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Trois frères, une nuit d'octobre à Gdyel
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 19 - 06 - 2018

Ce dimanche d'après l'Aïd, le tribunal criminel d'Oran a examiné une affaire sordide dans laquelle un homme de près de 40 ans a été jugé pour avoir tenté d'abuser de trois enfants, trois frères âgés de moins de 10 ans : «Il a baissé mon pantalon et a commencé à faire comme ça», a raconté Ouahid, 9 ans, l'aîné des frères B., en se balançant d'avant en arrière.
Malgré la chaleur de ce 17 juin, les sangs se glacent dans la salle d'audience.
Seuls dans la nuit
Ouahid et ses deux frères Adam, 6 ans, et Rawan, 3 ans, ont l'habitude de passer la nuit seuls, dans leur chambre située dans un haouch de Gdyel : leur père Houari incarcéré depuis l'été 2016 en attendant d'être jugé pour tentative de meurtre (il sera condamné à 8 ans, voir Q.O du 09/05/18) et leur mère Amina qui travaille de nuit dans une usine de Hassi Bounif : «J'ai coutume de les laisser et d'appeler l'aîné de temps en temps pour m'assurer qu'ils vont bien et qu'ils vont au lit. Mais cette nuit-là, j'étais nerveuse, angoissée», raconte Amina à la barre. De retour chez elle le matin, elle téléphone à son fils pour qu'il lui ouvre la porte : «C'est le cadet, Adam, qui m'a répondu et ce n'était pas normal parce que c'est toujours Ouahid qui prend l'appel. Ils étaient tous les trois chez la voisine Malika qui m'a annoncé que Mansour les avait agressés. J'ai immédiatement emmené mes enfants au commissariat de police où ils ont raconté que Mansour s'était introduit dans leur chambre, avait abusé de Ouahid, a essayé de s'en prendre à ses deux frères tout en les violentant et en les menaçant», continue la frêle jeune femme en éclatant en sanglots. Selon les déclarations des trois gamins, A. Mansour, voisin de 37 ans, s'est introduit dans leur chambre par la fenêtre mal fermée, a agressé l'aîné et malmené ses frères.
Mansour: «Je n'ai jamais vu ces enfants !»
L'expertise médico-légale effectuée sur Ouahid attestera que l'enfant présentait des traces d'abus sexuels : «Mes enfants m'ont raconté que Mansour avait aussi tenté de tuer mon benjamin Rawan», se lamentera Amina dans sa déposition devant la cour.
Après l'enquête et l'instruction -au cours desquelles les propres cousins de Mansour admettront avoir été alertés par leur voisine Malika, et intervenu pour faire sortir leur parent de la maison des enfants- le suspect sera inculpé et mis sous mandat de dépôt sous les chefs d'accusation d'attentat à la pudeur avec violences sur mineur de moins de 16 ans, selon l'article 335, alinéa 2, du code pénal, et violation de domicile, suivant l'article 295, alinéa 1. A la barre, A. Mansour nie les faits qui lui sont reprochés : «Je ne me suis jamais introduit dans la chambre de ces enfants et je ne les ai jamais touchés», jurera-t-il en reconnaissant s'être rendu chez une voisine, prénommée Malika, pour lui demander «de cesser d'accueillir des hommes dans le haouch de mon grand-père. Elle avait transformé l'endroit en lieu de débauche». Il reconnaîtra également avoir été dans un état d'ébriété avancée cette nuit-là mais continuera de rejeter les accusations pesant sur ses épaules : «Peut-être que vous ne vous en souvenez pas parce que vous étiez ivre ?», suggère le juge. Ce que l'accusé réfute mollement en réitérant ses dénégations et en s'interrogeant sur les raisons qui «les ont poussés à porter ces accusations contre moi.»
