Qu'ils soient à Toronto ou à Souk Ahras, à Alger, à Paris ou à Washington… les Bendiffallah ont la littérature dans le sang. L'inné chez cette grande famille d'intellectuels s'accommode confortablement avec un sens aiguisé de la recherche académique et/ou artistique et de la quête inassouvie de l'authentique, du réel… du beau. Dey, cet ingénieur-agronome qui enseignait à l'ITA de Mostaganem avant de s'exiler en France en 1992, ne connait pas de limites s'agissant d'efforts et de création. L'enseignant qu'il était n'éprouva aucune difficulté pour investir la technologie informaticienne et s'imposer avec brio au milieu des illustres boites-élites du pays d'accueil. Du logiciel, il disputera le verbe aux écrivains de notre temps et éditera une série de nouvelles où l'écrivain se confond à l'universitaire épris de liberté d'expression, d'idées novatrices, de reconnaissance identitaire, révolté contre les faux dévots, l'alliance conservo-monolithique, l'instrumentalisation des constantes et les idées surannées. Son œuvre Le Minaret ensanglanté est un livre-témoin de la décennie noire où il voyait comme beaucoup d'intellectuels de son époque, l'Algérie basculer vers l'abîme intégriste. C'était la décennie des carnages et de l'avenir incertain. L'importance que revêt l'œuvre dont les péripéties relate des faits d'un passé récent, n'est en fait qu'un prologue à un roman fleuve dont l'épilogue est signé depuis peu à Damas en Syrie et à Syrte en Libye. Là, Dey Bendifallah dispute le littéraire au visionnaire. Rencontré récemment lors de la vente-dédicace du livre, Dey Bendifallah, n'a pas caché sa sympathie à l'adresse d'El Watan ni à ces étudiants et intellectuels venus à sa rencontre à la bibliothèque centrale Ali Maameria de Souk Ahras. La bonhomie de l'homme, sa sincérité et le sourire affable n'arrivent pas dissimuler la sagacité du chercheur-penseur ni ce regard à la fois scrutateur et pensif où l'âme de l'Algérien s'exprime en codes lisibles pour forcer les carcans de la solitude de l'intellectuel face aux renégats de la foi, aux dépositaires de la morale théocratique, aux partisans d'une culture à connotation ségrégative, aux arrivismes et à toutes ces tares provoquées pour mieux gérer l'illusoire.