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Les conditions d'une sortie de crise garantie
Dr Mourad Goumiri. Président de l'Association des universitaires algériens pour la promotion des études de sécurité nationale - ASNA
Publié dans El Watan le 04 - 09 - 2015

Eterrer le projet de révision constitutionnelle(1) aurait été crédible pour le Pouvoir s'il n'avait pas utilisé ce procédé pour maintenir le Président elliptique en vue d'une troisième désignation élective, alors que la précédente Constitution ne prévoyait que deux mandats, telle que voulue par le président L. Zeroual(2).
Le comble du cynisme serait que le projet de révision de la Constitution de 2011 contiendrait un article qui rétablirait un maximum de deux mandats(3) ! La manœuvre de diversion apparaît donc au grand jour, ce que M. Hamrouche dénonce en déclarant que «les pratiques constitutionnelles à travers le monde démocratique montrent qu'un Président n'utilise qu'une seule fois ce droit». La deuxième explication rationnelle serait que tous les clans se soient entendus sur le nom du futur Président et qu'il ne reste plus que l'habillage constitutionnel pour procéder à une nouvelle désignation élective.
D'autant que l'histoire nous indique que la construction institutionnelle de notre pays a été copiée sur le modèle français qui est celui d'un régime présidentiel, intronisé par la cinquième République, elle-même assise sur les fondations d'un véritable coup d'Etat, fomenté en 1958 et renforcé via un référendum décidé en 1962 par le général de Gaulle(4). Une lecture rapide nous indique que le poste de président de la République (élu au suffrage universel direct, à deux tours) concentre pratiquement tous les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, monétaire et sécuritaire (recours à l'arme nucléaire) et ne laisse que des semblants de pouvoir aux autres contre-pouvoirs (Conseil constitutionnel, Premier ministre, Assemblées élues, Banque de France...).
L'«algérianisation» de ce modèle va se traduire, malheureusement, par un renforcement du pouvoir absolu du Président(5) et soumettre, voire effacer tous les contre-pouvoirs, même les plus insignifiants(6). C'est de là que provient l'importance de l'enjeu de l'élection présidentielle, puisqu'elle peut changer la nature de l'Etat du tout au tout, en fonction du titulaire du poste et de ses desiderata(7), sans toutefois changer la nature du Pouvoir.
En outre, contrairement à la France, génitrice du modèle, où le candidat à l'élection présidentielle est investi par le parti dans lequel il a gravi tous les échelons intermédiaires, en Algérie, le candidat est le fruit de tractations souterraines, entre les tenants du Pouvoir réel (civil et militaire), éliminant ainsi toute idée de compétition ou de choix populaire puisque l'on met en œuvre une pratique que je dénommerai de «désignation élective»(8). Cette forme électorale spécifique ôte au scrutin toute espèce de compétition politique construite sur un programme idéologique, soumis à la sanction populaire.
Dès lors que le résultat est négocié à l'avance sur des critères de népotisme, de clanisme, de régionalisme, de clientélisme, de rentes, de tribalisme et autres archaïsmes contenus dans l'histoire ancienne et récente de notre pays, tous les autres éléments d'appréciation deviennent folkloriques et sans impact sur le Pouvoir réel. Les répercussions économiques et sociales sont, bien entendu, directement liées à ce processus électoral, dans la mesure où les engagements électoraux ne se construisent pas sur un programme idéologique, politique, économique et social, mais sur le rapport de force du moment qui a présidé au choix préalable du candidat par le Pouvoir réel et sur la répartition des rentes qu'il procure.
Ainsi, le cas d'un scénario où le Président elliptique se maintient jusqu'au bout de son mandat (peu probable) n'est pas essentiel pour le Pouvoir, car ce qui est fondamental, c'est la perpétuation du système de gestion du pouvoir politique et des rentes subséquentes qu'il institue.
Il s'agit donc de toujours les consolider, en toute impunité et sans rendre de compte à quiconque, ad vitam aeternam ! Dès lors, le problème de la succession se résume à simplement trouver un consensus autour d'un candidat(9) qui perpétue le système, tout en garantissant l'immunité totale à tous les membres des clans, ce qui est une opération à très haut risque dans les mœurs politiques de notre pays. En effet, nous nous souvenons tous avoir assisté, à chaque changement présidentiel, à des «purges» menées par des janissaires chargés des basses besognes(10).
