La sortie du tunnel passe impérativement par un sursaut national salvateur et l'urgence d'un dialogue inclusif fondé sur une « culture de la paix et de tolérance » et un engagement résolu de tous les acteurs politiques. Cette démarche rassembleuse se prévaut des gages d'ouverture, adressés à la veille de l'arrivée de Ban Ki-moon. Elle porte notamment sur la remise en liberté de 2.000 détenus, l'annulation des mandats d'arrêt internationaux lancés contre 15 personnalités dont plusieurs leaders de l'opposition en exil et l'autorisation accordée à 2 radios privées pour réémettre. La remise sur les rails du processus de paix est également confortée par le retour à la table des négociations. Des rencontres « sincères et productives » ont ainsi regroupé le secrétaire général de l'ONU avec le chef du parti au pouvoir, le président des Forces nationales de libération (FNL) et vice-président de l'Assemblée nationale, Agathon Rwasa, et les représentants de l'opposition (Front pour la démocratie du Burundi (Frodebu) et l'Union pour le progrès national (Uprona) et des membres de la société civile. Il s'agit fondamentalement de participer à la capitalisation des dividendes de la paix et de la réconciliation acquises à la faveur de la conclusion de l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi (AAPRB), en août 2000, et des accords de cessez-le-feu. La mission de la dernière chance pourra-t-elle conjurer les vieux démons de la guerre civile tant redoutée par la population burundaise appauvrie et forcée à l'exil (24.000 réfugiés dans les pays voisins) ? L'espoir est de retour. Il concrétise une volonté partagée de s'engager dans la voie du dialogue solennellement exprimée par le pouvoir et les leaders de l'opposition de nature à permettre un retour rapide à la table des négociations que « rien ne les empêche de continuer dans cette voie », selon le chef de l'ONU, promettant d'être aux côtés du gouvernement burundais pour soutenir toutes les initiatives visant à accélérer le dialogue politique et à trouver des réponses durables aux défis sécuritaires. La main tendue contribue à la « décrispation », évoquée par le président de l'Uprona, Charles Nditijdé, néanmoins compromise par les accusations de déstabilisation adressées par Bujumbura aux « fauteurs de guerre ». Les deux journées sanglantes, qui ont précédé et coïncidé avec l'arrivée de Ban Ki-moon, traduisent l'exacerbation des tensions politiques. « La plupart de ces grenades ont explosé dans des endroits déserts, ce qui démontre que ces criminels veulent seulement montrer au secrétaire général de l'ONU qu'il n'y a pas de sécurité, alors que tout est sous contrôle », a déclaré un haut gradé de la police qui s'exprimait sur les dernières attaques à la grenade (10) lancées dans les nuits de lundi et mardi dans les quartiers de Mutakura (nord-ouest) et de Musaga (sud-est). De fait, la relance d'un « processus politique crédible » est conditionnée par l'exclusion des auteurs des « actes de déstabilisation », prononcée par le président burundais qui se fonde sur la résolution onusienne, adoptée en novembre 2015, demandant au gouvernement à dialoguer avec tous les partenaires « pacifiques » de l'intérieur et de l'extérieur. Cette question suscite, selon Bujumbura, une implication onusienne pour permettre une normalisation des relations avec le Rwanda accusé de pratiquer « un mauvais voisinage ». Sur les traces du secrétaire général de l'ONU, quittant le Burundi pour se rendre en République démocratique du Congo voisine, deuxième étape de sa tournée africaine, les 5 chefs d'Etat mandatés par l'Union africaine prendront, dès ce week-end, le relais pour contribuer à la consolidation du dialogue et de la réconciliation burundaise.