Ce n'est, évidemment, pas l'ingénieuse troupe andalouse, Mezghenna, de Kamel Belkhodja, qui a manqué d'inspiration ou de savoir-faire lors de son passage, jeudi dernier, à la salle Ibn Khaldoun, à Alger, à l'invitation de l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger. Rangés en ordre de bataille, les lieutenants de cette grande figure de la musique andalouse et du Chaâbi aussi, qui laissé de côté, un moment, son violon pour manier le chœur musical du haut de la scène, ont bien réussi leur récital en exécutant une Nouba Zidane de haute facture devant un public on ne peut plus connaisseur. Mais au-delà de l'accoutrement citadin de ces jeunes et moins jeunes interprètes et musiciens, et la riche instrumentalisation dont ils s'en étaient servis tout au long du spectacle, c'est presque un sentiment de lassitude qui se prend du spectateur plus ou moins émoussé par un art, certes prestigieux, mais qui perd de sa superbe au fil du temps. Ce n'est, sûrement, pas ici que l'on s'étalerait sur les origines de cette « déchéance » éthique tellement les causes sont nombreuses et souvent complexes mais force est d'admettre qu'à force de déjà vu et écouté, ce riche patrimoine musical s'effilocherait dans les méandres d'une indifférence qui est déjà là. C'est bien beau la Nouba mais c'est encore plus beau si ses parrains viendraient à la mieux habiller, de façon à lui donner plus de lueurs et de couleurs, en se fichant de la réaction de ceux qui se sont érigés, à tort, en gardiens du « temple andalou » qui ne jurent que par la préservation hermétique hostile à toute expression nouvelle.