Aussi, le Pouvoir est allergique à l'alternance et impose le statu quo, tant que les équilibres précaires sociétaux le lui permettent. Seule une protestation intérieure généralisée(11) ou une injonction puissante venant de l'extérieur, ou la combinaison des deux, peut contraindre le Pouvoir à un changement systémique(12) ! Cette dernière possibilité a le désavantage de déboucher sur «l'inconnu politique», ce qui incite beaucoup de personnes (à l'intérieur et à l'extérieur) à la rejeter, dans la mesure où le chaos, en s'installant, peut ramener avec lui une autre tyrannie, pire que celle existante(13)…
Malheureusement, la persistance du Pouvoir à maintenir intact ce statu quo systémique conduira notre pays directement vers cette perspective nihiliste… le temps juste d'atteindre une masse critique d'insatisfactions des besoins sociaux, qui se feront certainement sentir de manière inversement proportionnelle à la chute des prix du pétrole.
Cette perspective est d'autant plus détestable que notre pays a déjà payé le prix fort de ce que d'aucuns appellent pudiquement la «décennie noire»(14) et qui s'est traduite par des changements sociétaux brutaux et des comportements nouveaux entre le Pouvoir et la société.
En effet, le «printemps arabe» algérien a commencé avec les émeutes d'Octobre 1988, il y a trente ans de cela et s'est prolongé avec la «décennie noire» des années 1990, annonciateur de ce qui se déroule sous nos yeux, actuellement, dans l'aire arabo-musulmane(15). Cette ébullition sociétale va transformer, qu'on le veille ou pas, l'exercice du pouvoir dans le monde et enregistrer des avancées non négligeables, certaines fois, dans les domaines du pluralisme politique, des libertés individuelles et collectives, des droits fondamentaux, de la liberté de la presse…
Il est également vrai que dans notre pays, le Pouvoir a très vite récupéré les quelques avancées démocratiques, arrachées de haute lutte, souvent sous des prétextes sécuritaires réels ou fictifs(16), en mettant en place des politiques de renforcement conséquent des moyens humains, matériels et financiers des institutions répressives (justice, services de sécurité, notamment).
A l'évidence, plus personne ne veut plus revivre ce cauchemar, tant le poids supporté par la population civile a été exorbitant(17). L'Algérie semble même avoir intériorisé toutes ses souffrances et ses meurtrissures, en attendant qu'un jour la «coupe» ne soit de nouveau pleine et qu'un autre ras-le-bol généralisé ne se transforme, une nouvelle fois, en émeute nationale.
Ces deux éléments conjugués peuvent expliquer valablement cette empathie populaire enregistrée dans notre pays, pour l'instant, d'autant que les joutes au sommet du sérail n'intéressent plus personne, sauf les janissaires impliqués. Mais à la moindre étincelle et à tout moment, la poudrière sociale, qui couve, peut exploser et remettre en cause la paix civile et donc le Pouvoir en entier !
Ajoutons à ces frustrations (dans l'aisance financière induite par l'augmentation substantielle mais temporaire des prix des hydrocarbures), que la manne financière rentière est dédiée partiellement à l'achat de la paix sociale(18), par la distribution de salaires indus(19) et de subventions inefficaces mais alimente également pour une large partie les rentes de situation (dont la corruption), ce qui nous amène allègrement à la quadrature du cercle.
L'accélération de l'histoire dans le monde entier et la remise en cause généralisée des systèmes autocratiques (Russie, Afrique, Asie) ne peuvent épargner notre pays, à l'heure où les réseaux sociaux bouleversent toutes les données des rapports entre les Etats et leur population. L'Algérie n'étant pas immunisée, elle y arrivera selon son horloge intérieure propre et son histoire ancestrale qui lui est spécifique.
Tout le problème réside dans le coût humain et social que nous sommes prêts à payer, en d'autres termes, quels sacrifices additionnels sommes-nous prêts à consentir ? Les schémas de lectures, de la situation de notre pays par les puissances occidentales, diffèrent catégoriquement de ceux que le Pouvoir tente de leur vendre(20).
En effet, très bien informés par leurs relais intérieurs et extérieurs, ces dernières recherchent, avant toute autre chose, la consolidation de leurs intérêts, axe central de leurs préoccupations, même si leurs intérêts entrent en contradiction avec les principes idéologiques qu'elles véhiculent en termes de libertés fondamentales, de droits humains, de liberté d'entreprendre… d'où leur pragmatisme gêné, sachant très bien que les systèmes autocratiques ne peuvent durer, au-delà d'un certain temps, avant qu'ils n'implosent et se transforment en une force hostile à leurs intérêts biens compris.
