Les inquiétudes liées à l'éventualité d'une sortie de la Grèce de la zone euro après l'échec des discussions avec ses créanciers, plongeait lundi l'Europe dans la tourmente financière alors que le pays a adopté des mesures de contrôle de capitaux pour éviter l'effondrement de son secteur financier. Les contrats à terme, qui donnent une idée de la tendance de l'ouverture des marchés à 07H00 GMT, étaient en recul de 5% pour les Bourses de Paris et Francfort vers 07H00 GMT, et de 3% pour celle de Londres. L'euro faiblissait mais sans excès à 1,1081 dollar, après être passé sous les 1,10 dollar dans les échanges asiatiques, contre 1,1160 dollar en fin de semaine dernière à New York. Sur le marché obligataire secondaire, où s'échange la dette déjà émise des Etats, les taux des pays du sud de la zone euro, considérés comme les plus fragiles et les dominos suivants si la Grèce chute, se tendaient fortement, signe de la défiance des investisseurs. Le taux d'emprunt à 10 ans de la Grèce bondissait à 14,574%, au plus haut depuis fin 2012 (contre 10,845% vendredi à la clôture). Le taux à 10 ans de l'Espagne montait à 2,720% contre 2,150% vendredi à la clôture. Celui de l'Italie grimpait à 2,404% (contre 2,110%) et du Portugal à 3,059% (contre 2,6718%). En revanche, les dettes des pays les plus solides jouaient leur rôle traditionnel de valeur refuge pour les investisseurs: Le taux de l'Allemagne baissait à 0,738% (contre 0,922%) et à un degré moindre celui de la France à 1,198% (contre 1,297%). Alors que les marchés voulaient pourtant croire jusqu'à présent à une issue positive, comme le montrait la progression des indices la semaine dernière, les négociations entre Athènes et ses créanciers ont spectaculairement échoué samedi soir, laissant présager que la Grèce fera défaut de paiement cette semaine et risque de se retrouver éjectée de la zone euro à terme, relèvent les analystes. Le plan d'aide au pays va donc s'achever mardi 30 juin et la Grèce ne devrait pas être en mesure de rembourser une échéance de 1,5 milliard d'euros au FMI le même jour. "Les marchés ne sont pas préparés" à la sortie de la Grèce de la zone euro estimait dimanche dans un entretien au journal italien la Stampa Catherine Mann, la chef économiste de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). "Le désaccord entre la Grèce et ses créanciers, ainsi que la décision du gouvernement grec de mener un référendum sur les propositions de l'Eurogroupe (...) font que le risque de défaut est plus élevé que jamais", résument les stratégistes obligataires chez BNP Paribas. Dans la foulée, la Grèce a annoncé la fermeture des banques jusqu'au 6 juillet et l'instauration d'un contrôle des capitaux. La Bourse d'Athènes restera quant à elle fermée jusqu'au 7 juillet. Les responsables européens se veulent néanmoins rassurants, estimant que la zone euro pourrait surmonter une sortie de la Grèce. Les espoirs d'un accord de dernière minute n'ont toutefois pas entièrement disparu notamment parce que la Banque centrale européenne (BCE) a donné un répit à la Grèce en maintenant intact le plafond de fourniture de liquidités d'urgence aux banques grecques (prêts ELA), alors que beaucoup craignaient qu'elle ne leur coupe les vivres. De même les dirigeants européens tentent d'éviter la sortie de la Grèce de la zone euro, et certains d'entre eux assurent que la négociation "peut reprendre à tout moment". En outre, certains analystes, comme ceux de la banque suédois Nordea, estiment pour leur part que la possibilité d'un "Grexit" (éjection de la Grèce de la zone euro est prématurée, même si "l'horizon s'est encore assombri". "Lundi sera une journée volatile, mais nous ne nous attendons pas à une nouvelle crise financière", indiquent-ils. La zone euro a notamment mis en place de nombreux pare-feux et assaini les banques depuis la crise de la dette de 2010-2012, sans compter les outils à disposition de la BCE et notamment le programme de rachats d'actifs qui est en cours.