La présente assemblée souffre indéniablement d'un déficit en légitimité. Dans cette situation, un élu honnête est tenu d'opter pour l'une des deux démarches suivantes : Démissionner pour affirmer son attachement aux principes démocratiques ou agir véritablement pour changer les conditions qui ont conduit à cette situation caractérisée par l'existence de deux mondes : un pouvoir qui baigne dans l'autosatisfaction, le peuple qui vit dans l'insatisfaction permanente. Le nouvel élu sait que la situation actuelle nécessite des changements aussi bien sur le plan politique que sur les plans économique et social. Aucun secteur ne présente un profil positif satisfaisant, acceptable. La disponibilité de l'argent a permis le lancement d'un plan de relance ambitieux, mais cette disponibilité oriente le pays vers deux erreurs qui fragilisent les structures économiques de l'Algérie et met en danger l'avenir du pays par l'accentuation d'une double dépendance structurelle vis-à-vis de l'extérieur. En effet, l'économie algérienne est atteinte du syndrome hollandais, un mal qui caractérise une économie totalement dépendante de la seule ressource provenant des ventes des hydrocarbures entraînant, de ce fait, une destructuration de l'ensemble des autres secteurs. Une autre conséquence de la disponibilité de l'argent se traduit par une augmentation inconsidérée et injustifiée des importations, qui concernent essentiellement la consommation et non les équipements de production. En quelques années les importations sont passées de 11 à 36 milliards de dollars (estimation faite par les services du FMI pour 2007). L'Algérie est le pays du MEDA qui exporte le moins (en dehors des hydrocarbures) et qui importe le plus. En d'autre termes, nous dilapidons notre richesse par la mauvaise gestion des projets, la corruption et les importations inutiles. Le tout aggravé par une mauvaise répartition des richesses. Comment arrêter cette dégénérescence ? Le nouvel élu peut agir vite sur les dossiers qui sont importants, mais qui n'ont jamais été traités par l'assemblée. 1 Demander un bilan sur l'utilisation du fonds de régulation et exiger son intégration dans le budget de l'etat. 2 Refuser de valider des lois de finances basées sur un prix du baril irréel et non accompagnées du bilan de l'exercice précédent et du rapport annuel de la cour des comptes sur les opportunités des dépenses, leur comparaison avec les normes internationales et une appréciation de leur efficacité. 3 Constituer des commissions d'évaluation sur la distribution des logements, les critères utilisés, la qualité des bénéficiaires réels. Nous savons tous que des gens vont s'enrichir sur le dos du citoyen, en revendant des logements sans que leurs noms n'apparaissent nulle part. 4 Faire appel à des compétences nationales (exerçant en Algérie ou à l'extérieur) pour dresser un bilan sur le système éducatif, proposer des solutions en vue de renforcer son efficacité, son adaptation et la crédibilité des diplômes. 5 Exiger de l'exécutif de proposer les voies et les moyens pour réhabiliter le savoir et les compétences dans la gestion des carrières professionnelles dans les services de l'etat. 6 Organiser une session spéciale pour la définition d'un plan de développement, après avoir consulté l'ensemble des compétences du pays et des professionnels. 7 Exiger de l'exécutif de présenter un plan d'action en vue de promouvoir la création d'emplois réels et valorisants et non pas des emplois fictifs qui vont briser l'avenir des jeunes en ne leur donnant aucune formation ou spécialisation, mais une occupation sans aucun intérêt ni pour les jeunes ni pour la société 8 Exiger un bilan semestriel de l'exécutif avec des chiffres et des résultats concrets, réels, vérifiables par les élus et par wilaya, pas de place pour l'autosatisfaction et la démagogie, ils ne font pas vivre les citoyens, mais permettent à des démagogues de perdurer dans le pouvoir. L'évaluation devra se faire selon les standards et les indicateurs internationaux. 9 Exiger de l'exécutif la proposition d'une refonte globale du système de gestion actuelle. La régionalisation ( voir système espagnol ou allemand) pour redéfinir les secteurs à développer par région, en fonction des spécificités de chaque région et créer ainsi une émulation entre régions et entamer la décentralisation du pouvoir. Sans la décentralisation du pouvoir, il est pratiquement impossible d'aller vers plus de démocratie et plus d'efficacité des institutions. 10 Demander un audit sur le fonctionnement de Sonatrach, son budget, comparer ses ratios de gestion et notamment, des dépenses par rapport aux entreprises internationales de même activité.Dans le cas où notre nouvel élu ne veut pas ou ne peut pas agir, il serait plus honnête de partir pour ne pas cautionner cet état de fait, c'est dans l'intérêt du pays, c'est aussi une question d'honneur. L'auteur est Economiste