Faudrait-il faire la fine bouche devant la campagne électorale entamée par les cinq candidats à la présidentielle ? De nombreuses raisons inciteraient à tourner le dos à ce rendez-vous imposé par la force d'hommes armés d'arguments dont le simple citoyen n'en saisit que des contours évasifs faute d'une communication détaillée et efficiente. Le premier serait une grande menace qui pèserait sur l'Algérie et qui risquerait de totalement l'effacer. Sauf qu'aucun détail n'est donné. Les dirigeants algériens cultivent à outrance le secret et sa culture forcenée livre les quidams aux plus extrêmes des spéculations. Les unes justifiées, beaucoup d'autres reposant sur des contrevérités offrant aux Algériens une image déformée sur leur propre pays. Cependant, si l'on se rafraîchit la mémoire pour se rappeler que le pays a été le fer de lance du front de refus arabe et constater ce qu'il est advenu de la témérité des Syriens, des Libyens, des Irakiens, des Yéménites, on est bien obligé d'admettre que l'on n'affronte pas un tank avec un canif. Le gargarisme révolutionnaire seul a démontré son inefficacité et pour se frayer un espace tangible dans le concert des nations, d'autres arguments concrets sont nécessaires. L'Algérie ne les a pas et le monde n'est pas un paradis pour se contenter et se suffire d'énoncer des grandes théories car le droit et la justice aujourd'hui ne se décrètent pas. La solidarité internationale a été vidée de son sens et ne s'en tenir qu'à l'amitié déclarée du bout des lèvres des Etats serait faire preuve d'une notable naïveté. La sympathie et la concordance des pensées et des options ne sont plus le fondement des prises de positions intransigeantes. Les Algériens ont souvent été victimes des retournements de vestes et à trop s'accrocher aux principes ils ont toujours été mal remerciés en retour. Si d'aventure un des cinq candidats à la présidentielle sortait du lot, il serait saugrenu de lui demander de jouer à Zorro, car au vu de l'immensité des inextricables problèmes qui étranglent le pays, il aura, à ne pas en douter, la terre entière sur le dos. Pour le moment, la seule prouesse qui pourrait lui être recommandée par la sagesse, serait d'abord de consolider l'unité et la solidarité entre les Algériens.
