El hashachin», ces partisans du rigorisme religieux des temps anciens qui terrorisaient les caravaniers et obligeaient les califes de Baghdad à accepter des compromis honteux jusqu'à verser la dîme, sont de retour. Tous les chroniqueurs de l'époque ont rapporté l'extrême sauvagerie des éléments de cette secte qui ont semé la terreur au sein des populations en perpétrant des massacres de masse. Nous assistons aujourd'hui à la réapparition de ces mêmes méfaits dans le monde arabo-musulman, particulièrement en Syrie, en Irak et au Yémen. La secte des assassins est devenue Daech ou EI. Elle fait couler le sang des innocents et transforme en esclaves sexuelles des jeunes filles des minorités kurdes ou yazidies, au nom de l'islam. C'est une organisation criminelle bien structurée et surtout bien équipée en armement, elle dispose de moyens logistiques exceptionnels. Les Etats-Unis et certains pays du Golfe (via la Turquie) ne sont pas étrangers à cette vitalité de Daech, qui se joue des rivalités entre les puissances de ce monde pour s'installer et ensuite imposer son hégémonie sur les régions sous son contrôle. Pourtant, la principale force de Daech réside non pas uniquement dans sa force militaire, mais dans sa capacité à recruter des volontaires partout dans le monde à travers les réseaux sociaux. Par le biais d'internet seulement, des jeunes ont été endoctrinés et poussés à commettre des attentats sanglants, tels que celui de Charlie Hebdo en France ou, plus récemment, celui de Sousse, en Tunisie, ou celui de la mosquée chiite de Koweït City. En Algérie, le meurtre du randonneur français Hervé Gourdel a été commis au nom de Daech. L'organisation criminelle dispose d'un terreau dans notre pays, en ce sens où plusieurs mosquées et écoles coraniques, qui échappent au contrôle de l'Etat, se chargent de l'endoctrinement des jeunes garçons et jeunes filles. Nous avons une idée des ravages causés au sein de cette frange sensible de la population, notamment durant les années du FIS, aujourd'hui dissous. Affichant un pacifisme de façade, ce dernier avait déjà préparé les maquis pour le jour J. Les salafistes algériens ou ceux proches de l'idéologie wahhabite donnent, actuellement, l'impression de faire profil bas. En fait, ils s'activent en préparant la relève par l'enseignement religieux rigoriste importé du Moyen-Orient qui ne cadre pas avec les us et coutumes des pays du Maghreb, qui ont adopté depuis longtemps l'islam de la tolérance. Des chaînes de télévision privées ajoutent leur grain de sel en ouvrant leurs antennes à des prédicateurs illuminés. Face à ce danger de «l'islamisme rampant», l'Etat et la société civile ne disposent, hélas, que de peu de moyens.