Les victimes identifient leur bourreau
L'un après l'autre, les enfants B. raconteront leur terrible nuit. Adam, d'abord, le cadet, dira s'être réveillé la nuit et vu Mansour s'en prendre à son frère Ouahid : «Il m'a aussi traîné par les cheveux et tenté de me baisser le pantalon mais il n'a pas réussi parce que le cordon était très serré», relatera-t-il avant de désigner l'accusé comme étant Mansour. Ouahid, garçonnet à peine plus haut que la barre des témoins, rapportera avoir été réveillé par «quelque chose»: «J'ai senti que quelqu'un me touchait. J'ai ouvert les yeux et j'ai trouvé Mansour à côté de moi… il m'embrassait ici et ici (il désigne ses joues, Ndlr)… Après, il a baissé mon pantalon et a commencé à faire comme ça (il se balance d'avant en arrière, Ndlr)», raconte-t-il en identifiant Mansour comme étant son agresseur. Enfin Rawan, pas plus haut que trois pommes, lancera au juge : «L'homme m'a fait ça (il remue ses doigts) ici (il désigne son postérieur, Ndr)». Mais lorsque le juge lui demande s'il connaît l'homme se trouvant dans le box des accusés, il répondra par la négative.
Faux témoignages ?
Seuls trois témoins accepteront de se présenter à l'audience : les cousins de l'accusé Mansour. Et tous les trois reviendront sur leurs précédentes déclarations : qu'il s'agisse de Zakaria, Mustapha ou Houari, ils nieront avoir trouvé l'accusé dans la maison des enfants : «J'ai entendu la voix de Mansour dehors, je suis sorti et tenté de le faire entrer dans la maison. Comme il refusait, j'ai appelé mon oncle à la rescousse. C'est tout», dira Zakaria, dont les déclarations seront confirmées par Houari. Quant à Mustapha, il soutiendra n'avoir rien vu et rien entendu. Passablement agacé par ce revirement, le président d'audience relira leurs dépositions : «Vous avez affirmé que la prénommée Malika était venue vous avertir que Mansour était dans la maison de la plaignante et qu'elle entendait des cris. Et vous avez aussi dit que vous êtes allés chercher votre cousin», résumera-t-il. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public requerra 15 ans de réclusion criminelle contre l'accusé en tentant de souligner l'aspect hideux de cette affaire dont les victimes sont des enfants. Il s'en prendra aux cousins-témoins dont «le revirement a pour seule fin de secourir l'accusé» mais qui, au final, «contribuera à l'accabler davantage». Enfin, il rappellera les conclusions de l'expertise médicale et la «cohérence des témoignages courageux des victimes» qui prouvent la culpabilité de A. Mansour.
La défense plaide l'acquittement
Loin de se laisser influencer par «la conviction de culpabilité ambiante», l'avocate de la défense commencera par indiquer que son client avait déjà été ciblé par une affaire similaire dans laquelle une fille l'avait accusé d'attentat à la pudeur : «Mais, en définitive, il a été relaxé parce qu'il est apparu que les accusations de la prétendue victime n'étaient pas fondées», dira-t-elle en remettant le dossier de l'affaire au président d'audience et en soutenant que «les déclarations des victimes ne sont pas toujours crédibles». L'avocate exprimera également son dépit de l'absence de Malika : «Nous aurions aimé l'entendre et l'interroger pour mieux comprendre les soubassements de cette affaire», déclarera-t-elle en signalant que son client avait un différend avec ce témoin. Ce qui, sous-entend-elle, pourrait expliquer son témoignage à charge : «Elle accueillait des hommes chez elle et cela, notre client ne l'a pas accepté ; il n'a pas accepté que le haouch de son grand-père se transforme ainsi en lieu de débauche», expliquera-t-elle. La défense évoquera également l'expertise médico-légale pour dire que «si un examen médical constate des blessures, il n'en désigne pas l'auteur». Convaincue que le dossier de l'accusation ne contient aucune preuve matérielle incriminant son client, l'avocate de la défense demandera l'acquittement pur et simple. Après délibérations, le tribunal criminel déclarera l'accusé coupable des faits reprochés et le condamnera à dix ans de prison et à verser 500.000 DA aux victimes pour le préjudice subi.


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