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L'Afrique au bord du lac Léman
Geneve. Salon du livre et de la presse
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2008

Après l'Algérie l'an dernier, c'est l'Egypte qui est l'invité d'honneur de cettte manifestation.
Le printemps est enfin là à Genève en ce jeudi 1er mai : soleil, douceur, verdure éclatante. Si la Suisse ne célèbre pas la Fête des travailleurs, ce jeudi n'en est pas moins férié car il coïncide avec l'Ascension. La ville semble se réveiller brutalement d'un hiver qui a joué les prolongations, alors que partout les préparatifs du prochain Euro de foot — que le pays co-organise avec l'Autriche en juin prochain — battent leur plein. Aussi, en bordure du fameux lac et de son jet d'eau monumental, s'alignent soigneusement les palaces et les établissements financiers. La rumeur du monde ne semble pas parvenir jusqu'ici. Voire. D'abord les commentateurs spéculent sur les chances de l'équipe nationale de football : oui ou non, la Suisse a-t-elle une chance, sinon de gagner le titre, au moins de passer le premier tour ? Et puis il y a le cas Roger Federer. Le numéro un mondial de tennis, natif de Bâle et fierté nationale, ne gagne plus depuis six mois et vient encore de se faire battre par son grand rival, l'Espagnol Rafael Nadal en finale du tournoi de Monte Carlo. Enfin, toutes les conversations tournent autour de la crise mondiale des subprimes et des divers scandales financiers des derniers mois qui sont venus perturber la sérénité hélvétique, dont le nerf de la guerre demeure l'éternel secret bancaire. Mais Genève, contrairement aux idées reçues est une ville ouverte. Cossue, mais vivante. Les multiples sièges d'institutions internationales — dont celui des Nations unies — ont apporté avec eux une population bigarrée où toutes les nationalités et les langues se retrouvent. Les manifestations culturelles ne manquent pas alors. Au nord-est de la ville, à 15 minutes du centre ville, le Geneva Palexpo — un vaste complexe d'exposition connecté à l'aéroport international de Genève — abrite le 22e Salon international du livre et de la presse. Fondé en 1987 par l'éditeur Pierre-Marce Favre qui préside toujours aux destinées de la manifestation à travers la Fondation pour l'écrit, il s'agit du plus grand événement culturel suisse. En 5 jours, plus de 100 000 personnes se pressent dans la grande halle, avides de lecture et fortes d'un pouvoir d'achat bien supérieur aux autres pays européens pour découvrir l'ensemble de la presse et de l'édition de la suisse romande, donc publiant des ouvrages en langue française. Mais le succès du Salon est tel, qu'il est devenu aussi un enjeu pour l'édition française qui est présente en force : Actes Sud, Gallimard, Hachette, le Seuil,… Chaque année le Salon met en avant un pays. En 2006, l'Algérie avait été l'invité d'honneur. Cette année l'Egypte. A l'entrée de la grande halle abritant la manifestation, un pavillon de plus de 500m2 célèbre ainsi la terre des Pharaons et du Nil : diaporama géant projetant l'histoire millénaire du pays, exposition d'ouvrages en arabe et en traductions anglaises et françaises, espace enfin de débat pour les innombrables rencontres programmées sur des sujets, tels que « La femme et la culture arabe », « Naguib Mahfouz et l'évolution du roman arabe », « Le cinéma égyptien », « La traduction et le dialogue des civilisations »,…
« On ne doit pas avoir peur »
Parallèlement à ce pavillon, le salon abrite une grande exposition consacrée aux « Trésors des Pharaons » et qui retrace l'histoire des rois égyptiens des XVIIIe et XIXe dynasties, Ramsès II, Akhénaton, Néfertiti, Toutankhamon,… Les écrivains Edward el Kharrat -—auteur de Alexandrie, terre de safran — et Baha Taher (récent lauréat de la 1re édition du Arab Booker Prize), la philosophe Mona Tolba (traductrice de Derrida), et bien d'autres ont animé des débats riches ,quoique parfois attendus. Mais manquaient deux figures : Sonallah Ibrahim, qui depuis son coup d'éclat en 2003, lorsqu'il refusa le Prix du Caire décerné par le ministère de la Culture, mène une guerre sourde aux institutions ; Alaa Aswany, l'auteur du best seller mondial L'Immeuble Yacoubian. Deux poils à gratter, membres du