Aussi, souhaiteront-elles toujours promouvoir des politiques de transition «douces et accompagnées», compatibles avec leurs intérêts, plutôt que de se retrouver avec des ruptures révolutionnaires incontrôlables (à l'instar de l'Iran), productrices de situation chaotique et de déstabilisation régionale !
Ainsi, pour le cas algérien, se poser pour elles une question, après avoir évalué(21) et cautionné le risque du quatrième mandat du président(22) sortant : faut-il persister dans le statu quo actuel et préparer le choix du candidat remplaçant au terme du mandat, au risque d'être surpris par une déflagration sociale probable ou bien faut-il provoquer un changement dans l'ordre et la paix civile, avant terme, c'est-à-dire, dès 2016 ?
La solution théorique logique, qui tombe sous le sens, serait certainement une transition immédiate douce avec une candidature favorable à leurs intérêts biens compris, durables à moyen et long termes ! Mais à cette question, viennent se greffer quelques «détails» subsidiaires complexes, notamment le choix du candidat éligible qui diffère entre les différentes puissances qui comptent dans l'espace géopolitique de notre pays, à savoir hiérarchiquement les USA, la France et accessoirement les pétromonarchies du Golfe.
De même, que se pose le problème des garanties d'immunité totale et universelles(23) pour tous les membres du clan présidentiel, après la passation de pouvoir. L'expérience a démontré que dans notre pays, c'est la «pratique romaine» qui a toujours prévalu, ce qui s'est traduit par l'égorgement, par le clan du vainqueur, de tous les membres du clan des vaincus, jusqu'au dernier-né !
Enfin, le dernier «détail», c'est la réaction populaire, à ces scénarii, qui devra être examinée avec soin, car il n'est pas du tout évident que la voix de la vindicte populaire puisse être étouffée face à une autre «désignation élective», concoctée dans leurs laboratoires. Il est donc compréhensible que chaque prétendant, non avoué ni assumé, tente de s'installer dans le giron du clan au Pouvoir(24) qui lui, entre-temps, place ses pions sur l'échiquier(25) pour l'assaut final afin de toujours maintenir son avantage qualitatif, car en ces temps d'incertitude, la moindre erreur d'allégeance est fatale. Aussi, tant que n'est pas réglé le problème des garanties, nationales et internationales, d'immunité totale et immuable afin d'éviter tout procès sur la gestion passée(26) et présente du pays et de continuer à exercer un droit de regard sur celle future, le statu quo sera maintenu, dans cet équilibre instable.
Les oppositions, quant à elles, consolidées par la gestion politique catastrophique, doublée d'un déni d'existence, de la part du Pouvoir(27), maintiennent leur cap(28), délestée, en route, du MSP qui a fini de négocier la contrepartie de sa volte-face pour la prochaine désignation élective (ministres, ambassadeurs, walis, PGD, rentes diverses…). Le reste de la mouvance islamiste, après son échec prévisible d'une tentative d'union par le haut, cogite à l'instar du FJD d'A. Djaballah qui prétend pouvoir inviter, à nouveau, le Pouvoir à accepter «une transition négociée qui éviterait au pays tous les dangers». Elles envisagent, dès la rentrée sociale, qui s'annonce chaude politiquement et socialement, de lancer des initiatives citoyennes, en direction des classes moyennes, car elles n'attendent rien de constructif du Pouvoir.
Dans son discours à l'ouverture de l'université d'été du PT à Zeralda, la Passionaria poursuit sa mission, en s'attaquant, une nouvelle fois, à «l'oligarchie qui veut s'emparer de la décision politique»… car ajoute-elle, après la présidentielle de 2014, cette oligarchie a «commencé à nommer des ministres, des walis, des chefs de daïra(29)» et avait pour ambition de «caporaliser la vie politique… pour s'emparer de la décision politique». En outre, elle rappelle à tous que les dossiers passés peuvent être rouverts(30) et sera confortée par la manifestation des GLD cette semaine.
Quant aux deux partis tirelires (le couple FLN-RND), ils se livrent un combat d'arrière-garde, qui n'a rien à voir avec une guerre partisane d'idées ni de vision stratégique, maintenant que le projet d'alliance présidentielle est au congélateur. Seule une bataille clanique, entièrement vouée aux ambitions présidentielles inavouées et non assumée de leurs deux responsables temporaires, agite leurs appareils. «Les jeux sont faits rien ne va plus», dit-on dans la «boulitique casino» de notre pays. Que nous réserve donc cette rentrée sociale ?
(à suivre)


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