amortisseurs avant qui cassent, perforant parfois le capot, des cardans qui se déboitent, etc. Il y a eu aussi la diffusion de vidéos choquantes de terribles accidents de la circulation impliquant des voitures montées localement. Ces vidéos, qui montraient des voitures coupées en deux, avaient été massivement relayées par les internautes. Il y a eu également, quelques mois auparavant, des images et des vidéos qui avaient fuité de l'intérieur des usines de montage et qui dévoilaient que ces unités importaient des voitures en l'état et prêtes à circuler après quelques tours de clé à pipe. Les consommateurs algériens, qui sont les moins exigeants en matière de sécurité et de confort des voitures, ce qui a profité à certains concessionnaires pour fourguer des tombeaux roulants, prennent conscience et en veulent désormais pour leur argent. L'ultime sursaut d'honneur des consommateurs n'est aucunement une saute d'humeur passagère. Les observateurs et les experts estiment que cette campagne de boycott risque de durer, provoquant ainsi un recul de la demande et un changement d'habitude de consommation. On assiste d'ailleurs à un engouement des Algériens, et pas uniquement les jeunes, pour les deux roues. Dans les grandes villes du pays, à l'exemple d'Alger et d'Oran, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour un deux-roues, en raison de la flambée des prix des voitures et de l'essence ainsi que la congestion du trafic automobile. Pour revenir à la crise qui secoue le secteur automobile, les experts en économie s'accordent à dire que cette situation est due à l'héritage controversé de l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines qui a mal négocié l'installation des constructeurs automobiles en Algérie. Les doigts accusateurs pointent directement vers l'ancien ministre Bouchouareb. «Il y a des complicités au niveau de l'appareil de l'Etat en connivence avec les cinq constructeurs de montage des nouveaux véhicules. Les cahiers de charges ont été élaborés sur mesure au profit de certains constructeurs au détriment d'autres. Le gouvernement a failli à sa mission de régulateur du marché. Ils ont laissé faire et c'est le consommateur qui paye aujourd'hui l'incompétence de nos gouvernants», affirme cet expert en économie. Un autre avertit, de son côté, que cette campagne de boycott risque à long terme de détruire la jeune filière de montage automobile en Algérie. Il accuse même des groupes d'intérêt de nourrir cette campagne pour contraindre le gouvernement à revenir à l'importation des véhicules.
«Cette campagne de boycott était initialement une réaction normale des consommateurs au renchérissement des prix, mais il faut être vigilant, cette campagne est récupérée par des cercles occultes. La preuve est que cette campagne profite d'une couverture médiatique des plus grandes chaînes de télévision arabes et occidentales», précise-t-il. D'autres observateurs estiment que les cinq constructeurs ont fait un pari dangereux en élevant les prix des véhicules, ce qui aura pour conséquence directe de tuer la demande. «Les cinq constructeurs, qui détiennent désormais le monopole du marché algérien, ont essayé de profiter au maximum de cet avantage pour garantir un retour d'investissement en trois à cinq ans au lieu de 25 ans. Ils se sont ainsi tiré une balle dans le pied et les conséquences de cette campagne risquent d'être désastreuses pour la jeune filière de montage automobile», soutient cet observateur. Cet avis n'est pas partagé par cet autre économiste qui est dans le secret de la filière automobile. «La demande sur les nouveaux véhicules n'a pas baissé dans les showrooms. Aucune commande n'a été annulée par les acheteurs. Bien au contraire, il y a une affluence des acheteurs qui espèrent profiter des remises et de la réduction des délais de livraison», confie cet expert. Le boycott a surtout affecté le marché d'occasion, causant des pertes colossales aux revendeurs qui avaient acheté des voitures au prix fort et qui n'arrivent pas aujourd'hui à trouver preneur. Il ne faut pas confondre entre boycott et comportement actuel des acteurs du marché. Le marché d'occasion stagne, non seulement à cause du boycott et de la flambée des prix, mais tout simplement parce que les gens hésitent à acheter, dans l'espoir d'un effondrement des prix des véhicules. «Le marché est attentiste. Il n'y pas de visibilité à moyen terme et les prix risquent soit de s'effondrer soit de repartir à la hausse. Les acheteurs potentiels ne veulent pas acheter en pariant que les prix vont baisser plus, alors que les vendeurs continuent de résister en espérant un retour aux anciens prix», affirment des courtiers. Les observateurs et les économistes soutiennent en chœur que la solution à cette crise qui secoue le marché des véhicules doit venir du gouvernement. «Le marché ne peut pas se passer de l'intervention de l'Etat. Le gouvernement a longtemps laissé faire dans ce marché et aujourd'hui, c'est le moment de prendre des mesures concrètes pour protéger les consommateurs. Les solutions pour sortir de cette crise ne manquent pas mais il faut une volonté politique. Le gouvernement doit contrôler les constructeurs pour garantir la transparence des prix et des marges bénéficiaires équitables pour tous. Le gouvernement doit revenir à l'importation des véhicules de moins de trois ans, revoir la réglementation pour réguler le marché d'occasion en interdisant la revente des voitures montées en Algérie pendant au moins une année et contraindre les constructeurs à élever le taux d'intégration des véhicules montés localement pour d'un côté booster la sous-traitance locale et de l'autre réduire le coût de revient», soulignent des économistes. La campagne de boycott a certes chamboulé le marché de la voiture en Algérie, mais le dernier mot ne sera pas celui du consommateur.


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