groupe Kefaya qui font du bien par leur opposition têtue et leur refus des honneurs et que nul ne peut contester, tant leur aura et leur talent font autorité. Mais Alaâ Aswany était bien présent, invité par le Salon africain du livre, espace dédié à l'Afrique et dont c'était la 5e édition. Initié en 2004 par la Fondation pour l'écrit, il a le souci de mettre en valeur la production de livres relatifs au continent Noir. Près de 4000 titres sont ainsi référencés sur la librairie africaine qui réalise paradoxalement un des plus important, chiffres d'affaire du Salon. A côté de la librairie un espace d'exposition de photographie et un lieu pour les débats. C'est là, où se sont succédé tables rondes, interventions et débats sur le thème générique de « Afrique, comment ça va ? ». La riche programmation, concoctée par l'éditrice Isabelle Bourgueil, est lancée par un hommage à Aimé Césaire et la remise du Prix Ahmadou Kourouma — un prix crée par le salon africain dès sa naissance — à l'écrivain tchadien Nimrod pour son dernier roman Le Bal des princes (Actes sud, 2008) d'un montant de 5000 Francs suisses (3500 euros). Grand, longiligne, portant de fines lunettes cerclées, brillant, Nimrod explore les tourments métaphysiques de l'exil pour un intellectuel africain de retour sur sa terre natale. Il y a aussi Wilfried Nsondé, écrivain franco-congolais, récompensé du prix des Cinq continents pour son premier roman Le cœur des enfants léopards (Actes Sud 2007). La petite quarantaine avec un visage juvénile, une allure de boxeur, joyeux et détendu N'sondé est avant tout chanteur à Berlin où il vit depuis plus de 15 ans. Les débats s'enchaînent sur des sujets divers comme « L'Afrique est résolument moderne ! », « Rapports France-Afrique : à la lumière du discours de Dakar de Sarkozy et de l'affaire de l'arche de Zoé », « La coédition solidaire », « La femme, la religion et la mort » avec la Rwandaise Scholastique Mukasonga, auteure en 2008 de La femme aux pieds nus paru chez Gallimard dans la collection problématique « Continents noirs » et qui fait résonner son énergie face au Soudanais, Jamal Mahjoub. Ce dernier intervient tard, le vendredi 2 mai en nocturne, dans une discussion intime, intimidante et intelligente avec son éditeur français. La vie de Mahjoub est un roman. L'auteur du Télescope de Rachid dont l'histoire débute au XVIe siècle à Alger (Acte Sud) est né à Londres en 1960 d'un père soudanais et d'une mère anglo-allemande. Il grandit à Khartoum puis rejoint l'Angleterre pour des études supérieures en géologie. Les aléas de la vie le mènent en France puis au Danemark, et enfin à Barcelone où il réside actuellement. En plus de l'arabe et de l'anglais qui est sa langue d'écriture, il parle couramment le danois, l'espagnol et maîtrise suffisamment le français pour intervenir dans un débat public ! Son œuvre (six romans traduits en plusieurs langues) revient de façon obsessionnelle sur ses racines et interroge, avec un bonheur d'écriture renouvelé, l'histoire du soudan au 20e siècle. Jamal Mahjoub est au carrefour aussi des identités, arabe à Londres et Copenhague, anglais à Khartoum, africain à Genève. Peut-être que personne mieux que lui n'incarne cette dimension métisse et polysémique de la littérature africaine. Entre errance et interrogationinquiètes des origines. Genève, lundi 5 mai : au matin, sous une lumière calme et assurée, niché au cœur de la ville et bien loin de la fureur du salon, voici le paisible cimetière des Rois. A égale distance de la tombe de Jean Calvin (le grand réformateur de l'Eglise catholique mort en 1564) et de celle de Sergio Vieira de Mello (l'Envoyé spécial des Nations unies en Iraq, mort dans un attentat à Bagdad en 2003), se trouve la tombe n°735, celle de Jorge Luis Borgès qui, les dernières années de sa vie, fut un ardent Genevois : une simple pierre mal équarrie posée verticalement au devant d'un parterre de plantes. Sur la pierre, un bas-relief orné d'un bateau viking surplombe une inscription en vieil anglais : And Ne Forhtedan Na (On ne doit pas avoir peur). C'est terriblement émouvant. Mais de quoi ne devrions-nous pas avoir peur ? De l'Afrique ? De nous-mêmes ? Peut-être bien.


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